Partie 2.

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Lorsque Guillaume tourna à l'angle du couloir qui menait à sa chambre, il fut surpris de trouver un garçon assis en tailleur devant la porte de celle-ci. Il fronça les sourcils en confusion avant de se rappeler qu'il allait devoir partager sa chambre avec un élève de seconde pendant le temps qu'allait durer le confinement. Aurélien. Le professeur leur avait expliqué que les élèves qui allaient partager leurs chambres avaient reçu l'instruction de les rejoindre devant leurs chambres à la fin de la journée pour emménager. Guillaume marcha jusqu'au garçon qui lui semblait avoir les yeux fermés de là où il était et, lorsqu'il fut assez près pour s'apercevoir qu'il avait des écouteurs dans les oreilles, il poussa un profond soupir :

« Eh... l'appela-t-il d'un air blasé, déjà saoulé de devoir interagir avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas, avant de lever la voix en le voyant garder les yeux fermés, comme s'il ne l'entendait pas. Oh, Aurélien ! »

Le garçon ouvrit soudainement les yeux en l'entendant crier et il le vit enlever précipitamment les écouteurs de ses oreilles, avant de relever le visage pour le regarder. Guillaume sentit avec surprise son cœur rater un battement lorsque leurs regards se croisèrent et se perdit un instant dans les yeux si sombres de l'autre garçon. Celui-ci avait une lueur de panique dans les prunelles, comme s'il l'avait effrayé en le sortant ainsi de sa pause musicale, et il le vit soudain écarquiller les yeux, comme s'il comprenait tout à coup qui il était.

« Guillaume ? lui demanda le plus jeune en se mettant debout, une main appuyée sur la porte derrière lui. C'est toi, Guillaume ?

— Ouais... » répondit-il d'une voix lasse avant de se mettre à observer les traits de l'autre garçon.

Celui-ci avait les cheveux noirs et mi-longs, ces derniers lui descendant jusqu'aux épaules, et de grands yeux marrons foncés. Il lui semblait aussi avoir de longs cils noirs, de la même couleur que ses cheveux, et une peau sans aucune imperfection. Ses traits étaient réguliers et fins, et il exhala un petit rire en pensant au conte qu'il aimait tout particulièrement quand il était petit, celui de Blanche Neige. Si le plus jeune avait été une fille, la description qu'il en avait fait l'aurait immédiatement rapproché à la princesse de ce conte pour enfants. Mais cependant, il aperçut une petite mèche bien plus claire que les autres dans ses cheveux noirs, une mèche presque blanche, et celle-ci éloigna la vision de la princesse dans son esprit.

« Euh... Je m'appelle Aurélien... se présenta le plus jeune, le sortant soudainement de ses réflexions et il se força à se concentrer de nouveau sur ce qu'il lui disait. On m'a dit de... de venir te voir, par rapport au confinement. Pour partager ta chambre parce que... je n'ai pas le droit de rentrer chez moi.

— Je sais, oui, dit Guillaume en soupirant et il vit le plus jeune lui lancer un regard surpris, comme s'il se rendait compte qu'il n'était pas le bienvenue au final.

— Je... Je suis désolé, s'excusa-t-il alors. Je sais que c'est pas une situation facile et... que tu n'as sûrement pas envie de partager ta chambre avec un inconnu mais... Je te promets que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te déranger le moins possible, d'accord ? »

Guillaume regarda d'un air étonné le plus jeune qui semblait déjà avoir compris ce qui le dérangeait dans ce confinement forcé et haussa les épaules d'un air nonchalant :

« Ouais. Ben on verra ça, alors. Laisse-moi ouvrir la porte maintenant. »

Aurélien se décala précipitamment de la porte et le laissa passer, afin qu'il entre le code dans la boîte métallique près de cette dernière. Il entra, rapidement suivit de l'autre garçon, Aurélien, et vint poser son sac de cours au pied de son lit avant de se tourner vers le plus jeune :

« Voilà ma chambre. Y'a pas grand chose, tu remarqueras, mais ça suffit d'habitude. En temps normal, en tout cas... J'espère que c'est pas trop petit pour deux et qu'on se marchera pas dessus.

— J'essaierai de me faire petit alors, lui dit Aurélien en lui offrant un petit sourire et Guillaume fronça les sourcils en sentant son cœur rater un autre battement à ce sourire.

— O-Ouais... Faudra sûrement mettre quelques règles en place aussi, du coup... dit-il et Aurélien hocha la tête en l'écoutant d'un air attentif. Donc comme t'as pu voir le code pour rentrer c'est 20.02. T'arriveras à le retenir ? »

Aurélien hocha la tête et il le vit balayer la petite pièce du regard avant de le regarder à nouveau :

« Où c'est que je peux dormir, Guillaume ? Est-ce que tu as quelque chose qui pourrait faire office de lit en attendant que les professeurs nous en ramènent ?

— J'ai un tapis de sol et un sac de couchage, si tu veux. Ça peut faire l'affaire en attendant, dit-il et, en voyant le regard étonné du plus jeune, Guillaume haussa les épaules et se dirigea vers son armoire. J'étais scout quand j'étais plus petit et j'ai décidé de les prendre avec moi pour quand mes potes viendraient le soir en cachette. »

Il attrapa le tapis de sol et le duvet qui étaient par terre dans son armoire et se retourna vers Aurélien, pour les lui amener. Il vit le plus jeune lui lancer un regard surpris avant de hocher lentement la tête, et quand il fut à sa hauteur, ce dernier les lui prit des mains.

« Tu veux que je me mette par là ? demanda Aurélien en montrant un endroit contre le mur à quelques mètres d'eux, assez éloigné de son lit.

— Ouais, ça me parait pas mal, répondit Guillaume en haussant les épaules et il vit le petit sourire que lui adressait alors le plus jeune.

— D'accord, je vais aller poser mes- tes affaires alors... »

Guillaume le suivit des yeux lorsqu'il tourna les talons et l'observa en silence mettre les affaires au sol avant de préparer son lit pour le soir. Aurélien posa ensuite son sac au pied du tapis et l'ouvrit pour en sortir un cahier de cours.

« Je vais te laisser tranquille maintenant, Guillaume, lui dit Aurélien en lui souriant doucement. J'ai des devoirs à terminer, même si on ne sait pas quand ça sera la prochaine fois qu'on aura cours... »

Guillaume hocha la tête et se tourna vers son lit pour s'y allonger, prenant son téléphone dans ses mains. Il appuya sur l'application de son jeu et se concentra sur ce dernier, essayant ainsi de faire abstraction totale du plus jeune à quelques mètres de lui. Il espérait que son arrivée ne changerait en rien ses habitudes.

Fiction OrelxGringe - Confinement.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant