Chapitre 19

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Vendredi, 1 septembre 2017 (suite)

— Alors, c'est vrai... la fille prodige de Nora Malcom est de retour ! émet une voix dans mon dos.

Le timbre criard n'est pas difficile à reconnaître. Aussi longtemps que je m'en souvienne, je l'ai haï de toutes mes forces. Trop injurieux. Trop pénible à entendre vociférer des insanités. Il avait le don de me mettre en rogne, et la remarque qu'il a exhalée me donne l'occasion de ressentir les mêmes envies meurtrières à l'encontre de sa propriétaire.

Mes muscles dorsaux tendus qui lui font face devraient être une invitation au silence, mais elle a toujours été une idiote incapable de saisir les choses simples de la vie. Beaucoup lui pardonnait son ignorance et, par la même occasion, confondait ignorance et stupidité. Néanmoins, les faits sont là. Hillary est bête comme ses pieds et dotée d'un esprit aussi étroit qu'un trou de souris. C'est dommage, mais elle ne rend pas hommage aux blondes sensées et répond au stéréotype que s'évertuent à véhiculer les Hommes de Cro-Magnon.

— Il paraît que Jo Winsley fait des malheurs à la capitale tant au plan professionnel qu'au plan relationnel...

Que raconte-t-elle ? Pauvre Lola ! Il est vrai que l'idiote dans mon dos ne fait pas bonne publicité à la communauté des blondes. Voudrait-elle que je lui refasse le portrait dans une tentative de lui remettre les idées en place ? Non, ce n'est pas le genre de la maison. Lola est beaucoup trop pacifiste alors que moi, je suis la belliqueuse de service.

Allez ! Juste, une bonne gifle !? Après tout, je me souviens des tours traîtres que Nelly Olson m'octroyait dès que les adultes avaient le dos tourné. Tes cheveux peuvent se remémorer le coup de ciseaux. Tes genoux ont connu le macadam grâce à ses croches-pattes. Et ton cerveau a enregistré les propos blessants.

Dans un calme olympien, malgré les souvenirs malheureux qui affluent dans mon encéphale, je sirote mon verre les yeux rivés sur les bouteilles qui se trouvent derrière le bar. Son contenu a un goût amer. Ou est-ce la présence de mon ancienne ennemie qui provoque cet arrière-goût ?

En mon for intérieur, j'espère qu'elle va lâcher l'affaire au risque de faire exploser ma rage. Mon sang pulse dans mes veines à vitesse grand V et mes poings me chatouillent. Cela fait quelques temps que je n'ai pas éprouvé une telle colère et une telle envie de frapper quelqu'un. Si Arthur en a remporté le trophée, Hillary s'aventure sur une pente glissante et je ne promets rien quant à son visage de Barbie.

Un coup, ce n'est rien ?! Ça serait de bonne guerre.

— Les Londoniens ne te suffisent pas au point que dès ton retour au bercail, tu as ressenti le besoin de jeter ton dévolu sur Ainsley ?! Pourtant, ne répète-t-on pas « Pas les ex des amies » ? ricane-t-elle.

Son ex comme elle me le rappelle si bien converse joyeusement quelques mètres plus loin avec des gars qui furent par le passé ses meilleurs amis, et Marc en fait partie. Celui-ci me jette un regard accompagné d'un clin d'œil qui n'a pas l'effet escompté. Désolée, Marc ! Ton inefficacité à faire jouir une fille lors de sa première fois est bien ancrée dans mon esprit. Cours toujours ! Je ne souhaite aucunement reconnaître ton étreinte.

— Peux-tu m'éclairer ?! Je n'ai nul souvenir concernant une impensable amitié entre toi et moi, craché-je après avoir bu mon Snake Bite comme si c'était du petit lait.

Mon verre se pose avec fracas sur le zinc du bar et attire l'œil intrigué du barman. Les yeux clos, j'inspire une grande bouffée et me retourne pour faire face au démon dont les yeux bleus me transpercent. Ces mêmes billes ont hanté mes cauchemars d'enfant terrorisée, mais j'y ai mis un terme lorsque j'ai compris que je pouvais imposer ma loi en dressant les poings.

Victoria Falls (T2 de Thistly Heart)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant