Depuis trois semaines, rien ne s'était passé. Aucune infraction, aucun accident, aucune explosion. Nous étions parfois revenus à la base pour nous entraîner mais l'alarme n'avait toujours pas retenti. C'est pourtant ce qui nous faisait le plus peur, ce calme, ce silence, comme si une chose encore plus terrible approchait.
Ce fut un après-midi, que la sonnerie implantée sur nos montres réagit. J'étais dans un supermarché avec mes parents. Ma première mission était d'en sortir sans les alerter. J'utilisai discrètement le cristal de l'esprit et leur fit oublier ma présence dans le magasin, il pensait que j'étais à la maison, devant la télé, j'entendis même un petit "L'adolescence à l'état pur" venant de ma mère, j'étais à peine à cinq mètres.
Quand nous nous retrouvâmes, mes amis et moi, devant la maison de Budo, Linda sortait du coiffeur et Julie avait fait le premier pas vers sa mère, elles s'étaient réconciliées. Budo préparait l'Aurora qui n'avait pas décollé depuis quelques temps. Nous nous installâmes dans nos sièges, le hangar s'ouvrit, les moteurs tournaient et nous prîmes la direction de Lisbonne où une autre brèche s'était ouverte. Linda et moi étions les prochaines cibles de l'assassinat temporelle voulu par Antoine. Arrivés au-dessus de la merveilleuse capitale du Portugal, nous vîmes un dôme qui s'étendait de part et d'autre de la ville. Budo comprenant rapidement la situation, nous briefa :
"-C'est un bouclier créé par un sbire du nom de Shees. Les armes de l'Aurora peuvent ouvrir une faille à travers le dôme mais elle se refermera vite, vous aurez environ quatorze secondes pour y passer."
Tout était clair. Un canon sortit de dessous notre avion et envoya une surpuissante charge ionique qui utilisa presque toutes les batteries de l'Aurora. Un étroit passage s'ouvrit sur le dôme et une trappe nous éjecta de notre moyen de transport. Julie réussit à passer en six secondes tandis que Linda en huit. La brèche se referma devant moi mais les fluctuations du temps me firent disparaître juste à temps pour passer à travers le bouclier et je réapparus à côté de mes amis en plein vol. Je vécus donc la même chose que Julie il y a maintenant trois semaines. Antoine n'était pas là, toujours aussi lâche, mais le fameux Shees détruisait les habitations aux alentours avec des sphères de la taille d'un ballon. Il les propulsait a une vitesse proche des 150km/h. Il pouvait diriger leurs directions. Les murs explosaient et les toits s'écroulaient. Linda se précipita vers certaines maisons pour maintenir les fondations afin de faire sortir les habitants coincés à l'intérieur. Julie courut vers les personnes blessées pour les emmener au loin en les prenant par la main pour les rendre invisibles et les éloigner des menaces. Quant à moi, je me chargeais du sbire afin que mes amies gagnent du temps. J'utilisai le cristal de l'eau. Il m'envoya une pluie de balles supersoniques que j'arrêtai en faisant sortir une vague du sol. Je créai un barrage aquatique tout autour de lui pour qu'il ne se concentre que sur moi. Il chargea alors une sphère dévastatrice et me la lança à toute vitesse. Je l'esquivai de peu, puis, il m'en envoya une autre, puis une autre, puis encore et encore. Enfin, il rusa, et une balle s'approchait de moi, je n'avais pas le temps de réagir. J'allais sûrement exploser au vol mais je disparus encore une fois et la balle me traversa et alla se cogner violemment contre le barrage d'eau. Mes deux amies arrivèrent en lévitant au-dessus de nous. Julie pris le cristal de la foudre tandis que Linda celui du poison. La première envoya plusieurs éclairs tandis que la deuxième un puissant jet d'acide. Je les suivis en concentrant énormément d'eau dans un petit espace entre mes mains et relâcha le tout vers l'ennemi. Depuis nos trois positions, Shees était encerclé. Il créa une sphère autour de lui pour se protéger mais il faiblissait progressivement. Il ne pouvait pas maintenir sa protection et le dôme sur Lisbonne. Alors, il se concentra sur sa défense et la ville était maintenant en plein air. Budo en profita pour évacuer les lisbonnais. Shees mit un genou à terre, puis le deuxième et il s'écroula de fatigue sous nos trois rayons élémentaires.
Nous nous précipitâmes alors vers la brèche temporelle. Nous ressortîmes encore une fois devant un hôpital. Un coup de feu retentit. Aussi vite que l'on a pu, nous sommes montés dans une grande pièce où au moins une trentaine de bébés pleuraient. Linda se mit à "clignoter" aussi comme moi. Nous aperçumes un fragment de glace avec une balle de pistolet à l'intérieur. Ouf ! Les bébés étaient sauvés. Nous vîmes Artemis un peu plus loin penchée, lame prête à tuer, sur ce qui semblait être le landeau de Linda. Mais celle-ci, seize ans avant, cria tellement fort que les vitres se brisèrent, Artemis se fit soulever et propulser à l'extérieur de la maternité. Linda et moi échangeâmes un sourire avec nos homologues et partîmes rattraper Artemis qui avait, avant notre arrivée, assassiné plusieurs membres du personnel afin d'atteindre nos landeaux. Nous la retrouvâmes, à l'extérieur, debout, ses yeux étaient remplis de rage et ses dents grinçaient.
"-Je ne peux pas me faire battre par de simples bébés. Je suis une chasseuse entraînée au combat," dit Artemis en évacuant une haine indéfinissable.
Elle s'élança vers le ciel et se transforma en un monstre qui faisait deux fois la taille de l'hôpital. Ses yeux jaunes prirent une couleur rouge vive, de grandes ailes noires et pointues se deployèrent, d'énormes griffes aiguisées sortirent de ses doigts et des cornes démoniaques poussèrent sur sa tête, une part de ténèbre l'avait envahi en un instant. C'était maintenant une sorte de gargouille du diable avec des crocs déchiquetants. Elle s'attaqua à l'hôpital et détruisit une partie du toit. Il fallait encore une fois évacuer tout le monde. Je créai des toboggans gelés et Linda, grâce au cristal de la terre, fabriqua des rampes de pierre. Julie essayait de contenir Artemis avec le pouvoir du vent, de multiples tornades la retenait mais pas pour longtemps. De plus en plus de patients sortaient, nous aidions les plus malades. Artemis se débattait férocement, nous entendions ses cris de rage. Tout le monde était enfin sorti quand la bête se libéra. Je m'équipai de l'armure de l'esprit pour combattre la fureur en personne. Elle nous envoya un rayon de flammes noires de sa bouche. Linda nous protégeait avec un mur de rochers. Notre ennemie frappa un grand coup avec ses griffes mais Julie la repoussa tant bien que mal avec un puissant cyclone. Je ripostai avec un des milliers de sphères spirituelles. Mon attaque se passait dans sa tête pour l'affaiblir de l'intérieur tandis que mes compagnons l'attaquaient de l'extérieur. Nous jouions sur deux plans. Je sentais que sa rage était si forte, si profonde. Pendant un instant, je me laissai influencer par cette haine. Mais je me repris. La bête était plus déterminée que jamais. Elle avait tellement mal à la tête qu'elle savait que c'était moi qui y étais entré. Alors, elle donna de violents coups d'ailes à Julie et Linda et me transperça d'une griffe en plein cœur. Mes amies avaient regardé la scène avec horreur. J'avais du mal à respirer mais je regardais Artemis dans les yeux, avec la même haine qu'elle. Mes yeux devinrent lumineux et éclairèrent toute la zone. J'aspirais l'énergie vitale d'Artemis afin de la récupérer. Elle devint de plus en plus faible. Elle redevint elle-même et sa griffe sortit de mon cœur. Grâce à son énergie, je me soignais extrêmement vite et j'étais plus vivant que jamais. Elle n'avait plus de souffle et était à l'agonie, sur le point de s'éteindre. La rage qui l'habitait fit place à une peur glaciale. Pris de pitié, je la laissais en vie et nous repartîmes vers l'Aurora. Pendant tout le trajet, je cogitais car j'avais eu aussi peur de mon pouvoir qu'Artemis. Au dernier moment, j'aurais pu la tuer à cause de la haine en moi. Étais-je un monstre ?
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L'odyssée du temps
FantasíaEn collaboration avec @Jujules2005 Trois lycéens qui menaient une vie tout à fait banale pour leurs âges vont découvrir qu'ils sont en réalité dotés de pouvoir extraordinaire, hors du communs. Grâce à leur coopération ils vont devoir retrouver des c...