Voir Paris - 7

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 Comme promis, à la fin de l'après-midi, le ballon était réparé.

— Je vous ramène à Anvers et je reviens ensuite à Paris, annonça le capitaine. Je ne peux pas laisser Théo seul ici.

— On reste aussi, alors, objecta Sabine.

— Non. Son rétablissement prendra plusieurs semaines. À Anvers, vous pourrez trouver du travail sur d'autres ballons ou à la station, et vous serez chez vous. Considérez-vous comme libérés de vos obligations envers le Wolnosc.

— Mais cap'taine...

— Pas de mais. C'est un ordre. On se retrouvera plus tard, quand Théo sera sur pied.

L'équipage ne broncha pas. Ils auraient voulu rester, mais il avait raison : ils avaient besoin de manger et pour cela, de travailler. Or, sans capitaine ni second, le Wolnosc ne décollerait pas avant un bout de temps.

Ils appareillèrent avant la tombée de la nuit. Aloysia prit la place du second à regret car survoler la capitale française n'était pas chose aisée. Dirigeables commerciaux, de voyageurs ou de tourisme, ballons publicitaires, le ciel était plutôt encombré. Les lumières de la ville devinrent de petits points sous leurs pieds à mesure qu'ils s'élevaient, les toits des bâtiments des formes abstraites. Ils mirent le cap vers le nord, la Belgique et Anvers. Le vol se passa dans le silence jusqu'à ce que le capitaine ne se saisisse de la radio pour informer la capitainerie qu'il cherchait un point d'attache de longue durée. Les plateformes dévolues aux réparations ou au garage permanent d'un vaisseau étaient à l'extrémité de la zone d'échange car, contrairement aux autres points d'amarrage, elle permettait l'entretien en cale sèche. Les quais étaient déserts lorsqu'ils y posèrent pied.

— Repartez à Paris par le premier vol, lui dit Sabine. Jan et moi on va s'occuper de mettre le Wolnosc au repos.

— Toute façon, n'a d'l'entetien à faire, ajouta le mécanicien.

Aloysia le serra dans ses bras.

— Prenez soin de Théo, lui recommanda-t-elle. Et revenez tous les deux le plus vite possible.

— Et donnez des nouvelles, renchérit Sabine.

— Promis.

Sabine aussi fit preuve de familiarité en le serrant dans ses bras. C'était la première fois qu'ils seraient séparés si longtemps. Jan se contenta d'une bourrade dans le dos, tout aussi affectueuse. Son bagage à l'épaule, le capitaine se dirigea vers le guichet d'embarquement des passagers. Un ballon commercial était prêt à partir pour Paris, sans attendre l'aube et le capitaine était prêt à prendre un passager. Mariusz le connaissait, il savait qu'il transportait souvent des diamants bruts vers les ateliers de luxe parisiens, d'où le vol de nuit.

Il était de retour à Paris aux premières lueurs du jour.

A bord du LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant