Est-ce que ce serait trop tôt pour penser que ma mère était sûrement l'une des deux jumelles dont il parlait ? J'avais tellement envie d'y croire. Cela faisait si longtemps que j'espérais tomber sur une piste qui me mènerait à elle. Et là, c'était un miracle de tomber sur Fried, LA personne qui s'est occupée des seules personnes qui descendaient des fondateurs de La Meute.
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Mais qu'est-ce qui te dit que cet emblème est bien celui de ta famille ? Demanda Qwis. Tu aurais bien pu être liée à un de ses membres et ça peut être n'importe qui !
- C'est Ruby qui m'a offert ce pull, et quand mon père a vu l'emblème il a dit qu'il appartenait à ma mère. De ce que j'ai compris, Ruby connaissait ma mère et savait que cet emblème était le sien, argumentais-je.
- Ruby ? S'enquit Fried.
- Oui une elfe qui s'occupe de moi depuis looongtemps, répondis-je avec un sourire.
- Eh bien combien y a-t-il d'elfes dans Netherlon ? Ricana Qwis. Pour en connaître autant, vous faites fort tous les deux.
- Il est vrai que je ne connaissais pas d'elfe nommée Ruby, déclara Fried amusé. Ma foi, je suis certain que cette elfe-là est tout aussi adorable que les autres.
J'acquiesçais vivement. Mon sourire s'effaça alors rien qu'en pensant à l'elfe. Je voulais terriblement la voir, lui parler, déballer toutes les questions que j'avais. Je sentais qu'apprendre la vérité de quelqu'un d'autre ne me satisferait pas. La déduire toute seule encore moins.
D'un coup, une détonation perça le mur dans mon dos. Surprise, je ne pus retenir mon cri, qu'est-ce qu'il se passait ? Je ne voyais plus où se trouvaient Fried et Qwis, des ombres se mouvaient au milieu de la fumée levée par l'effondrement du mur. Ne me laissant pas le temps de réagir, mes poignets furent brusquement saisis. Me débattant de toutes mes forces, un choc électrique parcourut mon échine dans toute sa longueur. Les spasmes provoqués par ce coup, me paralysèrent. Mais qu'est-ce qu'il se passait bon sang ?! Ma conscience s'évapora rapidement.
Rien à faire, j'avais beau marteler la porte, personne n'approchait de cette prison de pierre. C'était bien ma veine. La gamine n'était toujours pas revenue à elle, j'espérais qu'elle reste comme ça le temps que je trouve un moyen de nous faire sortir de là. Détournant mon regard de ses jambes, je me persuadais que tout irait bien. Si j'avais été seule, j'aurais pu détruire ces murs et sortir sans problème. Mais je ne pouvais pas risquer de mettre davantage la petite en danger. Qui sait si nous ne nous trouvions pas en sous-sol ? Fracasser les murs l'aurait enterrée vivante.
Raaah cette situation me foutait les nerfs. J'entendais déjà Riku se foutre de ma gueule, il n'était doué que pour ça de toute façon. « Moi j'aurais fait ça » gnagnagna. Rien que d'imaginer ses réactions ne faisait qu'empirer mon humeur. Inspirant profondément, je me forçais à reprendre un état d'esprit plus calme, il le fallait. Si ce n'était pas pour moi, au moins pour la petite.
Cette gymnastique terminée, je reportais mon attention vers les présences que je sentais aux alentours. Il y avait énormément d'hécatiens dans le bâtiment, ce n'était pas vraiment quelque chose de normal pour une zone qui ne possédait pas de quartiers comme la Monster City. En réfléchissant un peu, Riku avait mentionné une fois le nom d'un clan d'hécatiens. Je n'aurais jamais cru qu'il existait vraiment. Qu'avait-il dit à propos de ces gens-là ? Je ne retrouvais que des bribes de ses paroles. Cela avait un rapport avec des enlèvements ... Oui merci, j'avais pas remarqué. Super mémoire, à l'avenir je n'en ferai pas davantage usage. Peut-être qu'en affinant ma recherche, je pourrais localiser où se trouvaient les gardes qui me gênaient.
Deux d'entre eux passaient dans le couloir faisant face à notre cellule.
- On a encore récupéré des hécatiens ?
- Juste une. Elle se débattait comme une sauvage malgré sa petite taille !
- Heureusement qu'on était pas sur ce secteur-là. Et puis c'était pas Tresha qui gérait la zone ?
Tresha ? Ce nom me disait quelque chose, qui était-ce déjà ?
