Summer nights.

Chapitre 1: Un vent nouveau.

༄ ༄ ༄

On y est enfin, la dernière sonnerie de l'année ! Me voilà diplômée dans quelques jours, bientôt étudiante dans la fac de la région... mais avant ça : les vacances d'été m'attendent. L'idée de quitter cette ville me réjouit comme personne. Elle a quelque chose d'étouffant, c'est un endroit dans lequel on ne peut pas avoir de rêves, de projets, si ce n'est s'occuper d'une ferme, peut-être. Et une ferme, j'en ai déjà une, j'y vis même. Maintenant que j'ai dix-huit ans et la possibilité d'arrêter de m'occuper de crottins de chevaux, d'abreuvoirs, de foin et de tous les détails dont on se charge dans une écurie, croyez-moi, je vais saisir l'occasion. Plus que trois mois. Trois petits mois à tenir dans cet endroit. Et Sayonara Pennylane, à moi la vraie vie.

Je jette mon sac sous mon bureau bien décidée à ne plus jamais y toucher avant mon ultime départ pour l'université. J'enfile mes boots, un short, un débardeur et me voilà en train de courir vers l'écurie où mon père est en train d'arranger un contrat pour un gros client. Nos écuries sont assez modestes mais ce sont les moins chères de la région alors même en rajoutant un ou deux zéro sur les chèques, ils font une bonne affaire en laissant leurs chevaux ici. Et pour nous, ces zéros sont une aubaine. Alors, finalement, tout le monde y trouve son compte.

Sans plus attendre, une fois que le client a tourné les talons, je supplie mon père de me laisser la soirée pour fêter la fin du lycée.

- Je te promets qu'à partir de demain je me mets au travail, mais juste ce soir papa s'il te plait, dis-je en faisant la moue, tentant de le convaincre.

- Athénaïs, on est débordés, et j'aurais eu besoin de toi pour nourrir les chevaux ce soir. On doit aussi faire la ronde pour le poulain.

- Et Max ?

- Ton frère a eu l'autorisation de sortir, répond-t-il tout en déplaçant les meules de foin.

- Oh, je vois. Mon frère a le droit et pas moi ? C'est quoi son motif à lui ? La fin du lycée ? Ça fait trois ans qu'il fête tous les soirs la fin du lycée, bordel ! m'écrie-je, frustrée.

- Ça suffit, Athénaïs ! souffle-t-il en m'incitant du menton à l'aider.

- Ça suffit de quoi ? Je t'en prie ! Juste ce soir ! le supplie-je.

Il s'arrête un instant, au bord de la capitulation et retire ses gants.

- Vingt-trois heure trente ! Et ta mère doit être d'accord ! m'informe-t-il en voyant que je cours déjà exécuter les ordres à peine prononcés.

- Promis ! beugle-je filant vers la maison où se trouve ma mère.

Après toutes les consignes et les conditions exposées, me voici enfin en train de me préparer pour aller chez Logan pour la soirée des diplômés. Logan est ce genre de garçon que tout le monde adore, pas uniquement à cause de son physique mais surtout parce qu'il dégage une aura qui vous susurre que vous devez être son ami. Qu'il le faut. Tout le monde va à ses fêtes, c'est un peu la tradition dans cette ville. Et tous ceux qui ne peuvent pas y aller à cause de leur âge, n'attendent qu'une chose : que ses frères prennent la relève quand ils vont entrer au lycée l'année prochaine. En somme, ne pas y aller signifierait renier le seul patrimoine intéressant de ce trou qu'est Pennylane, à savoir les frères Parish. Mon frangin a fricoté avec la sœur aînée de cette lignée au pedigree plus que remarquable. Ils sont tous beaux, sportifs, riches, gentils et amicaux. Mais en réalité, quand on gratte un peu la couche de plaqué or, on voit un métal complètement rongé par la rouille. Derrière les sourires, se cachent des yeux ruisselants, des regards en chien de faïence, des repas gonflés d'hypocrisie... enfin, c'est ce que mon frère m'a raconté. Le bruit court depuis des années que si les enfants de cette famille font des fêtes aussi remarquables, c'est un peu pour se la jouer à la Gatsby des temps modernes. Pour pallier le manque d'un environnement familial, de chaleur et de toutes ces choses tendres que nous apporte une maison animée d'amour, ils enchaînent les beuveries. Sans doute que la plus grande demeure de Pennylane l'est un peu trop pour eux aussi.