Partie 8.

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Guillaume se réveilla en entendant des petits sanglots et fronça les sourcils alors qu'il se sentait sortir du sommeil malgré lui. Il se redressa précipitamment sur le tapis de sol en entendant plus clairement les sanglots et en comprenant que ceux-ci ne faisaient pas parti de son rêve, faisant glisser ses écouteurs dans le même temps de ses oreilles. Il prit son portable et en alluma la lampe torche afin d'éclairer l'endroit d'où provenaient les sanglots et il s'aperçut ainsi que sa musique s'était arrêtée d'elle-même pendant qu'il dormait. Alors qu'il éclairait de manière hésitante sur sa droite, la lumière de son portable éclaira le plus jeune qui était contre le mur dans son dos, assis sur son lit avec sa tête dans ses bras croisés par-dessus ses jambes, qui étaient elles remontées le long de son torse. Aurélien ne sembla pas s'apercevoir ni qu'il était réveillé ni qu'il pointait la lumière de son portable sur lui car il ne fit pas un geste de recul et Guillaume se redressa dans le duvet afin d'en sortir et d'aller voir ce qu'avait le plus jeune.

« Aurél ? » l'appela-t-il doucement en s'approchant de son lit et il vit Aurélien se tendre soudainement, comme s'il se rendait alors compte qu'il l'avait réveillé.

Le plus jeune ne répondit cependant rien et se contenta d'arrêter de pleurer. Guillaume eut l'impression qu'il retenait avec peine ses sanglots et même qu'il s'était arrêté de respirer, comme si en faisant cela il pourrait devenir invisible. 

« Aurél ? l'appela-t-il à nouveau avant de s'asseoir sur le bord de son lit, à quelques centimètres à peine du plus jeune. Pourquoi tu pleures ? »

Cette fois-ci, Aurélien releva la tête de ses bras croisés et Guillaume le vit lui lancer un regard effrayé, un air coupable sur le visage :

« J-Je t'ai réveillé ?

— Oui, en effet. Mais on s'en fout de ça, hein ? répondit-il en offrant un petit sourire au plus jeune. Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je... R-Rien du tout... Je suis désolé de t'avoir réveillé...

— Aurél. Je m'en fous de ça. Dis-moi ce qu'il t'arrive. »

Aurélien lui lança un regard inquiet et il le vit avec surprise secouer la tête de gauche à droite.

« Tu veux pas me dire ?

— C-C'est pas ça, Guillaume... J'ai honte, je ne veux pas que tu te moques de moi.

— Alors de un, t'as aucune raison d'avoir honte, ok ? De deux, je me moquerai pas de toi, tu me prends pour qui ? Et de trois... J'aimerai bien... que tu puisses me faire confiance... hein ? dit-il dans un souffle et il vit Aurélien lui lancer un petit regard surpris avant de se mordre fébrilement la lèvre.

— Je... Je crois que j'ai fait un cauchemar...

— Un cauchemar ? »

Guillaume observa le plus jeune à ses côtés et le vit baisser les yeux lorsque ces derniers entrèrent en contact avec les siens. Il vit Aurélien hocher la tête doucement et il approcha sa main de la sienne sur le lit pour la poser doucement par-dessus cette dernière, espérant ainsi lui apporter un peu de réconfort.

« Ça t'arrive souvent d'en faire des cauchemars, Aurél ?

— Non, ça... Ça faisait quelques temps que j'en avais pas fait... balbutia le plus jeune avant de relever le visage pour le regarder timidement à travers sa frange noire.

— Et qu'est-ce que t'as vu dans ton cauchemar ? Tu veux en parler ? demanda Guillaume d'un air sincère.

— Ma grand-mère était morte, Guillaume, lui répondit après un petit silence le plus jeune dans un sanglot. Je sais que ça va te paraître ridicule mais... Ils ont dit que je pouvais plus appeler chez mes parents à partir d'aujourd'hui... Qu'ils allaient être plus fermes par rapport au confinement. Ils ont même fermé la bibliothèque, Guillaume. Je veux bien essayer de rester jusqu'à la fin enfermé ici mais... Si je ne peux même plus appeler mes parents... Ou prendre des nouvelles de mamie... Je ne sais pas comment je vais faire...

— Aurél, c'est rien...

— Pour toi, c'est rien, Guillaume. Tu n'as pas appelé tes parents une seule fois depuis le début et ça n'a pas l'air de te déranger. Et tu en as le droit, chacun est comme il est. Mais moi, c'est pas comme ça que je suis, lui expliqua le plus jeune en reniflant. J'ai besoin de savoir qu'ils vont bien, sinon... Sinon, je vais faire des cauchemars toutes les nuits... Ou pire... »

Guillaume se rapprocha du plus jeune en le voyant se mettre à paniquer et posa doucement ses mains autour de son visage pour l'amener à le regarder :

« Eh... Tout va bien, Aurél. Je te passerai mon portable demain, d'accord ? C'est pas grave s'ils interdisent l'accès au téléphone, j'ai le mien. Et encore mieux, enchaîna-t-il en souriant, si tu veux, j'ai même mon ordi. Ça te plairait de les voir ? »

Aurélien lui lança un regard hésitant alors qu'il se mettait malgré lui à faire des petits cercles apaisants sur sa mâchoire de son pouce et le plus jeune hocha lentement la tête :

« O-Oui, j'aimerai beaucoup... Tu ferais vraiment ça pour moi ?

— Bien sûr, sourit Guillaume. Aucun problème. Si ça peut t'aider !

— Je suis désolé d'avoir paniqué... T'as dû me trouver ridicule...

— Mais non ! rit-il doucement en enlevant ses mains de son visage. On fait ça, alors ? Tu vas réussir à te rendormir ?

— Oui... lui dit Aurélien en esquissant un petit sourire timide. Merci, Guillaume. Pour tout.

— De rien. Dors bien maintenant. Et n'hésite pas à me réveiller si quelque chose ne va pas. »

Il vit Aurélien le regarder d'un air surpris avant de hocher la tête de manière hésitante et il se leva du lit, un sourire aux lèvres, pour retourner à son tapis de sol. Il jeta un dernier coup d'œil par-dessus son épaule pour s'assurer que le plus jeune s'était recouché et en le voyant blotti à nouveau sous la couette, il se glissa dans son duvet avant de s'allonger. Il ferma les yeux et un petit sourire s'inscrivît sur ses lèvres en pensant à quel point la peau du plus jeune avait eu l'air douce sous ses doigts alors qu'il tentait de l'apaiser un peu plus tôt. Elle était aussi douce que lui l'était. Doux. Il s'enfonça un peu plus dans son duvet alors qu'il sentait ses joues se mettre à chauffer doucement à cette pensée et il poussa un long soupire, exaspéré de lui-même. Il devait se rendre à l'évidence : il appréciait vraiment Aurélien, et même plus que ça. 

Fiction OrelxGringe - Confinement.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant