L'odyssée du temps

18.La chasseuse temporelle

    Julie, encore un peu bouleversée par ce qui venait de se passer, monta dans l'Aurora, rapidement suivie par Budo puis Linda et enfin moi-même. Chacun préparait ses questions tandis que Julie réfléchissait à ce qu'elle allait nous dire. Le premier à parler fut Budo :

   -"Qu'est qu'il t'a fait ?"

    Aussi simple soit-elle, cette phrase nous a donné des frissons. Julie répondit, envahie par de nombreux remords :

   -"Rien.
-Qu'est ce qu'il t'a dit ? Demanda Budo.
-Rien, rétorqua Julie encore une fois.
-On a besoin d'informations Julie, est ce que tu te rappelles de quelque chose d'important, interrogea Linda avec une once de compassion, contrastant totalement avec l'interrogatoire agressif de Budo.
-Il l'a récupéré...et... il ne va pas tarder à l'utiliser..., prononça Julie, apeurée.
-Que va-t-il faire ? Dis-je, intéressé.
-Le cristal du temps !" Répondit-elle.

    C'est à ce moment précis que l'alarme retentit, les écrans affichaient une carte décrivant les reliefs d'une montagne aride. La carte dessinait une onde verte au creux des rochers. Budo nous expliqua, terrorisé, qu'Antoine avait ouvert une brèche à travers le temps. Notre maître nous dirigea vers le hangar où se trouvait l'Aurora. À peine remis des événements précédents et déjà en route vers une mission qui nous semblait périlleuse.

    "-La brèche ne se refermera pas tant qu'Antoine ne l'ordonne pas, affirma Budo.
-Qu'est ce qu'il cherche à votre avis ? Demandai-je à mes camarades.
-À se venger...," répondit Julie en regardant ses mains.

    En effet, elle devint transparente pendant quelques secondes puis revint à la normale, et cela plusieurs fois. Comme une ampoule en sous-tension. Je m'imaginais qu'elle jouait avec son invisibilité mais elle nous expliqua :

   " - Antoine m'a appris des choses sur le temps... Si l'on tue quelqu'un dans le passé, alors rien ne se sera passé dans le futur concernant cette personne. Je pense qu'il a envoyé Artémis me tuer dans le passé pour m'éliminer dans le présent, elle va sûrement assassiner le bébé que j'étais.
-C'est horrible ! Un pauvre et innocent enfant ! S'exclama Linda, horrifiée.
-Il est encore temps de l'arrêter, mais je sens qu'une autre trame temporelle va arriver si elle me tue."

    Enfin arrivés en pleine montagne, le portail temporel n'était qu'à quelques mètres mais entourés de Larcousses. Budo décida de nous lâcher juste au-dessus de nos ennemis. Je créai une rampe glacée, Linda se poussa par la pensée et Julie se propulsa grâce au feu. Cette dernière était affaiblie par les variations du temps qu'elle subissait.

    Quand nous avons atterri, les sbires se jetèrent sur nous. Ils étaient entraînés, acharnés et colériques. Julie se fit toucher plusieurs fois mais arrivait tant bien que mal à détruire ses attaquants. Une fois les Larcousses à terre, nous franchîmes le portail coloré qui nous attendait. Des milliers de particules de couleur flottaient autour de nous. Puis, nous nous retrouvèrent dans la cour d'un bâtiment qui semblait être un hôpital. Linda, grâce à la télépathie, nous lia mentalement afin que l'on se parle discrètement. Julie nous envoya cette pensée, sur un ton joyeux et nostalgique :

   "-Je suis née ici, à 14h17 précisément, au deuxième étage, porte 9 dans la section maternité. J'en sais autant car mon passé m'a toujours intrigué, je posais tellement de questions quand j'étais petite."

    Nous nous sommes donc dirigés vers ces coordonnées. Arrivés dans le couloir, la porte venait de se refermer, c'était Artemis et il indiquait 14h34 sur l'horloge de l'hôpital. Julie trébucha. Nous nous dépêchâmes donc d'entrer. À l'intérieur, nous retrouvâmes Artémis, pointant un pistolet sur le père de Julie et une épée sur son homologue bébé. Cette dernière était dans les bras de son père. À la vue de celui-ci, notre amie fondit en larmes, elle ne l'avait jamais vu. Artemis, très peu touchée par ce moment qui nous bouleversait approcha violemment sa lame aiguisée vers bébé Julie, mais son arme fondit et quand la nouvelle née ouvrit ses grands yeux rouges emplis de feu, une vague de flammes détruisit la chambre et celles aux alentours heureusement inoccupées, et nous propulsa vers l'extérieur, dans un amas de verre et de cendres. Nous sommes remontés aussi vite que l'on a pu, il y avait juste la jeune Julie et sa mère sur le lit, sauvées des flammes. Notre amie voulut glisser un mot à sa mère :

    "-Prenez soin d'elle, et de vous aussi...vous serez une mère parfaite, je le sens...
-M...Merci...On se connaît ? Répondit celle qui l'avait mise au monde.
-Peut-être un jour..." Rétorqua la fille, en se regardant, seize ans avant.

    Les deux Julie se sourièrent et nous partîmes pressés par le portail qui se refermait lentement. Afin de stopper sa fermeture, j'envoyai un brouillard de gel et quelques stalactites ce qui forcerait Antoine à arrêter. Nous n'avions ni l'envie ni la force de l'affronter. Alors, nous nous envolâmes vers l'Aurora, posé un peu plus loin. Antoine non plus ne voulait pas se battre avec nous, il aurait pu nous attaquer facilement mais il avait autre chose en tête apparemment. Nous sommes donc rentrés à la base, Julie était ravie, non seulement d'avoir vu pour la première fois son père, mais aussi d'avoir échangé quelques mots avec sa mère avec qui les relations sont compliquées actuellement. Elle était redevenue totalement normale, elle ne clignotant plus. Mais une question reste en attente : Le père de Julie est-il mort ? Ce n'était pas la peine de gâcher le moment de joie de Julie avec cette question, nous avons donc mangé ensemble, en partageant nos premières expériences temporelles.