Destin tome 2

Chapitre XXIII

            J'ai finalement repris le cours de ma vie, même si mon esprit n'est focalisé que sur lui.

La rentrée pointait le bout de son nez et il m'a fallu retourner chez moi à contrecœur. Néanmoins, je retourne régulièrement chez Logan, juste pour prendre une bouffée d'air frais revigorante et avoir l'impression de l'avoir près de moi. C'est réconfortant d'être là, même si c'est tout aussi douloureux d'y être seule.

Les résultats des partiels sont tombés : je les ai réussis haut la main. Je suis fière de moi et cette seule et unique bonne nouvelle égaye mon quotidien devenu si morose. Cela fait un mois que Kaycee et moi revivons en colocation. Si au début elle était toujours aussi froide, elle a fini par s'ouvrir un peu plus à moi. Cependant je ne m'impose pas et lui laisse le choix de me proposer ma présence ou non.

Je n'ai pas revue Lucas depuis notre dernière conversation mais je pense que tout a été dit. Lui et moi ne deviendrons probablement jamais des amis, seulement des connaissances, tout au plus. Même si cela m'attriste beaucoup, je dois m'efforcer d'accepter ses choix sans broncher.

Mes parents m'appellent régulièrement et chaque fois que mon téléphone sonne j'ai espoir d'entendre la voix de Logan dans le combiné. Et chaque fois, ça fait mal que ce ne soit pas le cas. J'ai si peur qu'il lui arrive quelque chose. Avec cette mission confidentielle, je suis dans le flou totale. Je ne sais pas où il est, ce qu'il fait ni quand je pourrais le revoir. J'ai un millier de questions et aucune réponse. Je suis condamnée à la pire souffrance au monde : attendre. Attendre un coup de fil, attendre un retour, attendre un... espoir.

J'essaie de me concentrer sur mes cours qui ont repris à un rythme soutenu et je suis également heureuse d'avoir repris le travail, même si je vois désormais Benny et Alejandro sous un tout autre angle. Toutefois, je n'y prête pas attention et m'améliore sur mon service.

Le mois de janvier est plutôt frais mais février est quasiment glacial. Avec ses bourrasques, San Francisco est plongée dans une vague de fraîcheur frappant toute la ville qui n'avait pas connu d'épisode hivernal si froid depuis 1975.

Voilà maintenant deux mois qu'il est parti et mon inquiétude ne cesse de croître.

*

Nous sommes début mars. Kaycee et moi nous aidons mutuellement sur un devoir en biosynthèse quand quelqu'un toque à la porte.

Je me redresse, mon verre de jus d'orange à la main et ouvre la porte.

- Stewart ? je demande étonnée.

Soudain, au vu de son expression lugubre, mes sourcils se froncent. Stewart retire son képi pour le passer sous son bras, un expression solennelle placardée sur le visage. Et là je comprends sans même qu'il n'ai besoin de dire quoi que ce soit qu'il ne s'agit pas seulement d'une simple visite de courtoisie. Mes mains s'engourdissent à tel point que je lâche mon verre qui s'éclate en mille morceaux sur le sol. Un bourdonnement désagréable s'infiltre dans mes oreilles. Mon cœur rate un battement, puis finit par s'accélérer, assourdissant l'environnement autour de moi.

BOOM. BOOM. BOOM.

Je tombe à genoux. J'essaie de dire quelque chose, mais rien ne sort.

BOOM. BOOM. BOOM.

Et sans que je ne puisse le contrôler, sans que je ne puisse le retenir, je hurle tout ce que mes poumons me permettent d'extérioriser. Je hurle. Je crie. Je rugie de désespoir. Mes poumons me calcinent le thorax et ma gorge me brûle tant ma propre voix est stridente.