Chapitre 8

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Merci pour vos commentaires, partages et votes. Bonne lecture et bonne journée ! Et il semblerait que Wattpad fasse encore des siennes, ce sont bien des tirets cadratin qui ont été mal copiés.

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Chère Nora,

Recevoir ta lettre m'a mis du baume au cœur.

Si je relis tes mots, il semblerait que mon corps t'ait manqué. Seulement mon corps !? Je doute que tu puisses me remplacer dans les bras d'un Irlandais ou d'un autre Anglais, ou qui sais-je d'autre ! Je compte bien graver mon passage dans ta vie d'une croix dans ton délicieux esprit...

De plus, tu m'écris que tu aimes te divertir durant ton temps libre en te baignant nue dans le loch aux petites heures. Essayerais-tu de me faire revenir de force ? Tu sais pourtant très bien que je ne suis pas autorisé à effectuer un aller-retour et rappliquer au pays ! Aussi charismatique et magnifique que tu es, je ne déserterais pas. Pas pour le moment. Il faudra davantage m'appâter avec des lettres.

Ici, rien ne va. Je ne peux pas te décrire à quel point tout est désordonné ou encore te dire exactement le lieu où nous nous trouvons. Mais je peux t'assurer que le bruit d'explosions gronde. Les villes ne sont plus que poussière. Les indigènes fuient, délaissant leur maison sans quasiment rien emporter. Ils ont peur de tout et de tout le monde. C'est effrayant de voir l'espèce humaine s'entretuer. Ma conscience me tourmente. J'aimerais ne pas être aussi réjoui quand je pense à toi ou lorsque je parle de toi, alors que le monde autour de moi va mal. Jonathan affirme que je suis bon à interner, mais ton souvenir me permet de ne pas broyer du noir. L'horreur de la guerre est effacée par les moments que nous avons partagés et que je me remémore chaque soir avant de m'endormir.

J'aimerais que ce que je ressens soit réciproque, mais on ne peut pas forcer quelqu'un à ressentir la même chose que nous. Si tel est le cas, mens-moi. Laisse-moi croire que tu tiens un temps soi peu à moi. Je mourrai, peut-être, ici au front dans l'idée que j'ai vécu une grande histoire d'amour. Le temps d'un été. D'une semaine.

Écris-moi. Dis-moi tout ce qui te passe par la tête.

Avec toute mon affection,

Oscar Winsley

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Vendredi, 21 juillet 2017

— As-tu eu l'occasion de voir Ainsley depuis lundi ?

J'essuie les derniers verres, patientant que ma mère daigne de me répondre mais sa réponse tarde si bien que je lève les yeux, croyant qu'elle s'est endormie. La semaine a été très dure, comme les précédentes. Elle a subi à de nombreuses reprises les effets secondaires de son traitement et elle était tellement épuisée qu'elle arrivait à peine à tenir debout. Aujourd'hui est le seul jour où elle ressemble un peu près à un être humain. Ses joues ont repris des couleurs et elle ne sue plus de grosses gouttes. Ce soir, elle dormira peut-être enfin une nuit complète. Depuis mardi matin, elle a dû me guider dans la préparation des plats et étrangement, les clients ont apprécié ce que je cuisinais, et j'ai autant aimé concocter leurs commandes. Je ne peux pas encore me vanter d'être une cheffe étoilée mais je peux assurer que je me débrouille en cuisine. Mon plus beau chef d'œuvre reste tout de même les œufs sur le plat !

Ma mère, qui n'est pas plongée dans les bras de Morphée comme je le pensais, m'observe avec un petit rictus qui ne présage rien de bon. Quelles sont ses pensées ?

— Tu l'aimes bien, aye ?

Je fais fi de sa question et poursuis le ménage de la cuisine, ignorant le fait qu'elle puisse se poser ce genre de questions. Oui, je l'aime bien. Il est une bouffée d'air frais. Une brise écossaise lors d'un jour d'été étouffant. Il me fait du bien et j'en ai clairement besoin.

Victoria Falls (T2 de Thistly Heart)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant