Chapitre 8

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Léonie

     Je frissonne sous le froid qui m'enveloppe toute entière. Ma mère avait raison, j'aurais dû mettre un manteau. Je suis vêtue d'un pantalon en toile jaune assez large et d'un pull rayé multicolore aux allures vintage, le tout accompagné de ma paire de Converses préférées. Malgré ma grosse écharpe en laine, je suis transie de froid.

J'accélère le pas lorsque j'aperçois le lycée. Une fois à l'intérieur, je me mets à la recherche d'un radiateur en marche afin de me réchauffer. Ce n'est pas une mission des plus simples étant donné que nous ne sommes qu'au mois d'octobre et qu'ils ne mettent pas les radiateurs en marche avant décembre.

Mais il faut croire que j'ai de la chance. Je me colle le plus possible au radiateur et sors mon téléphone pour regarder l'heure. La réunion est censée débuter dans quinze minutes. J'appréhende un peu. Et si personne ne venait ?

— Oh, salut Léonie ?

Je lève la tête pour apercevoir Eliott, le garçon de ma classe aux cheveux bouclés. Je me souviens qu'il m'avait soutenue après que je m'étais disputée avec mes amies.

Il m'adresse un sourire chaleureux en me demandant ce que je fais là.

— J'organise la première réunion du groupe de parole, expliqué-je.

Son regard s'illumine et son sourire s'agrandit encore plus – chose que je ne pensais pas possible.

— Je voulais justement te dire que je trouve que c'est une idée géniale !

Je souris à mon tour et laisse échapper un petit rire.

— C'est gentil mais tout le monde n'est pas du même avis...

Face à son air curieux, je finis par lui raconter mon entrevue avec la directrice.

— Mais, elle t'a vraiment dit ça ?

— Mot pour mot, affirmé-je en hochant la tête.

Il n'en revient pas et je peux que comprendre son étonnement. J'ai moi-même eu du mal à le digérer.

La sonnerie de 17h résonne soudain dans l'établissement.

— Je vais te laisser, il ne faudrait pas que j'arrive en retard à ma propre réunion !

Il acquiesce et part dans la direction inverse avant de lancer :

— Bon courage, j'espère qu'il y aura du monde !

Je lui offre un grand sourire pour toute réponse et rejoint la salle de permanence. Il n'y a encore personne alors je prends mes aises et étends mes jambes sur une chaise en face de moi.

Parler avec Eliott m'a fait du bien, il est vraiment gentil. On dirait qu'il ne juge personne. Et c'est un des seuls à me témoigner son soutien alors que je ne lui avais jamais adressé la parole avant.

     Au bout de dix minutes, je suis toujours seule, ce qui a le don de m'agacer. Maëlle était supposée me rejoindre avant le début de la réunion et elle n'est toujours pas là. Bon d'accord, j'admets que si l'on part du principe que la réunion n'a pas encore commencé, elle n'est pas en retard. Mais on avait bien dit avant 17h. J'espère qu'elle n'a pas oublié ou qu'elle n'a pas changé d'avis. Parce que je n'aurais jamais le courage de faire ça toute seule. Enfin, encore faut-il que des gens viennent – ce dont je commence à douter.

Je lui envoie un message mais elle ne répond pas.

Deux pages de gribouillis dans mon carnet à dessin plus tard, je commence à m'inquiéter. Mais je suis vite rassurée quand je la vois entrer dans la salle de permanence, son béret noir vissé sur sa tête. 

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