Premier

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J'étais assise dans un bar avec Elsa, elle tentait de canaliser Anna, à la vitesse à laquelle elle buvait son soda, son cerveau serait gélifié. Anna ressemblait énormément à Théo. Elle était blonde platine, avait des yeux bleus tout innocents et arrondis et d'adorables lèvres roses. Lorsque sa mère lui enleva la paille de sa bouche, pour la poser brusquement sur la table, Anna croisa les bras et fixa le sol.

- C'est ça, boude dans ton coin, dit Elsa en se tournant vers moi.

Je les observais, amusée de la situation. Anna était une vraie pile électrique mais si attachante. Je sirotai toujours mon café en attendant qu'Elsa se remette à parler.

- Je te disais, Théo m'a offert cette magnifique bague, regarde, je la porte en ce moment même, me dit-elle en penchant fièrement sa main.

En effet, la bague qui ornait son annuaire droit portait un diamant en argent discret. J'écarquillai les yeux et elle rangea sa main.

- Waw, il n'a pas fait les choses à moitié. Mais, vous n'étiez pas censés être séparés ? lui demandai-je intriguée.

- Certes, mais il reste le père de ma fille et puis, un cadeau, ça ne se refuse pas, se défendit-elle en tirant la langue.

Je ris et pinçai doucement la joue d'Anna qui faisait la moue. Elle me rappelait moi, à son âge.

- Et toi, rien de prévu cet été avec Jacob ? me dit-elle avant de boire une gorgée de son café.

Je finis d'avaler mon thé et posai la tasse.

- Mh, si, je te l'ai pas dit ? On s'en va en Malaisie, dans l'hôtel de sa mère. Elle a emménagé des villas depuis le temps.

Elsa écarquilla les yeux, elle semblait surprise.

- Je n'avais pas la moindre idée qu'Anaïs avait fait construire des maisons, c'est fou. Elle le trouve où l'argent celle-là. 

J'haussai les épaules. Anaïs était une femme indépendante, elle avait construit son propre empire, à l'autre bout du monde, sans l'aide de personne. D'après Jacob, ses frères et sœurs et Christophe lui en avaient beaucoup voulu. Ils ne lui en voulaient pas de s'être séparée de Christophe, mais d'être partie si loin. La première fois qu'il m'avait dit ça, j'avais défendu Anaïs, parce que je la comprenais et on s'était disputé. Elle ne pouvait pas réaliser son projet en France, alors, elle est partie. Je l'admirais, tout quitter pour tout reconstruire, seule. C'est ce que j'appelle un acte de bravoure. Je ne l'avais rencontrée qu'une seule fois en six ans de relation et j'avais hâte de la revoir. Elle avait l'air de m'apprécier. 

Notre petit goûter s'acheva et je dû rentrer à la maison, Jacob devait déjà y être. Je poussai la porte blindée de ma maison d'enfance et vis Polly, notre chien, me sauter dessus. C'était un labrador, il était toujours là quand ça n'allait pas, mais aussi quand ça allait très bien. Je l'ai adopté juste après la mort de mes parents, pendant une croisière qui célébrait leurs vingt ans de mariage. Je me sentais seule, malgré le soutien incroyable que m'apportait Jacob. Polly m' a aidée à faire mon deuil, entre autres. 

Je posai mes clefs dans le petit bol sur le meuble d'entrée et retirai ma veste, afin de l'accrocher au porte manteau mural. Je retirai ces chaussures qui m'avaient usées les pieds toute la journée et me mis à la recherche de Jacob. Il n'était pas devant la télé, il devait sûrement être dans la cuisine. Bingo. Je le trouvai de dos, épluchant je-ne-sais-quel-légume. J'arrivai par derrière et lui cachai les yeux, à l'aide de mes doigts. J'avais bien dû me mettre sur la pointe des pieds pour les atteindre.

- Qui est-ce ? dis-je avec un air enfantin.

Il fit mine de réfléchir et posa son couteau.

- Un cambrioleur qui sent drôlement bon la vanille, dit-il en entrant dans mon jeu. 

Sunset Lover - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant