NE JAMAIS CÉDER À LA PANIQUE

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À cause de l'accident d'avant-hier soir, je n'ai pas revu Changbin et quelques heures après qu'il a mis son faisceau de lumière dans mes yeux, je voyais trouble. Nous étions restés sans rien dire et je crois bien que je n'ai jamais eu aussi mal aux yeux de toute ma vie. J'ai tenté de rassurer Changbin en lui disant que ce n'était pas si grave que ça et que je verrai flou un certain temps. Comme je fais de la photophobie, je suis extrêmement sensible à la lumière et je dois, la plupart du temps, porter des lunettes anti-UV ou antireflets. Et avant-hier soir, c'est aussi le moment où j'ai révélé à Changbin ma maladie. 

- Mais si tu sortais en pleine journée, sans protection, ça te ferait quoi exactement ? avait-il demandé en serrant ma main dans la sienne

- J'aurai des coups de soleil très sévères, en plus les brûlures cicatrisent très mal. Un cancer cutané peut intervenir, des lésions oculaires qui me rendraient aveugle et pour finir une espérance de vie beaucoup réduite. Bref, je peux en mourir assez facilement. 

Changbin m'avait regardé tristement, peut-être ressentait-il de la pitié pour moi ? Je n'aime pas qu'on en ait pour moi, je ne suis pas si fragile que ça. J'ai regardé Changbin et ce seul regard, j'espérais qu'il y comprenne que ce n'était pas de sa faute si j'étais comme ça, que c'était ça la vie. 

Je continue d'apprendre mes cours pour ne pas les oublier et à chaque fois que je vais dans la cuisine pour manger ou dans le salon, mes parents me lancent un regard inquiet. C'est vrai qu'en ce moment, je reste souvent enfermé dans ma chambre, soit à rester allongé sur mon lit ou bien à lire des œuvres. Je ne prends pas le risque de sortir la nuit et j'ai peu à peu cessé d'envoyer des messages à Changbin, j'ai besoin de prendre des distances. Je n'arrête pas de penser au rêve de l'autre jour et ça me ronge de l'intérieur. Changbin m'avait dit que si des sentiments se développaient, qu'on stopperait le flirt. Mais ensuite ? Il ne m'avait rien dit de plus, alors je ne sais pas à quoi m'attendre. Et s'il m'abandonnait ? Et s'il avait trouvé quelqu'un d'autre avec qui flirter ? 

Je me faisais du mal à moi-même en y pensant. Ça me blessait de penser que Changbin pourrait vite se lasser de moi. Je vois bien dans son regard qu'il ne ressent pas la même chose que moi je ressens pour lui, et ça me fissure le cœur. 

Plic... 

Ce bruit me sort de mes pensées et je réalise que je suis en train de pleurer sur mon cahier de cours de mathématiques. 

Montrer que la f__tion f définie sur  |R ___ f(x) = e[x] - 1 divisé par  e[x] + 1 est im___re. 

J'écarte mon cahier hors de portée de mes larmes et j'éclate en sanglots silencieux. Il fallait que je parle à quelqu'un de Changbin. Si je gardais tout pour moi, j'allais m'auto-détruire. 
J'ai suffisamment été seul durant toute ma vie, ce n'était pas la peine que je me fasse un ami  pour qu'il m'abandonne presque du jour au lendemain. Je ressens des fourmillements dans mes mains et une sensation d'étouffement. Mon rythme cardiaque s'accélère brusquement. 

Je fais une crise de panique.

J'inspire alors profondément, en fermant les yeux, je compte sur mes doigts aléatoirement. Puis je bloque ma respirant pendant trois secondes. Je pense à des choses qui me rendent heureux. Même mon dermatologue, que je vois plusieurs fois par an, m'avait conseillé de penser à des souvenirs apaisants quand je faisais des crises de panique. Je m'imagine dans un souvenir en train fêter mon anniversaire alors que je suis alors assez petit : je souffle doucement sur les minuscules flammes des bougies, sur la gâteau à la fraise, pour les éteindre et je reprends mon calme. 
Tout comme ma crise de panique actuelle qui diminue progressivement. 

𝗰𝗼𝘀𝗺𝗼𝗻𝗮𝘂𝘁 ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ ᵇⁱⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant