Mon père m'a dit un jour : « ne meurs pas, survie ».
Le temps passait, et je grandissais. On vivait sur les routes, sans jamais s'arrêter plus de quelques jours dans les villages. Avec de l'argent que mon père avait volé, nous avions pu acheter un cheval. Nous parcourions ainsi plus de distance, en moins de temps. Je lui avais donné le nom de Whetu, ce qui signifiait belle étoile en Maori. C'était mon père qui la chevauchait, parce qu'il se faisait vieux. Moi, je marchais à ses côtés, ou je courais. Il ne me l'avait jamais dit, mais l'incendie lui avait brûlé la jambe, elle était presque inutilisable. Les années passèrent, tout allait bien. Mais ça ne dura pas. J'avais quinze ans quand ils m'enlevèrent mon père.
Mon père haletait, le souffle court. Whetu ralentissais de plus en plus. Je marchais silencieusement à ses côtés, tenant la lanière. J'ai appris, au cours du temps, que le silence est d'or. De plus, mon père n'était pas une personne bavarde de nature. Quand il ouvrait la bouche, ce n'était que pour m'enseigner la survie. Il avait besoin d'une pause, aussi, j'arrêtai Whetu. J'aidai mon père à descendre et l'allongeai au sol. Il toussa fort, réclamant de l'eau. Je sortis la gourde en peau d'ours qu'on avait trouvé sur des voleurs morts et la posai sur ses lèvres. Une fois qu'il fut rassasié, je commençai à préparer le campement. La nuit allait tomber, et nous avions tous les deux besoin de repos. Je ne fis pas de feu, pour ne pas nous faire remarquer. Je pouvais tout à fait supporter le froid, grâce à ma peau. Mais mon père, lui, tremblait. J'enlevai ma veste et la posai sur ses épaules. Il me remercia d'un regard. Nous n'avions plus rien à manger, et pas de village dans le coin. Je partis à la recherche de baies qui pourraient nous nourrir. Je n'en trouvais que quelques-unes, et retournai près de mon père. Je m'assis à ses côtés et lui passai les baies. Il les avala sans poser de questions. Il ne fut pas long à s'endormir. Je le regardais en silence. Il était vieux, et sa blessure s'était infectée au fil du temps. Je le savais, il le savait. Nous n'en parlions jamais, mais il était évident qu'il ne pouvait plus continuer bien longtemps. Je finis par fermer les yeux.
Il était très faible, mais je l'entendis. J'ouvris les yeux et observait autour de moi. Ma vue s'adaptait parfaitement à l'obscurité, c'était un énorme avantage. Je pouvais voir trois hommes. Ils étaient armés de couteaux, et l'un d'eux avait un arc sur l'épaule. Je ne bougeai pas, attendant de voir ce qui allait se passer. Ils nous entourèrent et abattirent leurs mains. Je réussi à les éviter en roulant sur le côté. Ils se mirent à crier. Je me relevai rapidement, prêt à me défendre. Ils se jetèrent tous sur moi. Je devais les éloigner de mon père. Je me mis à courir à travers les arbres, sautant par-dessus les racines et les troncs d'arbres. Ils se séparèrent. J'accélérai l'allure. Il fallait que je trouve une solution pour les semer. Mais l'un d'eux me coupa la route en se jetant sur moi depuis la bute de terre à côté. Nous roulâmes au sol en se donnant des coups. Il avait un couteau, qui me transperçait la peau. Je hurlais, ça faisait très mal. Les autres allaient arriver d'une minute à l'autre. Je regardai autour de moi et pris une pierre assez grosse. J'assommai l'homme, qui s'arrêta de bouger. Je récupérai son couteau et le laissai là. Déjà, je les entendais arriver. Je vis un arbre aux branches basses et montai dessus. Je m'élevai le plus haut possible, pour ne pas que l'on me voit. Ils arrivèrent sur les lieux et ne prirent même pas la peine de regarder leur camarade. Malheureusement, j'avais été touché au bras et je saignais. Ils suivirent la piste et levèrent les yeux. Un des deux hommes sortit son arc et visa. Je m'abritais du mieux que je pus derrière une branche. Il tira, et la flèche se planta dans le tronc. Elle m'avait raté. Je soupirai de soulagement, mais déjà, d'autres s'abattaient sur moi. Je ne pouvais pas attendre qu'il ait fini de vider son carquois. Je décrochai une flèche en tirant dessus. Je tirai sur les hommes, mais ne les touchait pas. Je n'avais pas cinquante solutions. Je pris le couteau et le lançai sur l'archer. Je le touchai au bras. L'autre homme jura. J'en profitai pour descendre au sol. Il ne fut pas compliqué de l'assommer. Je récupérai l'arc et partit en courant. Mon père avait dû se réveiller. Un mauvais pressentiment me fit accélérer. Quand j'arrivai sur les lieux, il n'y avait plus rien. Ils avaient tout brûlé. Je m'accroupis près de mon père, du moins, ce qu'il en restait. Tout était calciné. Je soupirai et l'enterrai au pied de l'arbre. Je ne pleurai pas, j'étais encore sous le choc. Quand je terminai enfin le travail, le jour venait de se lever. Je ne devais pas m'attarder ici, sinon, ils allaient me retrouver, qui que soient ce « ils ». Je me mis en marche, comme un automate. Plus je m'éloignais, plus mon cœur se serrait. Les larmes coulèrent enfin. Je ne savais pas ce que j'allais devenir tout seul. Je me rappelai les paroles de mon défunt père, et je relevai la tête. J'allai survivre.
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Tarakona
FanficDans un monde gouverné par un roi cruel, et où les dragons ont tous été exterminés, rester en vie est une épreuve. Je m'appelle Jungkook, et je suis le dernier des Tarakona. Enfin, c'est ce que je pensais.