Sunset Lover - 2

Sixième

Je m'ennuyais à mourir. Jacob et Paul étaient devenus les meilleurs amis du monde, là où Jacob allait, Paul suivait et vice versa. J'avais franchement l'impression de tenir la chandelle entre les deux. Je m'étais bien évidemment baignée, mais seule. Ah non ! Jacob avait bien accepté d'entrer dans l'eau avec moi, tout en continuant sa discussion avec Paul, qui était resté au bord. J'avais dû bronzer certes, mais Paul m'avait littéralement piqué mon copain.

Il était dans les environs de dix-sept heures et la piscine fermait. Sur le chemin, j'étais derrière les deux tourtereaux qui parlaient d'un tas de sujets qui ne m'intéressaient en aucun cas. Nous arrivâmes à la villa, Manon n'était plus sur la terrasse, elle devait être montée se dit Paul. Nous nous assîmes sur le canapé en cuir du salon et je me servis un verre d'eau. Je n'écoutais pas vraiment de quoi les deux hommes ayant partagé une partie de ma vie, discutaient, avant que quelqu'un n'évoque l'été d'il y a six ans.

- On s'est rencontré il y a six ans, dans le sud de la France, à un espèce de pique-nique entre mon père et son ami, si je me souviens bien, dit Jacob les mains derrière la tête.

Je priais intérieurement pour qu'ils ne m'incluent pas dans la conversation. Paul hochait hypocritement la tête, il le savait très bien.

- Et puis, je lui ai donné mon numéro à l'anniversaire d'un mec, je sais plus son nom. Tu te souviens, Manon ? me demanda-t-il en se tournant vers moi.

Je sursautai légèrement, prise de court. J'hochai négativement la tête et il haussa les épaules. Puis il se releva brusquement. Il avait compris.

- Mais...c'est toi. Paul, le fils de Jules Brassin. Évidemment, le meilleur ami de mon père, dit Jacob en pointant Paul du doigt.

Paul sourit et se gratta l'arrière du crâne. J'espérais juste que Jacob ne soit pas au courant que Paul et moi sommes exes.

- Surprise ? dit Paul.

Jacob était stupéfait, mais dans le bon sens du terme.

- Ah ça pour une surprise. C'est fou, tu trouve pas ? me dit-il.

Non. J'acquiesçai, tout de même.

- Mais, vous vous étiez reconnus ?

Paul et moi nous regardâmes. Je ne savais pas s'il fallait mentir ou simplement tout raconter, maintenant.

- Euh, sa tête me disait vaguement quelque chose, mais bon, aujourd'hui toutes les femmes se ressemblent, dit Paul précipitamment.

Je levai les yeux au ciel et Jacob n'eut pas le temps de répondre, Manon descendait des escaliers.

- Vous êtes tous ici ?

Non, non, on n'est pas là. J'étais devenue irritable au cas où vous ne l'auriez pas remarqué.

- On faisait juste un peu connaissance et il s'avère qu'on s'est tous connus pendant la semaine de mes dix-sept ans, c'est dingue ! s'écria Paul dans le but de pousser à bout.

- Étonnant, remarqua Manon, indifférente.

Je ne savais pas à quoi jouait Paul, mais il m'énervait plus qu'autre chose. Je décidai de m'éclipser à l'étage et de me rafraîchir avant d'aller dîner avec Anaïs, qui avait pu se libérer un créneau pour passer un peu de temps avec nous.

Je levai la tête de l'évier et vis Paul dans le miroir, derrière moi. Je sursautai en émettant un léger cri, avant de me retourner.

- Qu-est-ce que tu fais là ?! On pourrait nous voir, lui dis-je en fermant la porte.

Il s'assit sur le rebord de la baignoire et posa ses coudes sur ses genoux.

- On ne fait rien de mal, se défendit-il en fixant le sol.