CHANGBIN.

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- Si tu savais depuis combien de temps j'attends ce moment. 

- Pourquoi tu fais ça ?

Je recule au fur et à mesure qu'il avance. Je cache les tremblements de mes mains en les mettant derrière mon dos. Haesung me fusille du regard. 

- Ça fait des jours et des nuits que tu restes dans mes pensées Han Jisung. 

Un frisson de dégoût me traverse. 

- J'ai eu du mal à lui voler son téléphone. Heureusement que j'ai eu une aide extérieure, voire deux. 

- Pardon ?

- Tout d'abord ta sœur. C'est elle qui m'a passé ton numéro. Enfin, j'ai juste pris son téléphone pour noter ton numéro. Et après... tu dois connaître Minho ?

- Oui ?

- C'est lui qui m'a donné quelques petits renseignements sur Chan. Je n'allais pas me faire griller dès le début. 

Minho ? Mais pourquoi ? 

- Ne sois pas choqué Jisung. 

Non, non, je vais rire, tiens. 

- Qu'est-ce que tu me veux exactement ? 

- Que tu viennes avec moi. 

- Je suis désolé mais ça ne va pas être possible. 

- Pourquoi ?

- De un, je n'ai pas envie, et de deux, je ne veux pas te suivre. 

- Jisung... 

- Ne m'appelle pas comme ça. Et dégage de ma chambre !

Haesung avance d'un pas. Et moi de trois, mon dos effleure mon rideau. Une idée me traverse l'esprit. Je peux toujours m'enfuir par la fenêtre, ce n'est pas très haut et me réfugier chez Changbin. 
Je ramène les manches de mon pull sur mes mains pour les couvrir entièrement. 

- Tu n'as nul part où t'enfuir Jisung

Je fais volte-face pour tirer rapidement mon rideau et ouvrir ma fenêtre. 

- PUT-... 

Je pose à peine un pied qu'une détonation explose à mes oreilles et qu'une impact fissure ma vitre. Des morceaux de verre sont tombés à mes pieds et j'ai crié de surprise. Haesung me mettait en joue avec son pistolet, fermement emprisonné entre ses deux mains. 
En regardant à nouveau ma fenêtre, j'ai compris que j'avais failli y passer. Haesung s'avance vers moi et me tire le bras si fort que j'ai cru qu'il allait me l'arracher. Le canon de son arme se pose sur ma tempe et je me fige, paralysé. Haesung se penche vers mon oreille. Je sens son souffle sur le côté de mon visage et me retiens de pleurer. 

- Et maintenant, Jisung, tu vas me suivre.  M'intima-t-il sèchement. 

Haesung me pousse violemment vers l'avant sans me lâcher et nous sortons de ma chambre. Je n'arrive plus à penser logiquement. Si je bouge trop, il va me descendre. Et si je ne bouge pas, ça sera pareil. 
Nous traversons le couloir d'un pas rapide puis la cuisine. Je cherche des yeux n'importe quoi qui puisse me sauver mais je ne trouve rien. Haesung va juste accélérer le terrible sort de ma maladie en m'exposant au soleil. 

Puis la porte d'entrée s'est ouverte sous nos yeux et j'ai repris espoir. 

Haesung s'arrête et enfonce carrément le canon de son arme sur ma tempe. Je plisse les yeux mais je parviens quand même à voir Changbin. 

- Tu restes là-bas toi ! 

Je vois Changbin qui reste figé au seuil de la porte puis son regard change du tout au tout : il est devenu ténébreux. 

- T'es qui ?

- Bouge de la porte et ne t'approche pas. Sinon je lui tire dessus. 

- Si tu veux qu'il reste longtemps avec toi, je te conseillerai de le laisser ici. 

- Ferme ta gueule. 

- C'est pas gentil. 

- Te fous pas de moi petit enfoiré et bouge de là, je vais pas le répéter. 

Cette fois, Haesung pointe son arme vers Changbin et mon sang ne fait qu'un tour. Il est hors de question qu'il lui tire dessus. 

Je le tuerai s'il fait ça. 

- Lâche Jisung. Et je partirai. 

- Non. 

Du coin de l'œil, je regarde l'arme de mon agresseur et mes mains agissent d'elles-mêmes : je lui arrache l'arme et la jette de toutes mes forces plus loin. Je n'hésite pas une seconde à repousser Haesung en arrière (il est d'ailleurs tombé sur le dos). Mes mains sont bien à l'abri sous les manches de mon pull, je mets rapidement ma capuche et je rejoins Changbin en courant. Nous n'avons pas le temps de fermer la porte et nous courons jusqu'à chez lui. Je me suis caché le visage avec mon bras mais je doute que ça bloque les rayons nocifs du soleil, je sens déjà ma peau chauffer. Je ne sais pas si c'est agréable ou pas, c'est la première fois que je suis "exposé" au soleil. Je ne sais pas dans quelle direction mes pieds vont mais j'ouvre peu les yeux afin de n'avoir aucun problème oculaire. 

Je suis enfin dehors, en pleine journée. 

La main de Changbin s'est resserrée sur la mienne et je m'autorise quelques instants à le regarder de dos. Une gêne s'installe dans mes yeux mais je m'en fiche. Je ne me lasserai pas de regarder Changbin. 

Puis un coup de feu est partit. 

Je me souviens être tombé avec Changbin sur le goudron. 

Je me souviens qu'il a hurlé, hurlé de douleur. 

Et je me souviens que la vue du sang s'est gravée à jamais dans mon esprit. 

𝗰𝗼𝘀𝗺𝗼𝗻𝗮𝘂𝘁 ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ ᵇⁱⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant