Rough

\50\

And the bank robbed the people
So the people rob the bank

***

J'avais peur.
Trop peur.

Kylian et moi c'était comme la mer et ses poissons, le feu et ses cendres, le ciel et ses nuages...
Sans lui je n'étais que l'ombre de moi-même, une épave.
Et je pouvais couler encore et encore... Sans jamais toucher le fond.

Une semaine.
Voilà ce qu'il me restait.

Je ne me sentais plus aussi confiante qu'au début, qu'au moment où j'ai pris cette décision fatale.

Était-ce vraiment ce que je voulais au fond?

Oh merde... Bien-sûr que c'était ce que je voulais! Et plus que tout au monde!

"Kat?"

Je relève la tête surprise et constate que Brad me fixait avec curiosité.

"Qu... Qu'est ce qu'il y a?

-Tu as l'air... Bizarre..."

Je hausse les épaules en reportant mon regard sur la feuille devant moi.

"C'est rien... J'en ai juste marre de bosser sur ce dossier...

-T'en fais pas. On a pratiquement terminé, il faut juste mettre en page.

-Super..."

Je ne comprenais toujours pas comment mon entourage faisait pour se montrer aussi détendu.

C'est vrai... Kylian et Brad ne semblaient pas affectés par mon départ imminent, ils ne m'en parlaient jamais, ils évitaient le sujet ces derniers jours.

Ma mère est comme à son habitude, un déchet à forme humaine rempli de poudre blanche.

Je n'avais pas de regret à la laisser là, mais qu'allait-elle devenir?
Il faudra qu'elle baise deux fois plus pour payer le loyer et sa consommation.

Quoique... Ce n'est plus mon problème.

"Si tu veux... Je peux m'occuper de ça... Tu as peut-être d'autres choses importantes à faire. Déclare alors Brad.

-Quoi? Non, je peux t'aider.

-Vraiment? Ça ira pour moi, tu sais? Ce n'est pas compliqué..."

Il referme son ordinateur portable et je soupire.

"Alors si tu y tiens..." Marmonnais-je.

Malgré tous les événements, j'attendais toujours sa déclaration.

Mes oreilles restaient à l'affût en permanence, que ce soit pendant notre cours commun, pendant nos devoirs, pendant nos promenades ou même pendant qu'on faisait l'amour.

Mais il ne crachait jamais le morceau.

Ça commençait à me peser lourdement. Je n'avais pas envie de partir avec ce vide, j'attendais avec ferveur.

"Dis...?"

Il était en train de ranger ses affaires, il finit par lever la tête vers moi en m'interrogeant du regard.

"Non rien."

Je me lève et attrape mon sac.

"Il faut que j'aille travailler... C'est mon dernier jour. Dis-je.

-Ah vraiment? Bon courage alors. Sourit-il.

-Oui..."

J'allais tourner les talons mais il me prend de court et m'embrasse tendrement.