Destin tome 2

Chapitre VIII

- Kaycee, je ne peux pas sortir comme ça ! Je vais étouffer là-dedans !

J'essaie de me débattre avec cette combinaison en latex qui me compresse comme un garrot et qui couine à chaque passage de mes jambes et de mes bras dans les manches. Elle m'a pris une taille enfant ou quoi ?

- Mais non tu vas voir, ça va t'aller comme un gant, dit-elle en montant le zip de mes fesses à mon dos, ce qui me coupe littéralement la respiration.

Mais bien sûr...

En voyant mon reflet dans le miroir, je finis par exploser de rire. Je me trouve tellement grotesque que ça frôle le ridicule. J'ignore si le résultat est censé être sexy mais j'ai plus l'impression d'aller faire une plongée sous-marine dans cette tenue.

Evidemment, le costume de Kaycee est à l'effigie de sa personnalité : toujours soigné, même si elle représente l'un des personnages les plus dingues et excentriques de la féminité. Elle a attaché ses cheveux en deux couettes hautes dont l'une d'elle est teinté de bleu et l'autre de rose. Deux mèches tombent le long de son visage, encadrant son visage harmonieux. Son maquillage sombre accentue le vert de ses yeux de jades et sa bouche rouge criarde en plus de ce petit cœur noir qu'elle a dessiné sur sa joue correspondent parfaitement au personnage. Bien sûr, avec Kaycee, chaque détail a son importance et quand elle décide de jouer le jeu, ce n'est jamais à moitié. Avec son tee-shirt blanc à manches longues rouges, elle arbore un mini short en cuir noir par-dessus des collants en résilles qui galbent ses jambes fines et musclées. Ses bottines en similicuir parachèvent ce style complètement excentrique qu'elle seule peut porter aussi bien que l'actrice elle-même. Il n'y a pas à dire, Kaycee fait la parfaite Harley Quinn. Il ne lui manque plus que la batte de baseball.

De mon côté, je suis encore en train de me débattre avec ces maudites oreilles de chat qui s'emmêlent dans mes cheveux quand Kaycee propose de me maquiller, ce que j'accepte pour la première fois depuis des années. Quand nous étions petites, j'étais souvent le cobaye de Kaycee. Elle tentait tout un tas d'expériences étranges sur moi avant de les essayer sur elle-même et moi, j'acceptais sans rechigner puisque de toute façon elle ne me laissait pas vraiment le choix.

Le résultat est plutôt pas mal. Bon, j'imagine que Catwoman est quand même plus sexy que ça dans la BD mais avec mes cheveux bruns qui tombent en cascades sur mes épaules, mon rouge à lèvres marron foncé et mon maquillage intensément noir, j'ai l'impression d'avoir pris dix ans d'un coup. Je me tourne pour analyser un peu le résultat et finalement, je ne me trouve pas si ridicule que ça : la combinaison me moule comme une deuxième peau mais elle ne me boudine pas. Mieux encore, elle met mes fesses rebondies en valeur et n'écrase pas trop mes seins. Je bataille avec Kaycee pour qu'elle arrête de baisser constamment la fermeture éclair de mon décolleté, refusant catégoriquement de passer de Catwoman à une adepte du BDSM.

- Bah dit donc, Lana Lang en féline sauvage, c'est quelque chose ! s'exclame Kaycee qui siffle en me lorgnant de la tête aux pieds.

Je lève les yeux au ciel. Depuis petite, Kaycee me compare au personnage de Lana Lang en me jurant que physiquement, je suis sa copie conforme excepté pour la couleur des yeux. Je dois bien reconnaitre qu'il y a une ressemblance, en effet, mais... bon, je l'admets. La ressemblance est frappante. Voir quelque peu étrange.

Après un dernier coup de parfum qui me fait tellement tousser que j'agite ma main en l'air pour en chasser l'odeur, nous décidons de nous diriger vers cette sonorité de malheur. La maison des Kappa Alpha Theta se trouve à une vingtaine de minutes à pieds de chez nous. Dès notre arrivée, je suis déconcertée par le nombre de gobelets rouges et autres ordures qui trainent un peu partout sur la pelouse géante. Des couples – et même des trios – sont en train de se fouiller la glotte en toute impunité dans des roulements de langues abjectes, sans prêter attention aux autres invités et je finis par comprendre pourquoi : personne ne les regarde. Je vois deux comateux près d'un tronc d'arbre qui vomissent leurs tripes et le bruit me fait pincer le nez de dégoût.