Chapitre VII

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            J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps cette nuit-là. Sangloter silencieusement dans mon lit était pire que tout. J'aurais voulu hurler ma peine. J'aurais voulu que Kaycee me réconforte comme personne ne sait le faire. J'aurais voulu retrouver les bras rassurants de ma mère et m'y écrouler sans avoir à me cacher. J'aurais voulu que la douleur cesse et qu'elle me quitte à tout jamais. Pourtant j'étais là, à étouffer mes pleurs dans mes coussins, seule dans mon désespoir. On dit souvent que les larmes les plus amères sont celles qui ne coulent plus. Après des heures à m'être déversé, je crois que cette expression n'a jamais sonné aussi vrai.

« Tu aimes ce qui est compliqué Sianna. Tu aimes ce qui te fait souffrir. Tu aimes que les hommes te fassent mal. Que ce soit mon frère ou moi, la douleur te galvanise. Tu es dopé à la douleur parce que c'est la seule sensation qui te rend vraiment vivante et moi, je ne cesse de souffler sur les braises pour les raviver. Et tu as beau me voir agir sciemment et sans scrupule, tu ne fais rien pour m'en empêcher. Car plus je te blesse, plus tu t'accroches. Voilà pourquoi tu m'aimes, moi. »

Est-ce vrai ? Inconsciemment, suis-je seulement faible face à Logan car au fond, j'aime ce qui me fait souffrir ? Est-ce que cela a-t-il vraiment un sens en vérité ? Je ne cesse de me triturer le cerveau par ces pensées lugubres.

J'ai n'ai pas revu Logan avant son départ et je m'en sens plus ou moins soulagée. Encore une fois, il a réussi à tout gâcher. Ma rentrée devait être l'événement le plus marquant de l'année. Je devais me réjouir de cet instant tant attendu mais comme à son habitude, Logan l'a transformé en une soupe fade et sans saveur. J'ai essayé tant bien que mal de profiter de ce premier jour, pourtant mon esprit n'a fait qu'être happé par ses mots meurtriers :

« Cette fois, c'est à toi de remplir ta part du contrat. »

Chaque fois que j'imagine qu'il ne peut pas faire pire, Logan trouve toujours le moyen de m'enfoncer un peu plus dans les méandres de la détresse. Me connaissant mieux que quiconque, il sait exactement quoi dire pour finir de me blesser. Chaque flot de paroles prolifère en moi comme une mauvaise racine et j'ai l'impression qu'aucun antidote de parviendra à endiguer cette ronce pourrie qui contamine peu à peu tout le reste. Quant à moi, j'essaie tant bien que mal de placarder ce sourire pour panser les fissures qu'il créer constamment sur ma carapace mais je peine à tenir bon.

Trois mois. C'est à la fois une éternité et trop court en même temps. Je viens à peine de mettre les pieds dans cette ville de l'enfer et je regrette déjà de l'avoir fait. Je me maudis de le haïr et de ressentir ce manque en même temps. Je le déteste de me forcer à me soumettre à sa volonté juste pour me torturer à sa guise. Je le hais d'avoir autant d'emprise sur moi. Mais quand bien même cet homme peut me détruire, il faut que j'apprenne à mieux déguiser mes sentiments si je veux survivre. Il faut que je parvienne à prendre suffisamment sur moi pour m'habituer peu à peu à ce destin qui se dessine inexorablement sur ma route et que je devrais accepter : Lucas.

Comment l'alpaguer de nouveau sans que cela ne paraisse prémédité ? Combien de temps lui faudra-t-il pour tomber amoureux de moi ?

On ne peut pas dire qu'il ait vraiment eu un coup de foudre pour moi au départ. Par conséquent, je sais que la seule chance que j'ai de pouvoir jouer sur cette corde fragile qui nous lie c'est de la tirer lentement vers moi sans rompre le lien. Brusquement, j'ai la sensation de retourner à la case départ : moi cherchant à séduire Lucas, poussée par la cruauté de son frère. Un cercle vicieux qui me fait tourner la tête.

- Sianna, tu ne prends pas de notes ?

Kaycee me sort de ma torpeur tandis que nous entamons notre premier cours d'anatomie.

Destin tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant