Guillaume se réveilla le lendemain matin vers onze et fut étonné de ne pas voir Aurélien en se tournant vers son tapis de sol près du mur. Il décida de se lever et d'aller s'acheter une barre de céréales au distributeur automatique dans le hall de l'internat au rez-de-chaussée. Ils avaient le droit de sortir de leurs chambres, leur avait dit leurs professeurs. Seulement, ils devaient éviter au maximum de sortir pour rien. Ils avaient le droit de sortir pour prendre une douche, faire un peu d'exercice physique en marchant dans les couloirs, répondre aux appels de leurs parents, aller chercher un livre à la bibliothèque... Mais pas beaucoup plus que ça. Guillaume décida que cette courte sortie serait son exercice physique de la journée. Il enfila un sweat noir par-dessus son pyjama et sortit de sa chambre, direction les escaliers menant au rez-de-chaussée.
***
Lorsqu'il arriva dans le hall d'entrée du lycée, Guillaume se dirigea vers le distributeur et fut étonné de voir Aurélien au téléphone près de ce dernier. Il s'approcha de lui sans faire de bruit, insérant sa pièce de monnaie dans la machine après avoir indiqué ce qu'il voulait, et tendit l'oreille afin d'écouter ce que le plus jeune disait à la personne à l'autre bout du fil. Cependant, Aurélien ne disait rien et il remarqua à quel point il avait l'air abattu, acquiesçant seulement de temps en temps, avant qu'il ne l'entende bredouiller d'une petite voix :
« D'accord, maman. Oui, je vais faire attention, ne vous inquiétez pas... Je vais essayer de me débrouiller, en attendant... Vous aussi, restez à la maison, d'accord ? Oui et occupez-vous bien d'elle. Je vous aime, à très vite j'espère... »
Guillaume le vit raccrocher et, avant qu'il n'ait eu le temps de tourner les talons pour partir, Aurélien se tournait vers lui. Il vit le plus jeune sursauter de peur en le voyant près de lui et il remarqua qu'il était tout habillé, contrairement à lui qui était encore en pyjama. Il lui sembla apercevoir quelques larmes au coin de ses yeux et le vit faire un pas hésitant en arrière, les yeux écarquillés.
« G-Guillaume...? Qu'est-ce que tu fais là... Tu m'as fait peur...
— Désolé, s'excusa-t-il avant de montrer la barre de céréales à Aurélien. J'avais un petit creux.
— Ah, d'accord... Je comprends mieux, rit doucement le plus jeune en montant ses mains à ses yeux, pour se les frotter doucement. Je ne m'attendais pas à te voir là en me retournant vu que tu dormais toujours quand je suis sorti de la chambre. Ça m'a surpris... »
Guillaume hocha la tête, ne sachant pas que répondre à cela, avant de remarquer le petit sourire triste qui avait pris place sur les lèvres d'Aurélien.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est tes parents qui t'ont appelé aussi tôt ?
— Mm...? Ah, non... balbutia le plus jeune après l'instant de surprise passé. C'est moi qui ai décidé de les appeler aussi tôt. Je me suis dit que comme ça, j'éviterai les autres élèves qui dormiraient sûrement encore. Il vaut mieux éviter au maximum de se rassembler... Je voulais prendre de leurs nouvelles comme je n'ai pas pu les appeler depuis l'annonce qu'on allait rester à l'internat, nous aussi, les élèves... qui ne vivent pas là d'habitude... expliqua Aurélien en lui lançant un petit regard incertain. Et puis... Ma grand-mère vit chez nous et comme les personnes âgées sont les personnes les plus à risques avec ce virus, je m'inquiétais...
— Je vois, répondit Guillaume en mettant ses mains dans les poches de son sweat. Tu leur as expliqué la situation du coup, c'est bon ?
— Oui, ils m'ont demandé de te remercier de leur part de m'accueillir dans ta chambre, dit Aurélien en lui offrant un petit sourire timide et il haussa les épaules, n'aimant pas qu'on le remercie. Et ils... Ils m'ont dit qu'ils allaient essayer de m'envoyer des affaires au plus vite... Comme je n'ai presque rien sur moi... Je n'ai même pas de pyjama ou de sous-vêtements de rechange... De shampoing, de serviettes...
— Si tu veux je peux te passer un tee-shirt et un jogging pour te faire un pyjama en attendant, proposa-t-il alors et il vit le petit regard étonné que lui jeta le plus jeune.
— Tu ferais ça ?
— Bah, ouais, répondit Guillaume en haussant à nouveau des épaules. Faut bien s'entraider en cette période un peu difficile. »
Aurélien hocha la tête avant d'esquisser un petit sourire intimidé :
« Merci, Guillaume. T'es quelqu'un de bien. »
Guillaume sentit ses joues se mettre à chauffer en entendant Aurélien dire ça et se mordit l'intérieur de la bouche pour s'empêcher de répondre de manière sarcastique.
« Si tu le dis... Viens, on retourne à la chambre avant de se faire engueuler. »
Il tourna les talons et entendit le plus jeune le suivre, à peine une seconde plus tard. Un petit sourire embarrassé s'inscrivît alors sur ses lèvres alors qu'il enfonçait ses mains plus profondément encore au fond de ses poches. Quelqu'un de bien. Il ne pensait pas être particulièrement quelqu'un de bien. Mais ça faisait longtemps que personne ne lui avait dit une chose aussi gentille et, apparemment, de manière aussi sincère alors il décida qu'il aimait plutôt bien ce compliment. Peut-être que ce confinement ne serait pas si dur que ça finalement ?
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Fiction OrelxGringe - Confinement.
FanfictionGuillaume se retrouve obligé de partager sa chambre d'internat avec un parfait inconnu lorsque son école entière adopte le confinement.