Destin tome 2

Chapitre XXI - Logan

            J'attrape une chaise et la balance sur le comptoir avec fureur. Je hurle en soulevant ma table en verre que j'explose contre le mur. Je n'arrive plus à me contrôler et mon appartement entier en fait les frais. Je laisse éclater la haine, la rage et le désespoir qui grignotent mes tripes.

« Tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, tu la blesseras. Si ce n'est pas déjà fait. »

J'ouvre les fenêtres tant j'ai l'impression que l'odeur insupportable de Sianna est partout. Quand je me retourne, je vois le meuble contenant les photos de mes parents, leurs sourires heureux me foutant soudain la gerbe.

« Ça ne me dérange pas que tu les regardes. Tu sais déjà tout de moi. »

J'envoie valdinguer le meuble qui se renverse avec fracas sur le sol. Je hurle, je crie, je rugie tout ce trop-plein de merdier qui s'est encré en moi. Je me dirige vers la cuisine et ouvre mes placards à la recherche d'une bouteille : mais rien. Ma rage est à son comble. Je renverse tous les verres uns à un qui explosent au sol dans l'espoir qu'une fiole égarée apparaisse devant moi comme par magie

« Tu es mon meilleur élément fiston. Si je pouvais faire autrement, je le ferais. »

« À vos ordre mon Lieutenant. »

Tout s'emmêle dans mon cerveau. Je n'arrive plus à penser clair. Il me faut de l'alcool. Et vite. Je fouille dans le bordel indescriptible que j'ai foutu dans cette maison à la recherche de mes clefs et de mon porte-monnaie avant d'ouvrir la porte quand mes yeux bloquent : Sianna est debout, les yeux ronds rougis si bien que les veines de ses tempes sont jaillies sous sa peau fine. Ses joues sont tellement trempées que la lumière du réverbère capture le ruissellement de ses larmes. Elle respire bruyamment, son souffle entrecoupé par ses sanglots saccadés. Debout, les épaules affaissées et le sac contre ses pieds au même endroit que je le lui ais jeté, je comprends qu'elle n'a pas bougé d'un pouce depuis tout à l'heure. L'expression dans ses yeux me broient littéralement le cœur et j'ai envie de me tuer d'en être la cause. Sianna ne mérite pas ça. Putain, elle ne mérite pas de pleurer à chaudes de larmes et certainement pas à cause d'un type comme moi.

Claque cette putain de porte et tiens-t'en à tes décisions.

Je devrais savoir que depuis le temps, ma raison et mes désirs luttent constamment en moi. Qu'entre ma conscience et mes sentiments pour elle, la guerre fait rage avec pour front mon cœur, qui se retrouve au milieu ce duel incessant. Mais cette fille... putain cette nana c'est celle qui retient mon palpitant en otage. Tel mon bourreau, elle me tire en pleine poitrine rien qu'avec son regard brisé. Hagard, j'approche d'elle et abat ma bouche sur ses lèvres maudites. J'ai une boule au fond de la gorge qui me scalpe les parois tant j'ai mal de l'embrasser. J'attrape son visage en coupe, des mèches de ses cheveux se collant à ses joues humides.

- Va-t'en Sianna, s'il te plait, va-t'en.

Je sais que je lui ordonne de partir mais mes mains la retiennent plus fort. Mes bras l'enserrent, son corps se fondant contre le mien. Elle se met sur la pointe des pieds et me rends mon baiser à bout de souffle. Je l'embarque à l'intérieur, ma respiration est aussi hachée que la sienne, nos corps cherchant à s'emboiter l'un dans l'autre.

- Apprends-moi à vivre sans toi putain, disparais de ma vie...

Mes doigts se perdent dans ses cheveux pour la maintenir plus fort contre moi. Je voudrais qu'elle écoute ma raison qui parle pour moi et qu'elle ignore mon cœur qui dicte mes mains. Comment est-ce possible d'être celui qui la blesse le plus et en même temps, celui qui voudrait la dissoudre pour qu'elle ne fasse plus qu'un avec moi ?