Chapitre II - Logan

70 2 2
                                    


Je tourne en rond dans chambre comme un lion en cage. Je regarde encore ma montre : il est tout juste dix heures. Encore une heure à tuer avant que je ne décampe de chez moi pour me rendre à l'aéroport. Je n'ai même pas essayé de fermer l'œil de la nuit. Déjà que d'ordinaire je ne trouve pas le sommeil mais depuis qu'elle n'est plus là, c'est encore pire. Chaque fois que j'essaie de reposer mon esprit quelques secondes, des centaines d'images d'elle me percutent en pleine gueule.

Sianna.

Juste son prénom sur ma langue me débecte au plus haut point. Cette putain de salope m'a complètement retourné le cerveau et maintenant je dois combattre tous mes instincts afin d'endiguer cette haine qui coule dans mes veines chaque fois que je repense à elle. En fait, il suffit que je ferme les yeux un instant pour que les courbes de son corps apparaissent dans mon esprit comme une putain de déesse mystique. Des flashs de cette nuit partagée dans les draps de ma couchette au camp d'été me reviennent comme un uppercut. Je me revois la mater, les jambes écartés, me branlant si fort pour soulager cette tension dans mon sexe que s'en était presque douloureux. Je me rappelle cette serviette avec laquelle elle m'a attiré comme un papillon près de la flamme, m'aguichant si timidement que s'en était sulfureux. Mon feu follet à la peau veloutée dont le grain de peau délicat glissait comme de la soie entre mes doigts. Je me revois lui faire prendre son premier orgasme avant que les autres ne suivent ensuite, les uns après les autres. Je me rappelle comme j'étais excité rien qu'en suçant ses seins rougis par les morsures que je lui ai apposées toute la nuit. J'ai même encore l'impression d'avoir cette odeur de fleur d'oranger à la con sur moi, un mois plus tard.

Quand je suis arrivé sur Boston, j'avais déjà l'esprit flingué. Ma nuit précédente avait été merdique dans l'avion. Lorsque j'ai vu Lucas faire son numéro à Kaycee qui était toute chose en le voyant, j'ai dû me retenir de toute mes forces pour ne pas dégoupiller. À cette époque, j'ignorais complètement que Kaycee n'était pas cette fille derrière l'écran. L'envie de lui dire tout de suite qu'elle se trompait de mec me brûlait les lèvres mais c'était impossible de sortir les mots qui sont restés dans ma gorge. Alors je suis resté à table, les yeux rivés sur mon portable, feignant de ne me pas m'intéresser à la conversation alors que je n'avais qu'une envie, d'écraser la tête de mon frère contre son assiette. À côté de ça, c'est à peine si j'avais remarqué Sianna.

La première fois que je l'ai revu, j'ai eu l'impression de voir une sorte de mélange entre une biche égarée avec ses jambes de baguettes et un mini panda très maladroit, le tout enrobé de fringues qui devaient dater de Mathusalem. Elle avait nettement minci depuis qu'on était gamin mais cet air de rêveuse un peu gauche ne l'a jamais quitté. La pauvre a dû subir les foudres de ma mauvaise humeur dès mon arrivé. Je ne sais même pas comment elle a pu accepter ma proposition. Avec mon attitude de connard que j'évitais volontairement de cacher, n'importe qui aurait fui. Mais pas elle. C'est là que j'ai compris combien cette fille pouvait être déterminée à avoir ce qu'elle voulait et il fallait bien admettre que cette obstination forçait le respect. Ce qui convenait parfaitement à mes petites idées tordues.

Si au début j'ai trouvé ses réactions de petite victime apeurée plutôt divertissantes, très vite sa maladresse s'est dressée entre Kaycee et moi ce qui a eu le résultat de me faire sortir de mes gongs. Je sais que quand je vois quelque chose qui me tient à cœur partir en vrille, j'ai tendance à perdre mon sang-froid. Je suis comme ça, je n'arrive pas à canaliser mes émotions. Le Dr Howard le sait parfaitement. Bon, pour le coup, je regrette d'avoir levé la main sur elle. Quand j'ai vu ses yeux sortir de leurs orbites, j'ai compris que j'étais peut-être allé un peu trop loin. Ma réaction a vraiment été disproportionné mais au moins, ça a eu le mérite de la rendre plus attentive aux conneries qu'elle pouvait débiter. Après ça, elle n'a plus jamais fauté.

Destin tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant