༄ ༄ ༄
Lorsque j'entends les roues du pick-up de Moly faire chanter les cailloux en bas de la maison, je me précipite à la porte. Alors que je descends les trois marches du perron elle me fait signe de la main. Ce qui me frappe en premier, c'est ce regard si déprimé qu'elle affiche. J'ouvre mes bras devant elle, seul signe qui vaut mieux que milles mots et elle vient directement s'engouffrer dedans. Nous nous mettons à pleurer toutes les larmes de notre corps.
Mon départ n'étant pourtant qu'à la fin de la semaine, ces derniers jours sont, me semble-t-il, les pires. Ce sont les derniers. Alors le moindre loupé est la dernière tentative, et avortée qui plus est. Rendant toutes les paroles, les sorties, les souvenirs et les moments cruciaux. Car ce sont les derniers, on se doit de les réussir !
- Je n'arrive pas à arrêter de pleurer à cause de toi ! s'exclame Moly en se dégageant de mon étreinte.
- C'est toi qui es venue pleurer ici, moi je ne m'en sortais pas trop mal jusque-là !
Elle me frappe le bras puis se met à rire.
- On rentre ? dis-je dans un rire tout en essuyant mes yeux avec ma manche.
Moly acquiesce d'un signe de tête et nous nous dirigeons vers l'entrée.
- Dis, commence-t-elle en me prenant la main, tu me promets vraiment de rester ma seule meilleure copine ?
Mon cœur fond. Sa moue est identique à celle qu'elle arborait à ses treize ans. Je revois cette petite fille, blessée par tous ces enfants, voyant en moi la seule personne méritant son affection à ce moment là. Et je m'en veux de partir loin d'elle. Car au fond, même si de nous deux c'est elle la plus forte, Moly restera toujours cette gamine au cœur tendre qui attend que les autres arrivent pour manger son propre gâteau d'anniversaire. Et je serai toujours celle qui tentera tant bien que mal de recoller les morceaux derrière – et celle qui mange le gâteau en première.
- Evidemment pour toujours, Moly. Je serai ta seule meilleure copine jusqu'à ma mort !
Elle sourit, essuyant ses larmes au passage. Ses pupilles retrouvent l'éclat que je lui connais.
Ma mère et son instinct maternel incroyable – ou peut-être est-elle tout simplement perspicace – semble apercevoir dès notre premier pas à l'intérieur que la joie n'est pas au rendez-vous. Comme à l'époque, elle nous propose d'aller manger un bout au Memphis Café. Sans surprise nos têtes s'agitent, submergées par l'enthousiasme de cette virée calorique et réconfortante !
- Mais j'ai préparé le diner ! bougonne mon père.
- Le déjeuner de demain, du coup, ricane ma mère.
- C'est toujours pareil dans cette famille, dès que j'essaie de devenir indépendant, on m'ôte ma liberté !
- Tu as raison mon chéri, sourit ma mère, c'est pour ça que je t'ai épousé toi !
Il fait mine d'être agacé puis l'embrasse tendrement. Keith déboule avec Max dans l'entrée et se stoppent net.
- C'est habité ici ! s'esclaffe mon frère.
- Oui, semble-t-il que le destin a prévu une réunion de famille de dernière minute, pouffe-je.
Je m'approche de Keith pour lui déposer un baiser furtif, partagée entre la joie et la gêne de toute réflexion non sollicitée de l'assemblée. Moly me donne un coup de coude en remuant des sourcils lorsqu'elle s'aperçoit qu'il rougît en me souriant avant de monter avec mon frère.
Une fois tout le monde prêt, Keith et Max inclus après un décapage de leurs mains travailleuses, nous montons dans les pick-up. Les garçons, contraints d'aller avec mes parents, nous blâment de les priver d'un trajet agréable, car, je cite « ils écoutent que de la musique de vieux, on ne va pas en sortir vivants ! ». Lorsque mon père démarre, on peut entendre de la country s'échapper de l'habitacle, provoquant chez nous un fou rire incontrôlable.
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Summer nights.
RomanceL'été, quelle belle saison. Le moment fatidique pour les nouveaux diplômés de fêter la fin du lycée et de se décontracter avant de faire un pas dans la vie d'adulte. L'occasion de vivre un moment inoubliable. Les amours sous le soleil, les soirées à...