Chapitre 4

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Mon père m'a dit un jour : « les légendes ne mentent pas ».

J'ai vécu ainsi pendant trois ans, volant, fuyant. Je ne vivais pas, je ne faisais que survivre dans un monde violent. J'avais tissé des liens avec Wahangu, qui ne me quittait pas. Il était bien dressé. J'avais dix-huit ans. Parfois, je ne me rendais pas compte que je vivais ainsi depuis 11 ans. Ma tête se souvenait encore de ma mère, dans ses moindres détails. Mais mon cœur lui avait oublié la chaleur réconfortante d'une étreinte.

J'avais rencontré bien des problèmes au cours de ces années, seuls. Plusieurs fois, j'avais failli mourir. Mais j'étais encore en vie. Et je pensais de plus en plus à me poser dans un village, arrêter de voyager. Mais je me rappelais à chaque fois des personnes malveillantes qui me poursuivaient.

Ce jour-là, je faisais une pause dans une petite ville, pour acheter de quoi me nourrir et de nouvelles armes. Le poignard de mon père commençait à s'émousser, il fallait que je l'aiguise. Wahangu hennissait à mes côtés. Il avait faim lui aussi. Je le calmai en lui frottant le museau. Les gens ne faisaient pas vraiment attention à moi, j'étais dans un territoire neutre. Pas de voleurs, ni de personnes malveillantes. Du moins, leur attention n'était pas tournée vers moi. Je ne voulais pas aller dans une auberge, les gens me remarqueraient plus facilement. Je décidai donc de me rendre dans les champs à la sortie de la ville pour demander de l'aide à un fermier. Plusieurs me refusèrent l'entrée à leur ferme, et je le comprenais. Finalement, un vieil homme accepta de m'héberger. Wahangu put se rafraîchir à l'abreuvoir. Le vieil homme me fit visiter. Il s'appelait Lino. C'était un nom peu commun. Il me parlait de sa vie, et de ses enfants partis à la guerre. Il attendait leur retour avec patience. Nous nous installâmes à table pour manger. Cela faisait un petit moment que je n'avais pas dégusté un fromage fermier.

Le repas terminé, le vieillard débarrassa. Je l'aidai puis il s'assit et me regarda. Je ne savais pas quoi faire, prendre congé ou rester moi aussi assis. Finalement, il prit la parole.

Lino : Je vais te raconter une légende de notre pays. C'était il y a bien longtemps, bien avant que la guerre n'éclate. Il existait des créatures mythiques, majestueuses. Elles étaient nombreuses, et signe de sagesse. Elles contrôlaient l'un des éléments de la nature, le feu. Des dragons, aussi appelés Tarakona.

Je me redressai et écoutai attentivement. J'étais curieux.

Lino : Longtemps, ils vécurent en paix. Mais le roi Marcus était avide de pouvoir. Il se mit à leur chasse, les tuant par milliers. Pratiquement tous les dragons disparurent de la planète. Marcus fit confectionner un trône en peau de dragons, pour montrer son pouvoir et sa puissance.

Lino se tut et regarda dans le vide. J'étais fasciné par l'histoire. Je me penchai en avant.

Moi : Que s'est-il passé ensuite ?

Lino : Personne ne le sait. Mais la légende raconte que les Tarakona sont toujours en vie, cachés quelque part dans les montagnes.

Il se tut et alla se coucher. La nuit était déjà bien avancée quand je m'endormis enfin. Je ne fis pas de rêves, et me réveillai tôt. Lino était en train de manger. Je le remerciai pour la nuit et le repas et allai chercher Wahangu. Il piaffait d'impatience. Je partis en direction non pas de la forêt, mais en direction des montagnes. S'il existait d'autres Tarakona, je devais les trouver. Il me fallait des réponses, et j'étais bien décidé à les avoir.

TarakonaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant