J'étais assise, sur le lit, observant Jacob faire sa valise. Il était rapide, précis dans ses gestes. Il m'ignorait pendant tout le long et moi, je l'observais.
- Tu es vraiment sûr de vouloir partir ?
Il s'arrêta brusquement et se tourna vers moi.
- Sérieux ?
Je ne dis rien et il passa une main dans ses cheveux. Il avait l'air de s'être calmé. Il vint s'asseoir à mes côtés. Nous avions tous les deux la tête baissée.
- Tu sais, Manon, je suis amoureux de toi. Moi, je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne, je serais prêt à tout pour te voir heureuse. Mais, si aujourd'hui, te rendre heureuse c'est de te laisser avec Paul, je te laisse. Ça fait mal, très mal même, mais je ne vois pas l'intérêt ni pour toi, ni pour moi, de rester ensemble. On en a passé des moments ensemble et j'espérais qu'on en ait encore pleins, mais, c'est comme ça, il y a des choses que l'on ne choisit pas, et aujourd'hui, tu ne m'as pas choisi.
Il se leva et ferma sa valise.
- Tu trouveras quelqu'un qui t'aime pour ce que tu es, quelqu'un qui te mérite réellement et qui ne te fera pas de mal, dis-je avant qu'il s'en aille.
Il me sourit tristement et poussa la porte.
- Je retourne chez mon père pendant un moment, je ne pense pas pouvoir rester seul. Porte toi bien.
Sur ces mots, il s'en alla. Je l'entendis claquer la porte d'entrée et je me précipitai à la fenêtre. Sa mère l'attendait devant la villa dans une petite voiture de golf. Jacob rangea son bagage à l'arrière et lorsqu'il monta à ses côtés, elle lui lança un regard plein de compassion. Cette famille était si précieuse, je m'en voulais de leur causer autant de mal.
Je redescendis et me retrouvai seule avec Paul et Manon. La maison était bien calme, je ne savais pas comment la suite du séjour allait se dérouler, je n'avais pas tellement la tête à m'amuser après tout le mal qu'a pu subir Jacob. Après tout, nous sommes toujours dans l'hôtel de sa mère. Je me verrais mal m'y balader dans les bras d'un autre homme.
- Vous avez pu vous parler calmement ? demanda Paul, toujours les yeux rivés sur ce fichu téléphone. Je me demandais bien ce qui le passionnait autant dans cet engin.
- Oui, je l'ai blessé, mais il accepte mon choix. On s'est séparé.
- C'est pas comme s'il pouvait refuser, c'est pas un tyran, non plus, ajouta Manon, sur la terrasse.
J'haussai les épaules, même si elle ne pouvait pas me voir. Je m'assis sur le canapé et me mis à réfléchir. Et si j'avais agi sur un coup de tête, que c'était juste l'ambiance "vacances" qui m'avait poussée à faire ce choix ? Allais-je le regretter de retour en France ? En parlant de France, je voulais y retourner, je n'avais plus envie de passer mes deux semaines de congé en Malaisie. Je ne pense pas y revenir avant belle lurette d'ailleurs.
Paul posa enfin son téléphone et se tourna vers moi. Il sentait le monoï, ça m'a rappelé l'époque où je pensais qu'en badigeonner sur tout mon corps allait me faire bronzer plus vite. Il s'humidifia les lèvres et me détailla. Je ne me sentais pourtant pas mal à l'aise, nous avions beaucoup changé, mais il y avait toujours cette petite flamme entre nous. Il vit que j'étais pensive, il me prit la main afin que je me concentre sur lui et ses beaux yeux verts. Je lui souris et il me le rendit.
- Je pense que t'as bien fait, arrête de penser à ce que tu aurais pu changer. Il va s'en remettre.
- Il a dit qu'il était amoureux de moi.
- Moi aussi, je le suis, mais depuis plus longtemps et je me porte assez bien.
Je levai les yeux au ciel, amusée. Il rit légèrement et l'on sonna à la porte. Je me doutais bien de qui ça pouvait être. Paul se leva et ouvrit la porte. Je ne voyais pas qui parlait, mais je pouvais reconnaître la voix d'Anaïs. Elle était énervée, surexcitée telle une pile électrique, elle m'en voulait, elle voulait ma mort.
- Où est-ce qu'elle est ?!
Paul sembla confus.
- Je vous demande pardon ?
- Laisse moi entrer !
Paul se poussa légèrement et je la vis. Nos regards se croisèrent et je pouvais être sûre qu'elle me haïssait à un point inimaginable. L'une des règles fondamentales que je venais d'apprendre, était de ne jamais heurter les sentiments d'un fils, au risque de s'attiser la malédiction de sa mère. Elle avait tout à fait le droit de s'énerver contre moi, j'avais lâchement menti et trompé son fils, dans son propre hôtel. J'étais l'unique coupable et je ne cherchais pas à être blâmée. Anaïs était dans son bon droit, je la laisserais même me gifler. Aussitôt pensé, aussitôt fait, sa petite main ornée de doigts fins s'était retrouvée sur ma joue, bientôt devenue rouge écarlate. Elle était devant moi, le regard sombre, les sourcils si froncés qu'une veine ressortait de son front. Le visage angélique que j'avais rencontré il y a deux jours de cela s'était transformé en vrai démon. J'avais réveillé ce petit démon. Je me touchai la joue et la frottai légèrement, comme si la douleur pouvait s'atténuer.
- Tu as osé, petite garce. Tu as eu le culot de te ramener jusqu'ici pour tromper mon fils avec le premier venu, tu n'as donc aucun principe ?!
- Non, ce n'est pas ça, laissez-moi vous expliquer, tentai-je.
- Non ! Mais, tu sais quoi, c'est ma faute, je n'aurais jamais dû accepter de vous faire cohabiter, j'ai jeté mon propre fils dans la gueule du loup. En fait, non, tu es le loup ! Si ce n'avait pas été maintenant, ça aurait été plus tard ! Tu l'aurais trompé, abandonné, alors qu'il t'a tout donné !
Elle se tourna vers Paul et Manon, qui était rentrée.
- Quant à vous, vous n'avez pas honte ?! Faire fuir mon enfant de son propre hôtel, vous êtes des monstres.
- Excusez-moi, Anaïs, mais il est parti tout seul, dit Manon, les mains sur les hanches.
- C'était une fuite ! Vous me répugnez, je ne vous veux plus ici, vous dégagez. Dans une heure, vous devez avoir quitté les lieux.
Elle tourna les talons et s'en alla, en claquant la porte. Nous nous regardâmes, pris de court. Nous n'avions pas de vol, nous ne savions pas s'il était possible de se faire rembourser, nous avions été pris de court, mais il y avait toujours une solution.
- On a plus qu'à aller faire nos bagages, conclut Manon.
Nous nous mîmes à ranger à une vitesse monstre tout le bazar de ces quatre derniers jours, par chance, il n'y en avait pas beaucoup. Paul avait assez de miles pour nous dénicher un vol de dernière minute, heureusement que les avions volaient assez fréquemment. Une heure plus tard, la villa était propre, comme si rien ne s'était passé. Nous sortîmes et passâmes devant l'accueil Je déposai le trousseau de clefs, un chouia nostalgique du peu de souvenirs que j'avais réussi à créer, ici. Un de ces grands van blancs qui nous avait accueillis quelques jours auparavant nous attendait devant, nous rangeâmes nos bagages encore trop lourds et nous étions déjà en route pour la France.
- Il va me manquer ce petit coin de paradis. Beaucoup de cris, mais, tout de même paradisiaque, songea Manon en regardant le paysage défiler.
Paul me prit la main et je lui souris, déçue. Ce n'était pas les vacances espérées, mais je sentais que j'allais en passer un tas de meilleures, dans les années à venir. Je posai ma tête sur son épaule et fermai les yeux, toujours bercée par cette odeur mielleuse.
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Sunset Lover - 2
RomanceDeux couples, des vacances à l'autre bout du monde et une flamme ravivée.