Léonie
Je dois sortir d'ici. C'est la seule chose dont je puisse être sûre pour le moment. Il faut absolument que je sorte de cette maison.
Mathis est descendu rejoindre les autres il y a bien dix minutes donc je ne risque pas de le croiser dans les escaliers.
J'enfile ma robe et mes converses. Zut, il m'en manque une. Je me souviens que Mathis les a lancé un peu au hasard dans la pièce alors je me mets à chercher un peu partout, avec précipitation. Sous le fauteuil.
Je m'arrête devant le miroir et tente de remettre un peu d'ordre dans mes cheveux. Finalement, après de vaines tentatives, je décide de simplement les nouer en une queue de cheval un peu lâche et je m'en vais, embrassant la pièce d'un regard. Intérieurement, je prie pour que ce soit la chambre d'amis et pas celle des parents de Pauline. Ce qui est stupide parce que ça ne change rien à ce qui s'est passé.
Je dévale les escaliers à toute vitesse, manquant de tomber à plusieurs reprises.
La musique bat son plein, résonnant partout en moi. Mes oreilles, ma tête, ma poitrine. Je crois reconnaître une chanson de Drake mais je ne suis pas sûre, tout me paraît si loin. Il y a des gens partout. « 120 personnes, la plus grande fête du lycée » m'avait prévenue Pauline. Honnêtement, je ne suis pas sûre que ce soit vrai. Saint-Exupéry a ouvert dans les années 70 alors des fêtes, il y en a eu un paquet et à mon avis, en presque 50 ans, il y a bien ne serait-ce qu'une personne qui a dû organiser une soirée de plus de 120 personnes. Mais Pauline avait l'air tellement fière que je ne lui ai pas exposé mon point de vue.
Ses parents sont partis pour le week-end – congrès de médecins – alors elle en a profité. Sa maison est immense et elle n'a pas de voisin, l'endroit idéal pour une soirée. Sans mentir, on se croirait dans un film américain cliché au possible. Vous savez, les gobelets rouges, le beer-pong, les gens tous bourrés et/ou défoncés à partir de 22h, la musique à fond, la piscine ? Et bien c'est exactement ça. Habituellement j'adore mais là, je ne peux pas le supporter.
J'aperçois Mathis rire avec Hugo et d'autres gars que je ne connais que de loin. Comment peut-il agir comme si rien ne s'était passé ? Comment peut-il rire comme si tout allait bien ? En même temps, il a bu, il n'était peut-être pas tout à fait conscient... Et merde, il faut que j'arrête de le défendre, moi aussi j'ai bu, et plus que lui d'ailleurs. Pourtant, j'étais parfaitement consciente de ce qu'il se passait et je le suis toujours. Mon copain est un connard, c'est tout. Mon cœur se déchire au simple fait d'y penser mais il faut que je me rende à l'évidence.
J'ai la tête qui tourne, où est cette foutue sortie ? Je percute quelqu'un de plein fouet mais je ne sais pas qui.
— Merde Léo, fait attention !
Ah, Pauline. Elle s'apprête à rejoindre d'autres personnes mais son regard s'arrête un instant sur mon visage et ses sourcils se froncent.
— Tu vas bien ?
— Oui, j'ai juste besoin de prendre l'air.
J'ajoute un sourire forcé, histoire de rendre le tout plus crédible.
— Sûre ?
Je me retiens de ne pas soupirer. Il s'agit de Pauline, j'aurais dû me douter qu'elle insisterait.
— Oui vraiment, ta soirée déchire, j'ai juste un peu trop chaud.
— OK !
Elle hausse les épaules, esquisse un sourire et me tourne le dos pour retrouver Sacha et Érine.
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Indignées
Teen FictionA 17 ans, Léonie est victime de viol. A cause d'une photo qui a circulé sur les réseaux sociaux, Maëlle est considérée comme la "traînée" du lycée. Il y a Léonie et Maëlle mais elles sont loin d'être les seules. Plutôt que de se taire, Léonie décide...