Chapitre 3

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Mon père m'a dit un jour : « ne fais pas confiance à celui qui a le pouvoir de te trahir ».

A vivre sur les routes pendant huit ans avec mon père, j'avais appris certains trucs. Je pouvais me débrouiller tout seul en forêt. Avec l'arc que j'avais récupéré de l'homme, je pouvais chasser. Il suffisait que je fabrique des flèches. Chose très simple. Le seul objet qui n'avait pas brûlé, c'était un poignard que mon père gardait toujours sur lui. Je l'avais récupéré, c'était mon héritage. Je n'étais pas très matérialiste, mais ce poignard comptait beaucoup pour moi. Je ne connaissais pas trop les environs, je pouvais à tout moment tomber sur un repaire de brigands ou un ours. J'étais très prudent.

Je marchais depuis presque trois jours quand j'aperçus les prémices d'un village. Il grouillait d'activité, les commerçants se bousculaient et criaient. Je me faufilai entre les passants, me faisant tout petit. J'évitai les petites rues. Je n'avais pas d'argent, il allait falloir que je vole ce dont j'avais besoin. Je repérai un magnifique cheval. Il attendait son maître attaché à une barrière. Je m'approchai doucement, et tranchai la lanière d'un geste sec. Il ne fallait pas perdre de temps. J'éloignai doucement l'animal, qui ne se défendit pas trop. Son maître devait l'avoir obtenu récemment, parce qu'il ne lui était pas encore fidèle. Je le guidai jusqu'à un endroit éloigné. Je montai sur la selle. Je n'étais pas monté depuis un moment, c'était toujours mon père qui le chevauchait à cause de sa condition physique. Heureusement, je n'avais pas perdu mes réflexes, et je m'adaptai rapidement. Je partis au grand galop. Si j'arrivais à atteindre la lisière de la forêt, son propriétaire ne reverrait jamais son cheval. Des cris retentirent dans mon dos. Je me penchai sur l'animal pour augmenter la vitesse. Je franchi les arbres et ralenti l'allure.

La nuit était tombée. Le cheval était calme. Je me désaltérai à une source d'eau. Il fallait que je reparte immédiatement, les villageois allaient se mettre à la recherche de l'animal. Je devais lui donner un nom d'ailleurs. Je l'observai longuement. Wahangu, le silence. Je lui caressai le museau en murmurant son nouveau nom, pour qu'il s'y habitue. Je me mis ensuite en route, laissant Wahangu galoper comme il le voulait. Il n'avait pas dû courir à pleine puissance depuis un moment. Toute la nuit, je voyageai à cheval. Quand le jour se leva, je décidai de faire une pause, car Wahangu était fatigué. Je sautai au sol et sortit ma gourde. Je bus à grande gorgée, avant de la remplir de nouveau à la rivière. Je devais être à quelques heures à peine du prochain village. Je n'avais pas de carte, alors j'avançai à l'aveuglette. Cette fois, je marchai en tirant le cheval derrière moi. Le terrain était assez inégal, et je prenais plus de temps à avancer. Mais je continuais à persévérer, et en fin de journée, j'arrivai finalement au village. Il était assez grand, et tout le monde me regardait bizarrement. Je devais être dans un repère de voleurs. Je ne fis pas attention aux murmures sur mon passage et m'arrêtai à la première auberge que je trouvai. J'attachai Wahangu à une barrière, pas assez fort pour qu'il puisse s'échapper en cas de problème. La femme qui gérait l'endroit était vieille, et semblait vicieuse. Je devais me méfier d'elle. Elle me donna une chambre, et je lui donnai les quelques pièces que j'avais trouvé caché sous la selle de Wahangu. Je montai et vérifiai que la porte était bien fermée. Satisfait, je m'allongeai sur le lit et fermai les yeux.

Mon père m'avait appris à me fier à mon instinct. Et là, mon instinct me prévenait d'un danger. Je me réveillai en sursaut, et observai la chambre. Rien ne semblait avoir bougé. Je me levai et regardai par la fenêtre. La nuit était calme. Dans la rue, il y avait des gens qui pillaient tout ce qu'ils pouvaient, et des combats. J'entendis le sifflement de l'air avant de le voir. Je pus éviter qu'on me tranche la gorge. Il faisait noir, seule la lune éclairait la chambre. Ma vue me permettait de voir comme en plein jour. Il y avait un jeune homme, qui ne devait pas être plus âgé que moi. Je ne pouvais pas lui parler, je devais rester concentré. C'était sûrement un voleur très entrainé, il pourrait faire la conversation tout en se battant. Ce n'était pas mon cas. Je n'avais pas trente choix devant moi. La porte était à trois mètres, séparé de moi par mon agresseur. Derrière, la fenêtre était fermée, et le temps de l'ouvrir, il serait sur moi. De plus, je me situais au deuxième étage, une chute pouvait me blesser. Je détaillai le garçon en face de moi. Grand, costaud, il semblait en avoir vu des belles et des pas murs lui. Le genre qui ne fait pas de quartier. Pendant que je réfléchissais, il s'était lentement approché de moi. J'évitai sans peine une autre attaque. Il fallait que je trouve le moyen d'atteindre la porte. J'étais proche du lit. Je ne sais pas comment, mais je réussi à enflammer la couverture. Je la pris entre les mains, la chaleur ne me faisait rien, et la jetai sur mon agresseur. Il hurla et se dépêtra tant bien que mal. J'en profitai pour filer et ouvrir la porte. Je courus dans le couloir aussi vite que je le pu et sortit de l'auberge. Je sifflai trois fois courtement, et continuai ma course. Wahangu galopa vers moi. Je m'accrochai à sa crinière et montai sur sa croupe. Rapidement, j'atteignis la forêt. Je ne m'arrêtai pas avant d'avoir mis une grande distance.

TarakonaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant