Destin tome 2

Chapitre XII

            J'ignore quel aspect je dois avoir en sortant de ce maudis local à ménage mais je suis sûr que je ne dois pas avoir bonne mine. Je fais un rapide détour par les toilettes des femmes avant de gagner la grande salle. Dans le miroir, je peine à masquer l'expression chamboulée placardée sur mon visage. Ce salaud a encore osé lever la main sur moi ce qui me met dans une rage folle. Pourtant, bien que la colère soit vive, la douleur de son indifférence est encore pire. Je savais que cette chose entre Logan et moi devait s'arrêter et très sincèrement, je pensais vraiment y avoir été préparée. Bien que ce soit moi qui l'ai poussé à baisser les bras, je ne peux ignorer la douleur de le voir finalement accepter d'être heureux avec une autre. Pourtant, je n'ai pas réellement le choix.

Je souffle un bon coup et remonte le couloir jusqu'à la salle. J'ignore combien de temps je me suis absenté mais je remarque que la musique a augmenté un peu, résonnant dans l'espace vaste de la salle de réception. Plusieurs militaires invitent leurs compagnes à danser vers le fond où une piste de danse dédiée accueille les quelques volontaires pour entamer les premiers pas. J'ai un pincement au cœur pour les quelques invalides en fauteuils roulants qui toisent la piste de danse avec envie. Je m'installe à ma notre table qui est totalement vide. Mais où sont les autres ?

- Accepteriez-vous de danser avec moi, belle Sianna ? demande Stewart qui me surprend par derrière.

- Bien sûr, je réponds.

Un peu gauche, je me relève de ma chaise qui crisse contre le sol marbré dans un bruit strident. Pour la douceur et la grâce, on repassera.

Je dépose ma main dans celle de Stewart, épaisse et rugueuse tandis que je sens sa paume se poser délicatement sur ma hanche presque nue. Etrangement, son contacte ne me paraît en rien perverse. Il me rappelle plutôt ces quelques fois pendant Noël quand papa me proposait une petite valse improvisée dans notre salon, vêtus de nos gros pulls aux motifs de rennes ridiculement niais que maman nous offrait chaque année. Stewart me fait rire. Je n'ai même pas l'impression de danser avec l'un des gradés les plus haut de sa fonction tant cet homme est simple et jovial.

- Votre femme pourrait être jalouse, j'avertis d'une voix amusée.

- Effectivement, ce serait probablement le cas si elle était encore de ce monde.

Je manque de glisser sur le sol tant je ne m'attendais pas à cette déclaration.

- Je... je suis désolée Stewart.

- Oh, il n'y a pas de quoi. Ma femme a rejoint mon vieil ami, là-haut où la souffrance de ce bas monde n'est plus.

- Votre vieil ami ? j'interroge, intriguée.

- Oui. Chris, le père de votre petit ami.

- Vous connaissiez Mr Cole ?

- Bien sûr, répond-il en maintenant la cadence. Lui et moi avons commencé ensemble notre carrière militaire avant que... la vie ne l'emporte tragiquement.

Je suis tellement étonnée que je crois que mes sourcils touchent presque mon front.

- C'était un homme bon, bien qu'il ait fait quelques erreurs de parcours, comme tout le monde, dit-il d'un air de regret.

- Que voulez-vous dire ?

Il se racle légèrement la gorge.

- Vous n'êtes pas sans savoir que le frère de Lucas n'est autre que le fils illégitime de Chris.