Chapitre 15

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Maëlle

     Le prénom de Léonie apparaît sur l'écran de mon téléphone. Je ne sais pas quoi faire. Je lui en veux terriblement pour ce qu'elle a dit sur mon père mais d'un autre côté, je me suis comportée comme une garce avec elle. Et puis si elle appelle, c'est que ce doit être important.

Je décroche donc à la quatrième tonalité, ne sachant pas à quoi m'attendre.

D'entrée de jeu, Léonie me dit d'une toute petite voix :

— Tu avais raison pour Mathis.

Merde. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je devine au son de sa voix qu'elle a pleuré et qu'elle n'est pas loin d'éclater en sanglots à nouveau.

— Léo, tu vas bien ?

Elle renifle bruyamment puis laisse échapper un petit rire nerveux.

— Je suis désolée. Pour tout ce que j'ai dit. Je n'en pensais pas un mot.

— C'est bon Léo, ça va. Qu'est-ce qui s'est passé avec Mathis ?

Je devrais peut-être lui dire que moi non plus, je ne pensais pas ce que je lui ai dit mais ce serait lui mentir. Parce que je pense toujours que la relation qu'elle entretient – ou du moins entretenait – avec Mathis est ultra malsaine.

Léonie m'explique tout dans les moindres détails. Je fais une grimace de dégoût quand elle m'avoue avoir embrassé Mathis mais fort heureusement, elle ne me voit pas. Quand elle me raconte ce qu'elle a ressenti ensuite, jusqu'au moment où elle l'a repoussé, je regrette de ne pas être à ses côtés pour la prendre dans mes bras.

Je me sens bête. J'étais en colère contre elle alors qu'elle avait terriblement besoin de moi.

Je ne peux retenir un sourire lorsqu'elle me dit que sa petite sœur lui a fait un câlin. Elle est vraiment adorable.

— Donc tu ne m'en veux plus ? finit-elle par murmurer.

— Bien sûr que non, je n'aurais pas dû te dire toutes ces choses sur Mathis en premier lieu.

— En même temps, tu n'avais pas tout à fait tort. Et je crois que j'avais besoin que quelqu'un m'aide à ouvrir les yeux.

— Et... pour le reste, je regrette vraiment ce que j'ai dit, j'étais énervée et...

— Maëlle c'est bon, j'ai déjà oublié.

Je sais que c'est faux. Je sais que je l'ai blessée mais je fais comme si je la croyais et on discute encore quelques minutes de tout et de rien avant que je ne raccroche.

Je me laisse tomber sur mon lit, le regard figé sur le plafond.

Mon père pousse une exclamation du salon. J'imagine que l'équipe qu'il soutient a marqué un but.

Mon regard dérive ensuite vers ma boîte de vinyle. Et dire que je ne peux même plus les écouter...

Depuis que je suis retournée vivre chez moi, j'évite mon paternel le plus possible. Je ne sors de ma chambre que quand j'y suis obligée. Autrement dit pour aller aux toilettes, me doucher ou me préparer rapidement un plat de pâtes que j'emporte dans ma chambre.

Mon père ne m'adresse plus la parole et ce n'est pas plus mal. Je n'ai plus à supporter ses insultes et ses remarques blessantes. Mais l'ambiance est glaciale et je ne peux pas m'empêcher de frissonner de peur chaque fois que je le croise.

Je sais qu'il faut que je fasse quelque chose, je ne supporterai pas cette situation un an de plus.

Le côté positif de tout cela, c'est qu'étant donné que je passe la plus grande partie de mon temps enfermée dans ma chambre, j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir ces derniers jours.

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