[EN PAUSE] « 𝙺𝙸𝙽𝙶𝙳𝙾𝙼. » ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏ

Lui

Ses yeux me fixaient, je pouvais le voir même lorsque je fermais les miens. Il m'observait.

Je fixai le plafond un instant, perdu dans mes pensées. Allongé dans le lit de Taehyung, je ne pouvais m'empêcher de repenser à tout cela, en boucle, encore et encore. J'imaginais Taehyung pleurer, me sauver la vie avant de me prendre dans les bras et de me serrer tellement fort contre lui que je faillis mourir pour la deuxième fois de la journée. Je l'imaginais triste et retourné. Mais tout cela me rendait malade. Cela me rendait malade parce que je me rendais enfin compte que je n'étais peut-être pas si insignifiant que cela à ses yeux. Peut-être que j'en étais malade bonheur.

Je me tournai dans sa direction, un peu perturbé d'être dans son lit, en pyjama. J'avais l'habitude de dormir en sous-vêtements mais visiblement, la situation aurait été mille fois plus gênante.

Je plantai mon regard dans le sien. Il n'avait pas beaucoup parlé depuis ce qu'il s'était passé. Alors, forcément, je me posais pas mal de questions : sur ce qu'il ressentait, ce qu'il avait ressenti,... Sur beaucoup trop de choses. Désormais, nous étions l'un en face de l'autre, sous la couverture, à attendre comme des cons. Pourtant, ça ne semblait pas le perturber plus que cela.

-Tu comptes t'endormir un jour ? demandai-je alors que je voyais bien qu'il mourait de fatigue.

Un léger sourire s'étira au coin de sa bouche. Je le sentais tendu, peut-être plus inquiet que moi, et un tas d'autres choses encore. Ses yeux ne mentaient pas, jamais.

-Pas sûr.

Il prononça ces mots comme un murmure. Mon envie habituelle de blaguer et de relativiser s'effaça. Je n'arrivais pas à ressentir quelque chose de concret. J'étais débordé par un trop plein d'émotions qui m'envahissait un peu trop pour que je ne discerne clairement les choses.

-Pas sûr pour moi non plus, soufflai-je. Pourtant, crois-moi, je suis crevé.

Je gloussai doucement, voyant les yeux de Taehyung s'éclaircir de plus en plus et ne sachant pas réellement ce que cela signifiait. Peut-être aurions nous dû faire chambre à part ? Cela aurait sûrement été plus facile. Mais pour une raison que j'ignorais, je n'avais aucune envie de quitter cette chambre.

-Je peux au moins éteindre la lampe, si tu veux, me fit Taehyung en se retournant.

D'un seul coup, nous nous retrouvâmes dans le noir presque complet, si ce n'était que je voyais encore la lumière émanant des yeux de Taehyung, toujours aussi perçants, au point où ils en devenaient discernables même dans le noir total. Jusqu'à ce qu'ils se ferment à leur tour, me laissant dans un noir des plus complets et réel.

Instinctivement, je me remis sur le dos, tentant de m'endormir. Mais bien évidemment, pas moyen de trouver une source d'apaisement, quelque chose pour me rassurer.

Jusqu'à ce que j'y pense un peu plus clairement. Je n'arrivais pas à me rassurer jusque là et je savais pourquoi. Je savais que je n'arrêtais pas de repenser à cela et à ce moment où je m'étais senti mourir. La réponse à toutes mes inquiétudes depuis que j'étais ici me paraissait évidente et elle s'endormait à côté de moi actuellement. Alors, je soufflai un grand coup et tendis légèrement ma main, la laissant glisser le long des draps. En un rien de temps, je trouvai la main de Taehyung, si proche de moi. Avec un calme qui m'était inconnu, je l'attrapai délicatement, enroulant mes doigts autour des siens. Plus que de se laisser faire, je sentis Taehyung resserrer sa poigne, tenant fermement ma main comme il l'avait déjà fait tout à l'heure.

Il fallait dire que comme moyen de se sentir mieux, il n'y avait pas meilleur. Sentir sa main douce dans la mienne, c'était un peu comme partager quelque chose silencieusement, comme si nous parlions un autre langage : un langage qui voulait simplement dire "Je suis là et je le resterai". Et si tout avait changé aussi brutalement entre nous, cela ne venait que de nos actions. Mes sentiments, eux, étaient présents depuis longtemps. Combien de fois avais-je déjà penser à lui tenir la main ou le serrer dans mes bras ? Trop de fois pour que je n'arrive à les compter, probablement.