Huitième

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J'avais opté pour une robe blanche -évidemment- à bretelles fines. C'était léger, ça faisait ressortir mon teint doré, que demander de plus. Il s'avère que Jacob était sorti faire un tour du quartier, il était revenu à temps pour se changer. Ce soir, tout l'hôtel se prêtait au jeu. Toute notre villa sortit en même temps, la couleur de la paix était mise à l'honneur. Paul et Jacob étaient indirectement assortis, ils portaient tous deux une chemise assez près du corps, et un jean noir. Manon avait juste mis un tailleur blanc. Un tailleur ? En Malaisie, sous quarante degrés ? Elle abusait du professionnalisme.

Jacob et Manon parlaient de politique un peu plus devant, je marchais donc avec Paul, à l'arrière.

- Sympa ta robe, dit-il le regard droit.

- Je te retourne le compliment.

- J'ai pas de robe moi, tu vois mal, répondit-il dans un sourire.

Je le poussai avec mon épaule.

- T'es bête.

- C'est pour ça que tu m'aime.

Je ralentis légèrement et il s'arrêta carrément. J'observai Jacob et Manon s'éloigner sans se soucier de si on les suivit et je pris Paul par la main. Il fallait mettre les choses au clair entre nous. Il fut surpris et je l'entraînai vers un coin isolé de l'hôtel. À vrai dire. je ne savais pas où est-ce que nous étions, c'était littéralement notre deuxième soirée ici. Je pense que nous étions derrière la scène, d'ici, nous entendions les rires et les acclamations du public. La musique battait son plein, impossible de nous entendre ou de nous voir. Nous n'allions que parler dans tous les cas, il n'y avait rien à cacher.

Je lâchai la main de Paul, -je ne sais pas pourquoi j'ai ressenti le besoin de la prendre d'ailleurs- et il se mit devant moi, déséquilibré. Seuls les projecteurs violets, rouges ou bleus nous éclairaient mais, c'était suffisant. Il avait chaud -moi aussi- et ses cheveux blonds n'étaient plus aussi ordonnés qu'il y a une dizaine de minutes. Il avait attrapé un coup de soleil qui traversait ses pommettes en passant par son nez et ses yeux verts ressortaient encore plus. Il fallait le dire, il était vraiment beau. Je repris mes esprits et je vis qu'il me reluquait, enfin, il m'admirait. Gênée, j'agitai ma main devant lui pour lui donner une claque mentale. Il sourit.

- Bon, écoute. Ce qui s'est passé entre nous, c'était il y a six ans. On était jeunes, c'était un amour de vacances, il faut se l'avouer, la preuve, ça n'a duré que quelques mois, commençai-je.

- Ça n'a duré que quelques mois, mais tu connais très bien la raison, et ce n'était pas une question d'amour. 

Il me fixa dans les yeux et je ne sais pas, je revis cette lueur que je voyais en lui auparavant. J'avais bien peur que je projette la même. Il avait raison, on ne s'était pas séparé à cause d'un manque d'amour, ou d'affection, mais par contrainte. Nous nous étions vite remis avec un autre partenaire, afin d'essayer d'oublier. C'était impossible à oublier. 

- Certes. Mais qu'est-ce que t'y peux ? Rien. Alors, il faut arrêter tes ambiguïtés, on est venus en couple, on passe nos vacances en couple, et on repartira en couple. Compris ? dis-je en le pointant du doigt.

Il passa une main dans ses cheveux en riant. J'essayai de garder mon sérieux, mais son rire était contagieux. J'esquissai un sourire et sans m'y attendre, il baissa rapidement mon doigt avant de faire un pas et de m'embrasser. J'étais comme figée, je ne pouvais pas le repousser, parce que je n'en n'avais pas envie. Ma cage thoracique vibrait des battements puissants de mon cœur. La sensation de ses lèvres sur les miennes, je n'avais plus ressenti ce que je ressentais depuis, très longtemps. Il sentait toujours la vanille, ça, je ne l'avais jamais oublié.

Je repris le contrôle de mon corps, et le repoussai. C'était inutile de le repousser, j'avais répondu à son baiser, il savait maintenant. Il s'humidifia la lèvre inférieure et je détournai le regard, de peur de me jeter sur lui. Il souriait, je contenais le mien, car je m'en voulais, mais ça m'avait fait plaisir. 

- Compris, ajouta-t-il en se dirigeant vers le restaurant.


Sunset Lover - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant