Chapitre 14

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So many times, when the city seems to be Without a friendly face, a lonely place.
It's nice to know that you'll be there if I need you.

— T-Tu me reçois ? demanda Bill.

Richie avait séché les cours toute la journée mais, malgré cela et sa dispute avec le bègue, il était tout de même allé chez lui afin de parler à Eddie. Richie et Bill se trouvaient donc maintenant dans la chambre de ce dernier et essayaient de joindre leur ami, à l'aide du talkie-walkie.

— Oui ! répondit quelques secondes après l'asthmatique. Est-ce que Richie va mieux ? s'empressa-t-il alors de demander.

L'inquiétude d'Eddie aurait dû l'attendrir, mais elle eut en réalité l'effet inverse : Richie en fut irrité. Même s'il savait déjà que ses amis avaient parlé de lui, dans son dos — suite à ce que lui avait dit Bill la veille —, la question d'Eddie venait de lui faire une piqûre de rappel.

Richie détestait que les gens assument qu'il aille mal, même ses amis. Surtout ses amis. En leur compagnie, il faisait toujours en sorte de ne rien laisser paraître. Il enchaînait les blagues, même les jours où il se sentait si vide que rien ne l'amusait. Il se montrait le plus énergique possible, même les jours où sa seule envie était de rester au lit et de vider son paquet de cigarettes. Richie s'efforçait chaque jour de faire bonne figure devant ses proches, balayant d'une plaisanterie la moindre lueur de doute brillant dans leurs yeux.
Cependant, il ne pouvait pas contrôler ce que ses amis assumaient de lui lorsqu'il n'était pas là. Lorsqu'ils parlaient dans son dos, il ne pouvait les empêcher de penser qu'il allait mal. Or, c'était ce dont il redoutait le plus, car cela voudrait dire qu'ils allaient s'inquiéter pour lui. Ils tenteraient alors de le réconforter mais, bien que leurs intentions soient bonnes, cela ne ferait qu'agacer Richie.
Il détestait que les gens le réconforte. Leur inquiétude faisait devenir son mal-être bien trop vrai pour sa vie de faux-semblants. Il se battait donc pour ne divulguer aucun de ses sentiments, même les plus forts et dévastateurs. Il s'appliquait à les garder bien enfouis au fond de son âme, ayant l'impression idiote qu'en faisant ainsi, ce qu'il ressentait n'était pas réel, n'existait pas. Richie préférait repousser ses sentiments, plutôt que de les accepter et les reconnaître. Alors savoir que ses deux meilleurs amis parlaient de ceux-ci quand il avait le dos tourné était loin de lui faire plaisir.

— A-A vrai dire... Il est av-avec m-moi, répondit Bill.

— Et il va parfaitement bien, ajouta Richie, non sans une pointe d'agacement dans la voix. Mais on est pas là pour parler de moi.

Le binoclard exposa donc l'unique raison de sa venue : souhaiter qu'Eddie agisse. Il voulait qu'il fuie, qu'il confronte sa mère ou même qu'il prévienne la police, mais il voulait qu'il agisse. L'hypocondriaque avait fêté son quinzième anniversaire il y a quelques semaines, il était maintenant grand temps qu'il prenne sa vie en mains. Il ne pouvait pas continuer à se laisser faire.
Mais, Eddie, bien qu'il partageait son opinion, ne semblait pas vouloir suivre les conseils de ses deux meilleurs amis. Ces derniers avaient beau lui promettre qu'ils seraient là pour le soutenir quoiqu'il arrive, l'asthmatique ne changeait pas d'avis. Bill proposa même de l'héberger s'il voulait fuguer, expliquant que ce serait le plan parfait sachant que ses parents n'étaient presque jamais à la maison.

Voyant qu'Eddie restait malgré tout sur ses positions, Richie voulut lui parler seul à seul. Il demanda donc poliment à Bill de quitter la pièce, ce qu'il fit, non sans une certaine appréhension due aux événements de la veille.

— C'est quoi ton problème ? demanda brusquement Richie dès que la porte de la chambre se fut refermée sur le bègue.

— Quoi ? demanda Eddie, déstabilisé par le ton autoritaire soudain de son ami.

Be proud - ReddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant