Chapitre 12

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Love everything you do, When you call me fucking dumb for the stupid shit I do.
I wanna ride my bike with you.


Le lundi matin, lorsque Stanley monta dans son car, il eut la surprise de voir sa petite amie assise quelques sièges plus loin. Il fut quelque peu déconcerté par sa présence car Léopoldine n'avait pas pris le bus une seule fois depuis le début de l'année. L'adolescent salua le chauffeur et pressa le pas pour aller s'installer à coté d'elle, inquiet que quelque chose soit arrivé à son père qui l'amenait au lycée d'habitude. Cependant, ses craintes furent vite balayées quand Léopoldine lui fit un grand sourire.

- Salut, dit-elle en français avant de lui faire un bisou sur la joue, ce qui fit rougir Stan jusqu'aux oreilles.
- S-Salut, répondit-il en bégayant, troublé par le geste affectif de la française. Qu'est-ce que tu fais là? Ton père va bien? Ou alors c'est sa voiture, elle est en panne?
- Quoi? Non, mon père et sa voiture se portent très bien! répondit-elle en gloussant, amusée et attendrie par l'inquiétude de son petit ami. J'ai pris le bus pour te voir, c'est tout.
- Ah bon? demanda Stan, fronçant les sourcils comme s'il doutait des avances de Léopoldine.
- Oui! l'en assura cette dernière en riant.
- Mais aller au lycée avec ton père prend qu'une dizaine de minutes alors que le trajet en bus dure quarante minutes minimum... fit-il remarquer, sincèrement confus.
- Justement, ça fait quarante minutes passées avec toi, lui expliqua-t-elle. C'est pour ces quarante minutes que je suis là.

La réelle confusion de Stan l'amusait énormément, et l'attendrissait tout autant. Son petit ami ne pensait qu'au manque d'efficience de la situation et ne semblait pas réaliser que Léopoldine s'en fichait bien.
En réalité, Stanley pensait inconcevable que quelqu'un l'aime assez pour lui sacrifier de son temps. Ses parents ne lui avaient jamais accordé du leur, même lorsqu'il n'était encore qu'un enfant. En effet, ils s'étaient occupé de lui jusqu'à ce qu'il sache comment marcher, manger et parler : jusqu'à ce qu'il soit autonome. Ils l'avaient ensuite éduqué, lui avaient inculqué les normes et valeurs de la société et de la religion juive, et une fois que tout cela fut fait, ils l'avaient laissé se débrouiller seul. Ils n'avaient plus jamais joué avec lui, ne lui avaient plus jamais montré leur affection, ne lui avaient plus jamais accordé de leur temps. Stanley avait grandi sans savoir ce que cela faisait d'aimer et d'être aimé. Certes, les Losers lui avaient montré maintes et maintes fois ce qu'était l'amour au cours des dernières années, mais ce concept restait encore très flou dans son esprit.
C'était donc à cause de son éducation que Stanley était, à ce moment même, perturbé par la démarche de Léopoldine, aussi simple et naturelle soit-elle.

- Mais si ton père t'avait amené, tu aurais pu gagner au moins trente minutes de sommeil... continua-t-il.
- Stan... Je préfère passer quarante minutes avec toi plutôt que trente minutes à dormir... expliqua patiemment Leo. Je m'en fous de gagner du temps, tout ce que je veux c'est te voir et te parler et passer du temps avec toi! T'es mon petit copain, c'est normal.

Alors qu'il comprenait enfin, Stanley laissa l'émotion l'emporter. Il se sentait enfin aimé.
Ce fut les larmes aux yeux qu'il se pencha vers Léopoldine pour lui donner un baiser. Un baiser qui voulait dire "Merci" ; merci car sa petite amie lui donnait tout ce dont il avait toujours manqué et tout ce dont il avait toujours eu besoin.

- Ça va? s'assura-t-elle, quand ils se séparèrent.
- Ça va, la rassura Stan. C'est juste que ça fait bizarre d'être la priorité de quelqu'un... Mais ça fait du bien, ajouta-t-il en lui souriant.

Après cette mise au point, les quarante minutes de trajet furent très agréables, ponctuées de rires, de rougissements et de sourires complices.
Léopoldine ne regrettait définitivement pas d'avoir perdu trente minutes de sommeil.

Be proud - ReddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant