Maëlle
Je vis chez Eliott depuis presque une semaine. C'est... étrange.
Et plus étrange encore, on s'entend plutôt bien tous les deux. Je croyais qu'il était terriblement timide, complètement coincé et un peu niais mais en fait, il est bien plus que ça. Ouais, vous allez me dire que c'est évident mais parfois, il faut vraiment creuser pour découvrir une personne à part entière.
Et là, vous vous dîtes sûrement que c'est l'hôpital qui se fout de la charité parce que je ne suis moi-même pas très accessible aux premiers abords et les gens ont tendance à ne voir que ce qu'il y a en surface. Et vous avez raison.
Je reproduits le comportement qu'ont les autres avec moi. Pourtant j'essaye. Je vous jure que j'essaye de ne pas juger les gens, de me dire que je ne les connais pas et que ce que je vois d'eux n'est que la partie émergée de l'iceberg. D'ailleurs, j'y arrive la plupart du temps mais parfois, mon instinct ou je ne sais quelle connerie reprend le dessus.
Parce qu'on est humain et qu'on n'y peut rien, on se juge sans arrêt les uns les autres.
Eliott se trouve donc être un gars génial. Il est drôle, super gentil et surtout, c'est un putain de rayon de soleil. Il est tout le temps heureux. Littéralement. Il sourit sans cesse et même quand quelque chose ne va pas, il arrive à trouver un côté positif. Parfois, ça en devient énervant. Comment est-ce possible d'être heureux constamment ?
Malgré tout, je crois qu'être en contact avec quelqu'un comme Eliott me fait un bien fou. J'ai souvent été entourée de personnes négatives, qui me tiraient vers le bas et là, c'est complètement l'inverse. Eliott me donne confiance en moi d'une certaine manière et, avec son sourire idiot, je crois bien qu'il arrive à me rendre heureuse de temps en temps. En tout cas, plus souvent qu'avant.
Et puis, bordel, ça fait du bien de vivre avec quelqu'un d'autre que mon père. J'ai presque l'impression de retrouver une vie normale.
— Bon ce soir c'est pizza, y'a plus rien dans le frigo, crie Eliott depuis la cuisine.
— OK ! C'est moi qui choisis le film cette fois.
Je n'attends pas sa réponse et m'assois sur le tapis du salon, fouillant dans la caisse de DVD. Eliott a une télévision énorme, c'est génial de regarder des films dessus. Depuis le début de la semaine, c'est lui qui a toujours choisi donc ce soir, je ne lui laisse pas le choix. Je n'ai rien contre Harry Potter et les films d'animation mais c'est bien une fois de temps en temps. Ce soir, ce sera Le cercle des poètes disparus.
J'insère le disque dans le lecteur et reste assise par terre, appuyée contre le canapé et les genoux repliés contre la poitrine. Eliott ne tarde pas à me rejoindre, déposant le carton de la pizza sur la table basse.
— Donc c'est quoi le film ?
— Je ne te dis pas, rétorqué-je tout en cachant la boîte du DVD. C'est la surprise !
Je sais pertinemment que si je lui dévoile mon choix, il ne voudra jamais le voir. Eliott déteste les films tristes.
J'attrape une part de pizza tandis que le film débute. Je l'ai vu tellement de fois que je pourrais réciter les dialogues à haute voix.
Évidemment, Eliott a pleuré. Je souris en lui tendant un énième mouchoir.
— Franchement Maëlle, t'aurait pu me prévenir qu'il était si triste ce film.
— Ça aurait tout gâché, dis-je d'un haussement d'épaule. Et puis, la fin n'est pas si triste.
Il ne dit rien pendant une longue minute puis acquiesce en silence à mes propos.
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Indignées
Teen FictionA 17 ans, Léonie est victime de viol. A cause d'une photo qui a circulé sur les réseaux sociaux, Maëlle est considérée comme la "traînée" du lycée. Il y a Léonie et Maëlle mais elles sont loin d'être les seules. Plutôt que de se taire, Léonie décide...