Chapitre 17

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Cela faisait un an que Louis était parti, elle ne s'était pas totalement remise de son départ, mais elle s'était juré d'aller de l'avant.
A la rentrée, elle avait rencontré une fille, et quelle fille. Elle n'était pas très grande, mais plutôt mince, un visage rond et des traits fins. Elle était de ces qui ne sont pas populaires, qui détestent ouvertement celles qui le sont, et disent à qui veut l'entendre, que ces filles ne valent pas grand chose. Dans leurs têtes, et dans celles de la plupart des gens, popularité rime avec bêtise. Le cliché de la jolie fille populaire est plutôt tenace. Et Madison n'était pas là pour prouver le contraire, elle n'était pas mauvaise à l'école, mais elle n'était pas non plus excellente. Il n'était pas rare qu'elle se ramasse une bâche à un contrôle super important. Et puis vous voyez ces filles un peu hautaines, qui elles ont cartonné, qui ne se gênent pas pour dire une phrase du genre : "Elle est belle, mais qu'est-ce qu'elle est bête. Comme quoi la beauté ne fait pas tout.". En réalité si elles disent ça c'est par jalousie, dans un monde où l'apparence prime sur le savoir, elles ont besoin d'user des quelques moyens à leur disposition pour se sentir supérieur. Encore une fois, la question de la rivalité permanente revient sur le devant de la scène. Tout est une question d'apparence, de masques, de façades. Oui ces filles sont méchantes face à ces autres filles, mais l'inverse et vrai aussi. Face à un complexe d'infériorité, elle cherchera à rabaisser cette autre fille en lui disant qu'elle n'est pas jolie, que personne ne voudra d'elle.
On associe souvent ce problème d'image aux adolescents, mais il nous touche tous. Si une jolie femme obtient une promotion, on dira qu'elle est passée sous le bureau. Si une femme qui ne correspond pas aux critères de beauté actuels, obtient une promotion, on dira qu'elle se tu au travail et se néglige par conséquent. Prenons un autre exemple, la question de l'épilation. Les poils ne sont tabous que chez les femmes, une femme épilée sera féminine, une femme qui ne l'est pas sera négligée voir même sale. On parle quand même de s'arracher les poils là, ça fait mal, ça coûte cher, ça prend du temps etc... C'est un choix qu'on devrait libre de prendre sans risque d'être jugée ou moquée. J'aime mettre des mots sur les problèmes, et ça, ça s'appelle du body hair shaming. Et c'est tout aussi grave que le body shaming. Il faut qu'on arrête de créer des échelles de problèmes, de les comparer entre eux. Seriez vous prêt à dire à une personne victime de harcèlement sur les réseaux sociaux que son "problème" est moins important que celui de la fille qui s'est violer, et inversement ? Seriez vous prêt à dire à une fille tétraplégique que son "problème" est moins important que celui de la famille dont la fille a été assassinée, et inversement ? Moi non, parce ce n'est pas comparable. C'est pareil pour le body shaming et tout ce qui se termine par shaming, ce n'est pas comparable.
Madison pensait la même chose, et vivait tous ces "problèmes" de la même manière. Elle vivait très mal le fait que ces filles insistent sur son point faible. Elle était encore la gentille Madison et donc ne répondait pas à leurs assauts, mais elle n'en était pas moins affectée. Elle se disait intérieurement "Ne leur réponds pas, tu vaux bien mieux que ça. Ne leur fait pas le plaisir de raconter à tout le monde que tu es une peste.".
Malheureusement, elles eurent raison de sa patience. Cette fille qu'elle avait rencontré, lui lança un jour un pic qui avait la puissance d'une bombe atomique, "Bah alors, il paraît même que t'as réussi à faire fuir ton meilleur pote. T'as fait quoi ? Tu l'as écœurée par ta bêtise ? Non je sais, il a compris que t'était bête comme la lune !". Elle osait utiliser contre elle, le départ de celui qui avait le plus compter pour elle, non c'était trop. Elle devait remettre Kate à sa place. Madison lui sortit donc deux ou trois punchlines bien placées, et réussi à lui rabattre le caquet. Une vraie vipère cette Kate, typiquement le genre de fille à vouloir jouer à la sainte nitouche, et par derrière à cracher sur tout le monde. Autours d'elles, s'était formé un attroupement de curieux, tous plus idiots les uns que les autres, ils criaient aux deux rivales d'en venir aux mains, de se battre, de se donner en spectacle en somme. Madison refusait catégoriquement de lever la main sur qui que se soit, même Kate, elle se souvenait des séquelles laissaient sur Louis. Elle partit donc, laissant Kate au beau milieu de la foule, les bras ballants. Mais petite peste qu'elle est, elle était allé voir la CPE pour lui raconter à quelle point Madison avait été méchante avec elle, son récit s'accompagnait bien évidemment des larmes de crocodile qui étaient de circonstance.
Madison et sa mère furent convoquées, Madison se présenta à l'heure à son bureau, ignorant le motif de cette convocation. Elle et la CPE attendirent sa mère pendant près d'une demi-heure, mais rien, elle n'était pas venue. Bien sûr cela ne jouait pas en faveur de Madison, et la CPE l'accusa de ne pas avoir transmis la convocation à sa mère. Elle nia en bloc, elle ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas déjà arrivée. En réalité elle savait très bien pourquoi elle n'était pas venu, mais elle préféra se taire. La CPE lui exposa les faits, elle harcelait une de ses camarades. Madison explosa de rire, à vrai dire, il y avait de quoi, la situation était tout ce qu'il y avait de plus ironique. La CPE prit ce rire pour un aveu et la sanction tomba. Madison était collée pour les trois prochains mois et si d'aventure un de ses camarades venait à se plaindre de son comportement, elle irait en conseil de discipline. Il faut dire qu'on ne rigole pas avec le harcèlement.

𝑴𝒂𝒅𝒊𝒔𝒐𝒏 𝑩𝒍𝒂𝒌𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant