Chapitre XXII

38 1 0
                                    


            Je tâte la place à côté de moi mais elle est froide et vide. J'ouvre péniblement les yeux et cligne à toute vitesse pour m'habituer à la lumière aveuglante qui éclaire la chambre. Mes mains se portent d'emblée vers ma gorge qui me brûle. J'essaie d'avaler mais j'ai l'impression que mes trachées sont comprimées.

Je tire les draps et me relève mais quand je déverrouille la porte de la chambre, le salon apparait vide. Je vérifie toutes les chambres, les salles de bains, la salle de musculation mais aucune présence de Logan en vue. Je soupire et m'empare de mon téléphone : aucun message non plus. Rien. Je compose son numéro en espérant qu'il décroche dans la foulée mais je tombe directement sur sa messagerie. L'angoisse commence à monter. J'espère qu'il n'a pas fait de bêtise...

« Où es-tu ? Ton absence me pèse. Il faut qu'on parle. Je t'aime. »

Je jette mon téléphone en espérant que ce message saura l'apaiser et décide de prendre une douche rapide quand je remarque des longues traces le long de ma gorge : la marque des doigts de Logan. Je frotte dessus mais la douleur est encore vive et je ne doute pas qu'elle vire au bleu cramoisi dans quelques heures à peine. J'ai bien cru perdre ma vie hier soir. Logan s'est littéralement rué sur moi, le visage complètement fou, comme s'il était possédé par des démons qui le forçaient à m'étrangler. Sa puissance était telle que j'avais beau essayer de me débattre, ses doigts étaient comme encrés autour de mon cou. Je me rappelle la sensation insupportable de mes poumons qui ne se comprimaient plus et du souffle que j'essayais d'inhaler mais qui restait bloqué là où ses mains m'étranglaient. Le manque d'oxygène est devenu si important qu'en une fraction de seconde, tout mon sang m'est monté au cerveau.

Je secoue la tête pour oublier cet affreux souvenir. Avec les pétards qui éclataient dehors, je suis persuadée que Logan a dû confondre ses cauchemars et la réalité, une des conséquences de son stress post-traumatique sans doute. J'essaie de relativiser mais au fond de moi, j'ai peur. Peur parce qu'hier Logan a bien failli me quitter pour de bon et ça, pour une raison que j'ignore. Et si la peur de perdre la vie entre ses mains a pris le dessus cette nuit, elle n'est rien comparé à l'idée qu'il puisse se greffer dans la tête l'idée que son terrible geste puisse être déterminant pour notre relation. Parce que vivre sans lui reviendrait à me tuer de l'intérieur.

Il faut absolument qu'on parle. Il faut que je lui parle, que je lui explique que son geste ne signifie rien à mes yeux si ce n'est les conséquences d'un homme traumatisé. Je refuse que cette simple erreur créer un nouveau gouffre entre lui et moi. Je veux l'aider, lui prouver que rien de ce qu'il puisse me faire n'est insurmontable tant qu'il est à mes côtés. Le reste nous pourrons l'aviser. Logan ne pourra certainement jamais se remettre de tout ce qu'il a vécu là-bas mais je peux au moins l'aider à ne plus y penser. Je peux l'aider à se focaliser sur lui, sur moi, sur nous. Il faut qu'il voie le Dr Howard, qu'il extériorise tout ce mal-être. Il faut qu'il nous laisse le temps de pouvoir nous construire et qu'il accepte que je ne partirai jamais. Qu'il comprenne une bonne fois pour toute que lui et moi, c'est quelque chose de sérieux désormais.

Je décide de m'occuper pour passer le temps qui me parait horriblement long sans lui et m'affaire à ranger le massacre dans l'appartement. Il y a des débris de verres partout et ses meubles sont soit détruits, soit retournés. L'appartement est en chantier. Un vrai fiasco. Je mets tout mon cœur à l'ouvrage et il est déjà midi lorsque je termine mon grand ménage. Je fais les cent pas et déambule dans l'appartement quand quelqu'un sonne à la porte. Un espoir ridicule que cela puisse être Logan est vite entaché par l'idée qu'il a bien sûr sa propre clé et qu'il ne sonnerait pas. Je soupir, file dans ma chambre pour récupérer un foulard afin de couvrir ma gorge et ouvre le battant quand je me fige entièrement.

Destin tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant