Chapitre 1

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Habitué aux histoires d'amour qui finissent par « Ils vécurent heureux... »? Préparez-vous, car la fin de celle-ci risque de vous dépayser. Je vous l'annonce de suite ce ne sera pas une Happy end.
Dégoûté de ce manque de suspense? Comprenez bien que cette histoire n'a été créée que dans l'unique et seul but de vous faire voir la vie, non pas comme vous voudriez qu'elle soit mais comme elle est réellement.
Donc commençons, mon héroïne s'appelle Madison Blake. Vous vous demandez sûrement ce qu'elle peut bien avoir de spécial pour être mon héroïne. Bon, puisque vous insistez, elle a le privilège d'être une personne détestable. Et puis, elle n'est ni courageuse, ni gentille, ni calme, et encore moins disciplinée. Aucune qualité, mais au niveau des défauts, je ne l'ai pas épargnée. C'est une jeune fille colérique, bordélique, égocentrique, insatiable et insociable. Je dois admettre qu'elle a une légère tendance à vouloir contrôler le monde qui l'entoure. Je pense avoir fait le tour. J'allais oublier le plus important, elle aime faire vivre un enfer aux personnes qu'elle juge inutiles ou qui selon elle ne feront pas avancer la société.

Vous voyez, elle est tout à fait détestable, et pourtant, vous vous surprendrez à avoir de la peine pour elle.

Madison Blake, 17 ans, rentre des cours comme tous les jeudis à 18h30, dépose négligemment son sac dans le couloir, se dirige vers le petit banc en bois, sur lequel se trouve deux coussins passablement confortables. Elle s'assoit et retire ses baskets. Aujourd'hui, elle porte sa paire préférée, un vieux modèle datant de trois ans déjà. Elle les adore malgré leur simplicité, elles ne possèdent qu'une petite bande de couleur de chaque côté de la chaussure.
Puis, elle accroche sa veste au porte-manteau en acier, rouillé par les années, enfin surtout par l'humidité. Elle marque un arrêt devant le miroir très imposant, placé en face de la porte d'entrée. Un miroir de style baroque, plutôt bien réalisé pour son prix dérisoire. La mère de Madison l'avait acheté pour une misère dans un vide-grenier.
La mère de Madison...Quelle femme! Vous pensez sûrement que je vais vous jouez la scène de la pauvre orpheline qui, pour se venger de la vie, décide d'être odieuse avec son prochain. Mais non, sa mère est toujours là. Enfin là, c'est un bien grand mot. Techniquement parlant, elle est encore là mais...Peut-être que je vous raconterais ce qu'il advient de la mère de Madison, mais pas tout de suite, il faut bien garder un peu de suspense. Je vous ai déjà dit que cela ne se terminera pas bien, il faut bien que je taise quelques détails jusqu'à la dernière ligne. Pour cela, je ne raconterais que des faits allant jusqu'au 7ème anniversaire de Madison, pour ce qui la concerne.
Mais quel anniversaire, encore une fois Catherine avait vu les choses en grand, des ballons multicolores ornaient les murs de l'entrée et du salon, des centaines de confettis rendaient le sol invisible. Un climat de joie régnait. La famille était réunie au complet, même les oncles et tantes qui habitaient à l'autre bout du pays avaient fait le déplacement. Madison était au comble du bonheur.
Mais revenons au présent. Madison marque une pose devant ce si grand miroir. Où jadis, seuls des souvenirs heureux s'entassaient, remplis de grimaces et d'éclats de rire.
Étudiant le moindre petit détail de son visage, allant même jusqu'à étirer sa peau pour tenter d'effacer les ravages du temps qu'elle perçoit déjà. Elle commence par ses yeux, deux émeraudes remplies de colère et de dégoût; puis son nez, assez fin et plutôt bien défini. Elle inspecte ensuite ses pommettes, légèrement rosées, sur lesquelles s'écoulent une larme. Et finit par ses lèvres, une forme de cœur gercée par le froid de l'hiver. Par un geste délicat, elle effleure du bout des doigts sa lèvre inférieure, comme pour être sûre que le reflet terne et dénué de vie qu'elle voit, est bien le sien. Une fois assurée qu'il s'agit bien d'elle, elle frémit de stupeur et recule d'un pas, avant de se résigner et de se rapprocher un peu plus de ce miroir. Ce miroir qui irréductiblement, la pousse à continuer de lire au plus profond d'elle-même. Ce miroir, bien que cela puisse paraître étrange, retient enfermer, la minuscule part d'humanité et de vie qu'il reste à Madison. Cette part, cachée au plus profond d'elle-même et qui lui montre qui elle est derrière cette muraille qu'elle a créée.
Face à cette vision qu'elle ne supporte pas, elle décide de tourner les talons pour se diriger vers la porte du salon. Madison approche sa main de la poignée, mais il n'y a rien à faire, elle est incapable de bouger, elle est comme pétrifiée. Elle jette alors un dernier regard au miroir, avant de finalement poser la main sur la poignée. Elle se retourne alors vers cette porte, dont elle ne trouve pas le courage de tourner la poignée. Elle marque une pose de quelques secondes qui lui paraissent des heures. C'est hésitante qu'elle s'apprête à affronter la réalité, sa réalité, cette réalité qu'elle cherche à fuir, en vain, et cette réalité qui la rattrape toujours.
Doucement, la poignée se tourne, elle ne réalise même pas l'effort surhumain qu'elle est en train de réaliser. Enfin, elle pousse la porte. Elle passe alors d'un couloir sombre à un salon exposé plein sud, baignant dans la lumière. C'est éblouie par la différence de luminosité, qu'elle entre. Durant une fraction de secondes, elle ne voyait rien, noyée dans un bain de lumière aveuglant.
Elle échappait un instant à la réalité, plongée dans un univers de pureté et de clarté.

𝑴𝒂𝒅𝒊𝒔𝒐𝒏 𝑩𝒍𝒂𝒌𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant