Chapitre 9

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"A la base, moi", était la phrase que je sortais le plus l'année où ça a commencé.

"A la base, moi, je voulais dessiner un chat."

"A la base, moi, je cherchais juste un roman."

A la base, moi, je voulais juste me suicider.

Tout a commencé en 6e, soit la dernière année de mon cycle de primaire. Un accident m'avait cassé la jambe, si bien que je déplaçais en béquilles. Je passais tout mon temps de sport à la bibliothèque de l'école, et lisais encore et encore. Un jour, je trouvai le livre "Un suicide parfait". Je le dévorai en deux heures seulement. Ne sachant pas ce qu'il faisait là, et pensant qu'il n'avait pas sa place ici, je le volai. Et quand mon cours de sport suivant arriva, je me rendis comme toujours à la bibliothèque. Je me mis à la fenêtre et observai la route en dessous. Des voitures passaient. Je lâchai mes béquilles, montai sur le rebord et attendis. Le vent faisait voler mes bandages, sur mon visage, et mes cheveux. Puis, prenant appui sur mon pied valide, je sautai... pour atterrir dans une voiture rouge, une décapotable, conduite par un garçon.

Très surpris, il me regarda quelques secondes avant de se concentrer sur sa conduite. Je soupirai. J'aurais voulu m'exploser la tête sur le sol. La voiture s'arrêta sur le bas-côté.

- Toi, t'es qui ? Pourquoi t'as atterri dans ma bagnole ?!

- Je voulais me suicider, mais vous m'en avez empêché, rétorquai-je sèchement.

- Te suicider ? Avec une jambe dans le plâtre ?! Tu déconnes ! T'as quel âge ?

- 12 ans.

- C'est la meilleure de la journée, celle-là... Allez, je te raccompagne chez toi.

- Je ne veux pas rentrer chez moi.

- Pourquoi ça ?

- Si je rentre chez moi, je serai encore tout seul...

Il a soupiré et a allumé le moteur. Il a conduit en silence jusque chez lui. Une fois arrêté, il m'a pris sur son dos, pour que je puisse le suivre. Il habitait dans un petit appartement, au deuxième étage. Il a ouvert la porte, m'a posé sur son canapé et est reparti fermer.

- Coca ou Pepsi ?

- Coca.

- Cherry ou framboise ?

- Vous n'avez pas vanille ?

- T'as cru que je buvais du Coca smecta toi ?

Je me mis à rire, ne m'attendant pas du tout à ça. Il m'apporta un mélange de sa composition, un coca avec du sirop de fraise, dans un grand verre avec une paille. Lui avait un verre de pepsi dans les mains, avec deux glaçons.

- Tu me diras si ça te plaît.

- D'accord.

Je me mets à aspirer le coca à la paille.

- C'est trop bon !

- Voilà ! Je vais pouvoir le dire à Akiko, elle va me détester !

Nous nous sommes souvent revus, après ce jour. Je lui racontais tout ce que je faisais à l'école, et il m'écoutait. Je le voyais comme un grand frère, le grand frère que je n'ai jamais eu. Il s'appelait Chuuya Nakahara et avait des cheveux roux au carré. Il venait parfois me chercher le vendredi soir, quand mon tuteur, Ryûrô Hirotsu, n'était pas là. Je fus rapidement remis de ma jambe cassée, et pouvais courir.

- Chuuya ! J'ai été reçu !

Je sortais à peine de l'école, mon affectation de collège en mains. Il a souri et je suis monté.

La déchéance franche et honnêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant