Chapitre 7

45 4 1
                                    

Madison était transformée à son retour, elle n'était plus aussi naïve. A présent, elle était méchante, profondément méchante. Elle se moquait de tout et de tout le monde. Oui, Madison a harcelé des gens. Oui, Madison a commencé à son tour de poster des messages haineux. Oui, Madison voulait que la terre entière souffre. Oui, elle voulait voir les gens souffrir autant qu'elle souffrait. C'était purement et simplement égoïste, c'est vrai. Mais qu'aurez-vous fait à sa place ? Devant elle, il y avait deux options, se battre ou mourir.
C'est comme ça qu'elle considérait son dilemme. Soit elle laissait sa tristesse l'envahir, soit elle choisissait de la remplacer par une autre émotion. Et elle avait choisi la haine. Se focaliser sur seule et même émotion, permet souvent d'en éclipser une autre. Oui, cela revient à dire qu'elle était dans le déni, mais c'était vrai. Elle niait aux yeux du monde entier avoir souffert, elle niait avoir été affectée par leurs commentaires, elle niait avoir penser au suicide.
Aux yeux du monde, Madison était devenue la peste qu'ils avaient imaginé quelques mois auparavant. Alors oui, je défends ma position, pour moi, on ne nait pas mauvais, on le devient par une suite d'événements traumatisants. Et oui, en même temps, je dis que la nature humaine a une tendance à être mauvaise. Parce que oui, je pense que nous avons tous et toutes une influence toxique sur quelqu'un d'autre, et que quelqu'un d'autre, a une influence toxique sur nous.
Soyons honnêtes avec nous-même, si on passe autant de temps sur les réseaux sociaux, c'est parce qu'on a ce besoin de nous dénigrer, de se dire "Qu'est-ce qu'elle est jolie, pourquoi je ne suis pas comme elle ?". Et qu'on a besoin de dénigrer les autres, de se dire "Je ne suis quand même pas comme elle ?". Alors oui, nous nous dénigrons les uns les autres, mêmes ceux qui disent ne s'être jamais moqué du physique d'autrui, ont un jour ne serait-ce que pensé "Elle devrait peut-être penser à faire du sport.". Oui, ces mots sont durs à entendre mais c'est la vérité. Malheureusement, nous sommes entrés dans un cercle de moqueries infini. Alors oui, on prône l'acceptation de soi dans un monde où on nous bombarde de photos retouchées de filles "parfaites". Oui, on peut toujours faire genre, que tout cela ne nous atteint pas, mais à la fin de la journée, inconsciemment, on va se souvenir de cette photo qu'on a vue, qu'on a liké, et inconsciemment, on va se trouver de nouveaux défauts. A l'époque où nous n'étions pas surmédiatisés, les personnes répondant aux standards de beauté se faisaient rare, mais de nos jours, on voit de plus en plus de filles répondant à ces critères. Ce qui était autrefois une exception, est devenue aujourd'hui la norme. Et pourtant, le nombre de ces "beautés naturelles" n'a pas augmenté. Alors comment expliquer que l'on voit autant de filles qui sont capables de nous donner des complexes ? Mais parce qu'aujourd'hui, nous mettons en avant toutes ces filles, nous les exposons. Alors oui, il y en a certaines qui sont narcissique, mais il y en a qui n'ont rien demandaient à personne.
Pensez-vous qu'il soit juste de leur envoyer de la haine juste parce qu'elles représentent à nos yeux un idéal de beauté ? Je ne pense pas, mais libre à vous de me contredire. Le problème dans tout ça, ce n'est pas tellement la plateforme, ni les "influenceurs", ni même nous en tant que publique. Non, je pense que le véritable problème, c'est notre perception d'autrui, et spécialement chez les femmes.
Depuis la nuit des temps, nous sommes en compétition les unes contre les autres, depuis la nuit des temps, nous cherchons à correspondre à un idéal. Pourquoi me demanderez-vous ? Eh bien, parce que depuis la nuit des temps, ce sont les hommes qui choisissent leurs épouses et pas l'inverse. Bien sûr de nos jours, cela a changé, les droits des femmes tout ça tout ça. Mais notre comportement actuel, résulte de cette "tradition". Nous étions en compétition les unes contre les autres, nous devions être jolies. Ce n'était pas un problème si un homme n'était pas très beau, mais pour une femme, c'était tout un drame. Nous continuons malgré nous, à perpétuer cette compétition, nous ressentons ce besoin de nous comparer, de nous juger. Pour vous est-ce normal que de plus en plus de jeunes filles, de très jeunes filles, se trouvent des complexes ? Est-ce normal qu'elles souffrent de cette atmosphère d'hyper sexualisation de la femme ? Est-ce normal que sur les réseaux sociaux le règle se soit, soit tu perces soit on te brise ? Je ne cherche pas à noircir le tableau, il y a comme pour tout, du positif, oui, ils permettent à certains de s'épanouir dans leurs arts, oui, ils permettent à certains de recevoir des messages de soutien, oui, ils permettent à certains de s'accepter tels qu'ils sont, mais oui, ils en brisent beaucoup.
Sérieusement, pour quoi croyez-vous que Madison passait une heure à se préparer tous les matins ?

𝑴𝒂𝒅𝒊𝒔𝒐𝒏 𝑩𝒍𝒂𝒌𝒆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant