XIII- Coline, la solitude

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---Deux ans plus tard---

Le soleil lui chauffait la peau à travers la vitre de sa fenêtre.
Coline se prit à rêver au futur qui lui tendait les bras.
Elle allait bientôt découvrir une nouvelle facette de la vie, une nouvelle histoire.
Un renouveau.

- Coline dépêche-toi, ils t'attendent !

- J'arrive !

La jeune fille attrapa son sac déjà près depuis une semaine et quitta cette chambre qui l'avait abrité pendant 14 ans sans un regard en arrière.
Elle était bien décidé à tourner la page.
Aujourd'hui, jour de ses 18 ans, allait marquer le début de sa nouvelle vie.

Lorsqu'elle arriva au rez-de-chaussée, une vague d'émotions l'envahit.
Devant elle se tenaient les quelques amis qu'elle s'était faite ici. Ce sont eux qui l'ont tiré peu à peu vers la surface, qui l'ont aidé du mieux qu'ils pouvaient lorsqu'elle sombrait dans la solitude, lorsqu'elle se noyait dans la tristesse

La maîtresse de maison s'approcha la première pour prendre Coline dans ses bras.

- Tu vas me manquer ma petite Coline.

Cette dernière sourit en ravalant ses larmes.

- Vous aussi Ellie...

Puis une vague de chevelures de toutes les couleurs vinrent ensevelir la jeune femme.

- Tu vas tellement me manquez Co' !

- Toi aussi Méline... Mais l'année prochaine c'est ton tour, on se reverra dehors !

Coline embrassa la petite blonde qui avait été sa meilleure amie durant toutes ces années.
Après ce moment fort en émotions, elle remercia encore ses amis avant de s'avancer vers la porte d'entrée.
Sa porte de sortie en l'occurrence.
Coline sourit à son passé et se tourna définitivement vers son avenir.
Pas question de faire demi-tour.
Elle ouvrit la porte et laissa le vent frais du début de l'automne lui fouetter le visage.

Elle laissa s'échapper un rire euphorique et se mit à courir dans la petite rue qui s'offrait à elle.
Dans son dos, les portes de l'orphelinat se fermèrent pour de bon, emportant avec elles les démons du passé.
Coline souriait à l'avenir, elle réalisait que sa nouvelle vie allait enfin commencer.

Sans réfléchir, elle laissait ses pieds la guider vers sa première destination.
L'endroit qui l'avait fait rêver des années durant, sans qu'elle ne puisse l'approcher.
Après quelques minutes, elle se retrouva face au géant de pierre.
Elle caressait sa roche, remplissant son corps de frisson.
Elle s'assit alors sur le bord de la fontaine, réalisant peu à peu ce qu'elle faisait.
Les yeux clos, Coline rêvait à sa liberté, laissant son coeur s'ouvrir aux sensations qu'elle avait longtemps imaginé.
Elle baissa les yeux sur la pierre qui avait bercé ses nuits, elle repensait à tous les secrets qu'elle lui avait confié depuis la fenêtre de sa chambre.
Un sourire nostalgique prit possession de son visage et des souvenirs d'il y a deux ans refirent surface.

Et soudain, comme une réponse à ses pensées, un carnet bien familier entra dans son champ de vision.
D'abord confuse, elle mit un moment à réaliser ce qui se tenait poser sur la pierre.
Elle était persuadée d'avoir égaré ce carnet dans l'orphelinat il y a maintenant deux ans.
Elle avait passé des semaines à le chercher sans succès et avait finalement abandonné avec beaucoup de peine.

Lorsqu'elle réalisa qu'il se trouvait vraiment devant elle, l'émotion l'enveloppa, la coupant du monde extérieur.
Il n'y avait plus qu'elle, la fontaine et le carnet.
Son carnet.
Les larmes roulaient sur ses joues et se rejoignirent sur le coin de ses lèvres.
Celles-ci s'étirèrent finalement dans un sourire plein d'émotions, et Coline se pencha pour saisir son bien.
Elle caressa tendrement la couverture de cuir et une pointe d'hésitation la prit.
Que trouverait-elle parmi ses dessins et ses poèmes ?
Y aura t-il une réponse à sa lettre, ou la retrouvera-t-elle totalement seule, comme elle l'était à l'époque ?

Elle avait écrit cette lettre deux années auparavant, une nuit où la douleur et la solitude l'avaient enveloppé, entraînant une énième insomnie.
Elle avait saisi le carnet ou été réuni ses dessins et ses poèmes et avait laissé parler son coeur.
Elle souhaitait le déposer auprès de la fontaine qui abritait ses désirs, comme écrit dans sa lettre, mais n'avait jamais eu l'occasion de sortir.
L'orphelinat dans lequel elle se trouvait avait très peu de moyen et ne pouvait pas se permettre d'organiser des sorties onéreuse ou même de laisser se promener une trentaine d'enfants dans la ville par manque de personnel pour les surveiller.
Les orphelins devait se contenter d'un coin de verdure délabré, situé derrière le bâtiment, pour se dégourdir les jambes.

Chassant ces douloureux souvenirs, la jeune femme prit une dernière inspiration avant d'ouvrir son carnet, le coeur lourd mais l'esprit curieux.

Elle tourna les pages griffonnées tout en s'interrogeant vivement sûr la façon dont son carnet pouvait bien avoir atterri ici.
Elle et tomba finalement sur un texte à la calligraphie inconnu.
Les émotions se bousculaient alors dans sa tête tandis qu'elle commença sa lecture.

Personne n'est seul Où les histoires vivent. Découvrez maintenant