La déchéance franche et honnête

Chapitre 8

J'ai froid. J'ai peur. Ses mots se chamboulent encore dans mon esprit. Leurs mots. Mais il ne dit rien, il me soigne. Il est patient, même si je sais qu'il veut savoir.

- Tiens, j'ai fini, bois.

J'attrape le verre d'eau avec mes mains tremblantes. Je le bois d'un coup sec et le pose sur la table basse près du canapé où nous sommes. Il me prend dans ses bras tendrement, embrassant ma joue doucement.

- Tout va bien. Pleure, pleure un bon coup, énerve-toi.

Tous mes membres se mettent à trembler, si bien que je me blottis dans les bras de mon amant et fonds en pleurs. Je crie, je hurle presque, me tentant le visage et hoquetant à cause du manque d'oxygène. Je suis plus misérable que jamais, dans ses bras. Il me serre davantage pour me'calmer. Je respire fortement, tentant de reprendre mon souffle. Je me calme petit à petit et essuie mes larmes.

- Chuuya... il... dis-je, la voix tremblante.

- Il est parti, répond Odasaku en serrant ma taille et embrassant mon épaule.

- Il était si énervé quand il a su...

- C'était prévisible.

- Odasaku, j'ai peur pour lui...

- Pour Chuuya ? Demande-t-il, hébété.

- Ah, c'est vrai que je ne t'ai pas dit... Odasaku, je suis enceint.

Il ouvre la bouche, la referme, puis se pointe du doigt. J'acquiesce en souriant. Il me prend dans ses bras et me serre contre lui. Je caresse sa tête doucement.

- Je comptais te le dire ce matin, mais Chuuya a sonné.

- Tu l'as su ce matin...?

- Oui. Félicitations, Odasaku, tu vas être papa.

Je le vois rougir légèrement et se gratter la joue d'un doigt. Je souris et me tourne pour être face à lui.

- Tu veux fêter ça ?

- Je veux savoir, pour Chuuya.

- Tu ne crois pas que ça plomberait l'ambiance ?

- Pas faux... répond-il en glissant ses mains le long de ma taille.

Si on me demandait pourquoi je fais l'amour avec Odasaku, je répondrai sûrement que c'est parce que je l'aime, d'une part, mais aussi pour oublier. Me changer les idées. Oublier Ango, Chuuya, et ce qu'il s'est passé il y a six ans.