- Mais tais-toi tu veux ! Moins fort. Tresha n'est plus en charge d'aucun territoire vu qu'elle a trahi le clan !
- Tu sais que je crois pas trop à ces histoires, elle était un excellent chef jusqu'à ce qu'elle trouve l'autre conne Lynsey.
- Une humaine reste une humaine, c'est pas étonnant qu'elle se soit révélé être un espion.
Je ne comprenais pas vraiment de quoi ils parlaient. N'ayant jamais vraiment discuté avec Lynsey, j'avais juste compris qu'elle cherchait cette dénommée Tresha. Et si j'écoutais encore un peu ?
- ... jugée par les dirigeants du clan ? Elle va se faire dépecer oui !
- Qui se frotte au Void en subit les conséquences.
Je ricanais intérieurement, une humaine allait enfin subir ce que les siens nous ont fait subir, bien fait ! Le visage de Lynsey me revint alors à l'esprit, il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir la détresse dans son regard. Un peu comme ... cette fois-là.
Je me revoyais, dans le bâtiment qui m'avait enlevé à mon chez moi. Je n'étais pas plus grande d'If à cette époque-là, les seules fois où l'on sortait de nos geôles, nous étions pieds et poings liés, obligés de nous mouvoir en file. Si l'un d'entre nous trébuchait, on avait le droit à plusieurs coups sur les doigts. Les premiers temps, je n'arrêtais pas de pleurnicher pour un rien, ce qui avait le don pour énerver nos oppresseurs. Riku n'était pas souvent là pour me protéger de leurs punitions. Les exécutions gratuites à titre d'exemple, je les redoutais tellement, pourtant rien ne faisait taire mes pleurs. En être témoin ne faisait que les renforcer. Alors le jour où un fusil fut pointé contre ma tempe, ce fut la dernière fois que mes larmes roulèrent sur mes joues. Rien que d'y penser j'en avais des hauts-le-cœur. Eux qui nous traitaient d'abominations en permanence, ne se rendaient-ils pas compte de leur monstruosité ... ?
« Tout ira bien. » furent les derniers mots que j'entendrais de ma mère. J'étais incapable de dire si le sourire qu'elle afficha à ce moment-là était réel ou forcé. Je n'avais jamais avoué à Riku que j'étais encore consciente quand tout a dérapé.
Pour resituer la scène, c'était une nuit d'hiver, beaucoup d'entre nous n'avaient pas survécu aux températures, cela ne semblait pas inquiéter les soldats qui se débarrassaient d'eux comme on le ferait avec des ordures. J'étais effrayée, c'était le moins qu'on puisse dire. Chaque nuit j'avais peur de ne pas me réveiller le lendemain. Il fallait dire qu'avant le burst, notre condition physique n'était pas si différente de celle d'enfants humains. Les prisons insalubres aux murs non étanches faisaient des ravages lors des changements de saison. Dormant à même le sol, notre survie tenait du miracle.
Les soldats n'avaient pas la permission d'aller en ville pour se soûler, pourtant cette fois-là ils sortirent en douce. Revenant que très tard dans la nuit, ils passèrent par nos cellules, le bruit de pas incessant avait réveillé tous les jeunes. Retenant à peine notre surprise, on voyait débarquer nos parents. Riku profita du tumulte pour retourner à mes côtés. Je ne cherchais que notre mère dans la foule. A peine l'avais-je croisé du regard qu'un premier coup de feu fit éclater les premiers cris. Il y avait des choses dans la vie qu'on ne souhaitait à personne, pas même à ses pires ennemis. Tout s'était teinté de rouge, ma vision devenue flou alors que j'étais témoin d'un véritable carnage. Je ne saurais pas dire si j'avais eu raison de céder à la rage, mais sous l'impulsion du burst j'avais laissé libre-court à cette nouvelle puissance qui emplissait mon être.
J'ai jusqu'à ce jour, toujours du sang sur les mains, celui d'humains mêlé à celui d'autres hécatiens. Riku m'avait pardonné mon excès croyant que j'étais aveuglée par la rage, mais j'avais raison de penser que j'avais juste cédé à des pulsions que j'ai toujours retenu. S'il y avait bien un hécatien dans cette base qui avait mérité toutes leurs injures, c'était bien moi.
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Beyond the Light - Les bidonvilles de Netherlon
ParanormalCe livre, je pense l'avoir reçu de ma grand-mère mais je suis incapable de le confirmer malheureusement. Je l'ai trouvé au milieu d'un carton abandonné dans son grenier et je découvre à travers lui un monde, soyons honnête, qui me fait vaguement pen...