Partie 4.

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Trois jours passèrent lentement, les deux garçons forcés de cohabiter alors qu'ils n'étaient encore que de simples inconnus l'un pour l'autre. Guillaume faisait des FaceTime avec ses potes, confinés quant à eux quelques chambres plus loin dans l'internat, et dormait presque toute la journée, ne trouvant pas la volonté de faire quoique ce soit d'autre. Il avait eu envie de sortir en douce pour voir ses potes malgré l'interdiction mais ceux-ci lui avaient dit que c'était beaucoup trop dangereux et qu'ils ne voulaient donc pas le tenter. Aurélien lisait, dessinait, ou encore écoutait de la musique alternant entre son tapis de sol et la petite table située au milieu de la pièce. Lorsque Guillaume se réveillait, il se tournait toujours immédiatement vers ces deux endroits pour vérifier que le plus jeune était toujours dans la pièce et la plupart du temps, Aurélien était tellement obnubilé par ce qu'il faisait qu'il ne se rendait pas compte qu'il ne dormait plus. Ils ne parlaient pas. Guillaume n'avait pas plus envie que ça de faire la conversation à Aurélien, il ne le connaissait pas et celui-ci disparaîtrait de sa vie de toute façon à la fin du confinement. Le plus jeune semblait quant à lui avoir compris ses réticences car il essayait de rester le plus discret possible, afin de ne pas l'embêter, et restait dans son coin, ne cherchant pas à lui parler de même. Les rares fois où il l'avait fait ces derniers jours, ça avait été pour lui demander où c'est qu'il voulait qu'il mette cela, ou si il pouvait déplacer ceci... Et toujours quand il lui parlait, Guillaume voyait le petit sourire hésitant que lui adressait le plus jeune, comme s'il s'excusait déjà par avance de venir interrompre sa routine en lui parlant. Guillaume se demandait s'il avait peur de lui, ou peut-être juste avait-il compris qu'il ne cherchait pas à devenir son ami malgré le fait qu'ils soient obligés de rester dans la même pièce l'un que l'autre durant ce confinement.

***

Ce jour-là, quand Guillaume se réveilla de sa sieste après le repas de midi (celui-ci était distribué par le personnel de l'internat à chaque chambre à midi), il se tourna vers la table d'où il pouvait entendre Aurélien gratter doucement sur le papier et croisa son regard en se retournant vers lui. Il vit avec étonnement et confusion le plus jeune se mettre à rougir violemment lorsque leurs regards se croisèrent et il resta immobile un instant, observant la jolie couleur pourpre qui avait fait son apparition sur ses joues. Pour que leurs yeux accrochent aussi facilement... est-ce que ça voulait dire qu'Aurélien était déjà en train de le regarder avant qu'il ne se tourne dans sa direction ? Guillaume sortit de ses réflexions et se leva de son lit, se dirigeant vers le plus jeune qui paraissait devenir de plus en plus rouge à mesure qu'il avançait vers lui.

« Qu'est-ce que tu dessines ? » lui demanda-t-il en contournant la table afin de voir son dessin et il vit Aurélien mettre une main devant ce dernier, semblant embarrassé à l'idée qu'il puisse le voir.

Guillaume lui jeta un regard confus et le plus jeune referma son carnet à dessin avant de lever le visage pour venir le regarder :

« R-Rien de bien interessant...

— Montre-moi alors si c'est rien d'interessant, dit-il en haussant les sourcils. T'as rien à cacher, non ?

— Non, attend...! s'écria Aurélien lorsqu'il chercha à s'emparer du carnet sur la table et il le vit le prendre dans ses bras. J-Je peux pas te laisser voir, Guillaume... C'est aussi mon journal. »

Guillaume fronça les sourcils à cette déclaration et recula sa main, l'éloignant du carnet à présent contre la poitrine du plus jeune.

« Ton journal ? Ton journal quoi ? Journal intime ?

— Euh... Oui, mon journal intime. J'y écris tout ce qui me passe par la tête... Comment je vis le confinement... Le fait de ne pas pouvoir être près de ma famille... C'est mon père qui m'a conseillé de faire ça la dernière fois que je l'ai eu au téléphone. »

Guillaume leva les yeux au ciel en entendant le plus jeune parler de sa famille et de cette idée de journal de confinement.

« Ils sont aussi niais que toi dans ta famille ou comment ça se passe ? Ça va, c'est pas la fin du monde non plus... On reste enfermés quelques semaines et tout revient à la normale. Y a plus dur comme guerre, non ?

— B-Bien sûr... balbutia le plus jeune, se remettant à rougir doucement. Mais ça n'empêche pas que tenir un journal ça peut aider, non...? J-J'ai beaucoup de mal à rester enfermé longtemps à un endroit en particulier sans me mettre à paniquer, tu sais...

— T'es claustro ? demanda Guillaume en fronçant les sourcils et il vit Aurélien écarquiller légèrement les yeux, comme s'il s'attendait pas à ce qu'il lui pose cette question.

— Je... Je sais pas vraiment... C'est juste que si je reste trop longtemps enfermé sans occuper mon esprit, celui-ci va commencer à imaginer des trucs mauvais... Je sais pas...

— Bon, en tout cas... le coupa Guillaume en se reculant pour aller chercher ses affaires dans son placard. T'es pas enfermé, ici. Tu peux même sortir dans les couloirs si t'as besoin de prendre l'air, hein. Alors me fait pas de crise ou je ne sais quoi parce que je saurais pas comment gérer, moi. Manquait plus que ça, tiens. »

Guillaume rassembla ses affaires pour aller se doucher et lorsqu'il se retourna, attendant toujours la réponse du plus jeune, il vit ce dernier le regarder d'un air inquiet :

« D-D'accord... bégaya ce dernier quand il lui lança un regard insistant, pour lui faire comprendre qu'il attendait une réponse de sa part. Juste... Ne regarde pas mon carnet, s'il-te-plaît...

— Ouais. J'ai compris le message, t'inquiète. Je vais me doucher, à toute.

— À toute... »

Guillaume lança un dernier regard à Aurélien avant de tourner les talons et de sortir de la chambre. Ce garçon était décidément bien étrange. Mais au moins, il le laissait en paix.

Fiction OrelxGringe - Confinement.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant