Chapitre 10

1K 197 66
                                    

Léonie

     Dès l'instant où la sonnerie retentit, je glisse toutes mes affaires dans mon sac à dos et sors de la salle en trombe. Je dois rejoindre Maëlle à la cantine et je sais que si je la fais trop attendre, elle sera de mauvaise humeur toute la journée. Elle y est déjà depuis presque une heure parce qu'elle finissait avant moi. Faire option latin est sans aucun doute la pire décision de ma vie.

En arrivant dans la file d'attente de la cantine, je reconnais Eliott, juste devant moi. Je le fixe sûrement un peu trop longtemps car il finit par se retourner vers moi, comme s'il avait senti mon regard. Je lui adresse un grand sourire, un peu gênée quand même qu'il m'ait surprise.

Je remarque qu'il est tout seul alors je lui propose de manger avec nous.

— Tu es sûre ? Je ne voudrais pas vous déranger...

Je secoue négativement la tête.

— Sûre et certaine ! Je ne vais pas te laisser manger tout seul.

Ses lèvres s'étirent alors en un immense sourire qui laisse découvrir ses dents.

     Je dépose mon plateau bruyamment sur la table où est installée Maëlle. Celle-ci lève enfin les yeux de son bouquin et fronce les sourcils en apercevant Eliott derrière-moi.

— Ah c'est vrai j'avais oublié, Maëlle, je te présente Eliott !

Ses sourcils ne se défroncent pas tandis que l'intéressé s'assoit à côté de moi.

Je cache mon visage d'une main de façon à ce qu'Eliott ne puisse pas me voir et j'articule silencieusement : « Il était tout seul ». Maëlle hoche alors la tête mais ne paraît pas convaincue pour autant.

Comme elle est en face de moi, j'ai tout le loisir de l'observer pendant que je mange mes pâtes. Ne vous méprenez pas, je ne la dévisage pas comme une psychopathe. Seulement, j'ai remarqué qu'elle avait l'air fatiguée aujourd'hui et, effectivement, elle a d'énormes cernes et porte les mêmes vêtements qu'hier, ce qui n'est pas dans son habitude.

Les minutes passent et si Maëlle sait que je la regarde, elle n'en montre rien. Je finis par poser la question qui me brûle les lèvres :

— Tu vas bien ? Tu as l'air épuisée.

Elle soupire, contrariée.

— T'es vraiment trop curieuse Léonie. Je vais pas te raconter ma vie à chaque fois.

Je devine aisément qu'elle n'a surtout pas envie de parler devant Eliott. Ce-dernier le comprend aussi car il propose presque immédiatement de nous laisser à deux.

— Non, l'arrêté-je d'une main. Je ne vois pas pourquoi tu devrais partir.

En prime, j'adresse un regard noir à Maëlle, signe qu'elle a intérêt à répondre à ma question sans discuter. Il y a encore quelques jours, je n'aurais jamais osé me comporter de cette manière avec elle. Mais je commence à la connaître et je crois qu'elle a besoin qu'on la bouscule un peu.

Elle me fusille du regard et je crois bien que si elle le pouvait, elle me tuerait sur place. Je n'en démords pas pour autant et face à mon insistance, elle finit par céder.

— J'ai pas dormi de la nuit, résultat j'ai une tête de mort-vivant.

Je me retiens de rire et je vois qu'Eliott a lui aussi un sourire amusé. Sourire qui disparaît bien vite face au regard meurtrier de mon amie.

— Mais... Pourquoi est-ce que tu n'as pas dormi ? me risqué-je à demander.

— Parce que j'me suis dit que ça pouvait être sympa, raille-t-elle.

IndignéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant