Le calme avant la tempête

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Le couple se dirigea vers le reste du groupe bras dessus bras dessous. L'appareil photo captura les gestes attentionnés de l'homme envers sa compagne, les sourires qu'ils s'échangeaient.

Le téléphone portable du paparazzi sonna, il décrocha, un mélange d'exaspération et de colère dans le regard, qui s'effaça pour laisser place à de la peur lorsqu'il lut le nom de l'appelant. Il n'avait pas l'habitude de ressentir autant de crainte envers ses employeurs. Ce fut avec une voix, dont il espérait avoir noyé toute inflexion, qu'il répondit. L'échange ne dura que quelques secondes, assez longtemps cependant pour le plonger dans une réflexion peu coutumière.

« Non madame, le badge à la ceinture de l'homme brilla, ce détail ne m'a pas échappé... Vous pouvez compter sur ma discrétion. »

Pour le peu de temps qu'il avait passé à suivre ce couple, il n'avait pas encore entièrement saisi les motivations de son employeur. Il avait régulièrement vu le visage de l'un et de l'autre dans les médias et les voir ainsi poussait à penser qu'ils vivaient leur idylle au vu et sus de tous. Ce n'était pas un de ces contrats typique que le paparazzi avait l'habitude d'accepter. Cette pensée ranima l'inquiétude qu'il avait éprouvé plus tôt. La tournure de cette filature ne lui plaisait pas, encore moins la peur grandissante que lui inspirait la femme qui venait de raccrocher, qui le poussait à continuer malgré tout.

Au moins, se dit-il, l'argent à la clef m'offrira une bonne consolation.

*Kailea*

L'après midi qui suivit, Steve profita effectivement de moi, comme d'un oreiller. Nous étions rentrés chez lui, je doutais qu'il avait l'intention d'aller quelque part le reste de la journée. Il s'endormi la tête posée sur mes cuisses. J'avais saisi le moment avec un sentiment inédit, comme une paix retrouvée. Je n'avais pas été aussi sereine depuis notre excursion sur Big Island, j'espérais juste que cette fois-ci il n'y aurait pas de séisme ou d'éruption .
Ça n'avait pas été facile de travailler dans ces conditions, avec une personne à moitié allongée sur moi. Je n'avais pu que lire les dossiers que j'avais récupéré dans mon bureau et prendre quelques notes d'une main. La petite pointe de stress qui aiguillonnait mon estomac était revenue, atténuée par l'absurdité de notre installation. Pourtant, je savais que les procès qui m'attendaient cette semaine n'allaient pas être aussi simple, notamment à cause du procureur qui persistait à me suivre consciemment ou non, depuis l'affaire Woods. Un adversaire redoutable, si abject qu'il semblait, je devais admettre qu'il était terriblement efficace.

Je rassemblai mes affaires et les posai sur la table de chevet, Steve avait bougé pendant son sommeil et avait remplacé mes jambes par un oreiller digne de ce nom. Je me glissai à ses côtés, lessivée par trois heures de travail, savourant le calme, bercée par le bruit des vagues. Steve émergea difficilement de sa sieste et posa un regard encore voilé par le sommeil sur moi, se demandant certainement où il se trouvait. Je souriais devant cet adorable spectacle, et l'ancien militaire s'étira pendant de longues secondes. Quelques minutes plus tard, nous étions sur la plage, Eddie gambadait en nous suivant, heureux de pouvoir jouer dans l'eau. Le soleil commençait sa descente, le temps s'était écoulé à une vitesse déconcertante.

« Tu as travaillé tout l'après-midi ?

_ Oui, je n'ai pas vu le temps passer ! J'ai bien avancé pour l'audience d'après-demain, tout devrait bien se passer.

_ Devrait ?

_ Je vais avoir une semaine chargée, les assises viennent d'ouvrir et depuis l'arrivée du nouveau juge, il semblerait que la cadence des audiences se soit accélérée.

[Hawaï five-0] - Wise Men Say - [Steve McGarrett]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant