Chapitre 8

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Comme tout le monde, Madison était affectée par les réseaux sociaux. Elle devait être toujours parfaite, montrer la meilleure version d'elle-même. Elle mettait toujours la barre très haut. Il n'était pas question de se trouver jolie ou quoi que ce soit, non, il fallait que les autres la trouvent jolie. Elle souhaitait désormais attirer toutes les convoitises. De toute façon, à quoi bon continuer de jouer la gentille, si cela lui rapportait autant de haine que de jouer la méchante.
Les termes que j'emplois peuvent vous paraitre simples ou enfantins, mais c'est le but recherché. Dans sa tête, Madison réfléchissais comme une gamine. Les chocs qu'elle avait reçus lui avaient peut-être grillé quelques neurones après tout.
Mais en vérité, Madison avait choisi de se réfugier dans un recoin de sa mémoire. Elle tentait de se focaliser sur un souvenir en particulier : l'été à la maison de campagne où elle devait avoir cinq ou six ans. Cet été-là, sa famille était au complet, il y avait son père, sa mère et son frère. Qu'est-ce qu'ils étaient heureux. Madison passait ses journées à jouer avec son frère dans le parc qui entourait la maison. Il s'agissait d'un genre de manoir baroque, que la famille de son père se transmettait de génération en génération. La famille du père de Madison était assez riche et descendait d'une longue lignée de bourgeois, enfin de riches si vous préférez un terme plus "moderne". Le grand-père de Madison l'avait fait complètement rénové. Il y avait une balançoire dans le jardin, Madison et son frère pouvaient y passer des heures. Et puis, il arrivait toujours ce moment où se faisaient gronder parce qu'ils rentraient trop tard. C'était le bon vieux temps quoi. Madison ne comprenait pas vraiment pourquoi c'était sur cette année-là en particulier qu'elle s'était focalisée. Le souvenir qu'elle gardait de cette année était beau certes, mais il n'avait rien de particulier. Pourquoi avait-elle choisie ce souvenir et pas un autre plus mémorable ?
Parfois, Madison se demandait si elle était normale, si elle n'était pas folle. On est tous un peu fou à notre manière. Mais là, je parle de vraie folie, si tant est que cela existe.
Parfois, elle atterrissait à des endroits qu'elle ne connaissait pas, et elle n'avait aucune idée de comment elle était arrivée là. Elle faisait des rêves éveillés aussi. En plein cours de maths, elle voyait apparaître son père devant le tableau noir. Elle entendait des voix un peu partout, elle avait des absences. Madison avait vraiment changé depuis son retour, et ces changements étaient bien plus profonds que ce que tout le monde pensait.
Madison était arrivée tôt ce matin-là , elle avait envie de croiser le moins de personnes possible. Ce jour-là, pour la première fois, Madison portait son rouge à lèvre iconique, c'était devenu sa nouvelle signature. Son style vestimentaire avait lui aussi subi quelques changements mineurs. Elle s'était coupé les cheveux, elle passait alors de longs cheveux, à un carré à l'épaule. Son nouveau look lui allait plutôt bien honnêtement, mais il y avait quelque chose dans sa nouvelle attitude qui criait "Si tu veux me descendre, réfléchis-y à deux fois, parce que je suis capable de te réduire en poussière en un claquement de doigts.".
Madison avait en sa possession une nouvelle arme, elle était intouchable en tout et pour tout. Elle n'avait tout simplement plus rien à perdre. Bien sûr, elle devait essuyer les mêmes remarques désobligeantes, mais cette fois-ci, elle se sentait en droit de riposter. Elle allait leur faire payer les mois d'humiliation qu'elle avait subi. Madison a toujours été douée pour répliquer, elle toujours eu ce sens singulier de la répartie.
La première personne qu'elle remis à sa place, ce fut Karl Lodse. Le pauvre s'était sentie tellement humilié par les réflexions de Madison, qu'il décida de changer d'établissement. Pour Madison, c'était la première d'une longue lignée de victoire. Une fois qu'on a goûté à cette force que nous procure le pouvoir, il est impossible de faire marche arrière. Et cela, Madison le compris trop tard, bien trop tard. Madison, inspirait alors toutes les craintes, on la préférait en tant qu'alliée plutôt qu'en tant qu'ennemie. Les réflexions directes avaient cessé, il n'empêche que dès que Madison avait le dos tourné, on se permettait alors de lui cracher dessus. Cette fois-ci, Madison avait mérité ces commentaires, mais ils la faisaient rire. Tous ces gens qui se croyaient mieux qu'elle, ne valaient pas mieux, ils étaient comme elle, si ce n'est pire. Elle au moins, elle assumait et elle disait sans détours le fond de sa pensée à tous ceux qui la croisaient. Certains mêmes, lui rapportaient ce que d'autres avaient raconté dans son dos. Elle est belle l'amitié dans tout ça, n'est-ce pas ?
A ses yeux, ces gens qui lui paraissait si puissant il y a de cela quelques mois, n'étaient rien d'autres que des lâches. Est-ce que ce qu'ils lui avaient fait subir justifiait son comportement actuel ? Non. Mais encore une fois, pensez-vous qu'elle avait vraiment le choix ?

𝑴𝒂𝒅𝒊𝒔𝒐𝒏 𝑩𝒍𝒂𝒌𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant