Dixième

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La soirée s'était achevée sur une note cynique de la part de notre chère Manon. Son toast avait été cynique pour moi, Jacob et Paul n'y avaient vu que du feu. Je me sentais mal à l'aise, sachant que Manon avait connaissance de ce qui se passait entre Paul et moi, ou du moins de ce qui s'était passé, je craignais qu'elle aille tout dévoiler à Jacob, sur un coup de tête, je ne me le pardonnerais jamais.

Nous étions tous dans notre chambre, j'étais allongée, aux côtés de Jacob, qui s'était déjà endormi. Je me tournai vers lui et l'observai, je le détaillai. Il avait un visage doux, sincère, des traits fins, il était serein, il n'avait aucun vice, rien à se reprocher, on aurait dit un ange. Je ne pouvais pas m'imaginer lui faire de mal, il ne le méritait pas. Je ne le méritais pas. Il méritait tout le bonheur du monde, une femme fidèle, et beaucoup d'amour. Je me mis à pleurer, je m'en voulais, j'étais énervée contre moi-même. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que je gâche toujours tout, même quand tout allait bien ? Je reniflai et lui embrassai la joue. Je me retournai et m'endormis, la tête pleine de tracas.

[...]

Je me fis réveiller par des cris, provenant d'en bas. Je descendis et aperçus Jacob, Manon et Paul dans la piscine. Ils avaient déniché des pistolets à eau et s'amusaient comme des enfants. Je jetai un coup d'œil à l'horloge suspendue en haut de la télé, celle-ci affichait dix heures quinze. Ils avaient été matinaux aujourd'hui. Je me servis un verre d'eau et m'assis face à la baie vitrée, ils ne m'avaient pas encore vu. 

Je n'étais pas très à l'aise avec mon corps, c'est pour cela que je ne m'exposais pas souvent. Tout le monde -enfin Jacob et Elsa- ne cessaient de me répéter que j'avais un corps de rêve et que je ne devais pas en avoir honte, je n'arrivais pas à les croire. Manon avait beau être petite, son corps ne montrait aucune imperfection. Elle avait surtout cette incroyable confiance en elle qui l'embellissait, jusqu'à paraître hautaine, prétentieuse ou arrogante. Encore une fois, comment Paul faisait-il pour ne pas se rendre compte de la supercherie qui se cachait derrière elle ? 

Au bout d'un certain moment, Jacob sortit de l'eau, secouant ses cheveux mouillés et prenant une serviette pour se sécher le visage. Il me vit, assise, à l'intérieur et me sourit. Il entra et tenta de m'embrasser, je mis ma main sur son torse, afin d'installer une certaine distance entre nous. Il s'offusqua et me prit la main. J'eus la sensation de déjà-vu. Un déjà-vu d'hier soir, lorsque Paul me prit la main pour m'embrasser. Ce fut alors à mon tour de m'offusquer, je me levai et il m'observa, surpris. 

- C'est le fait que je sois mouillé qui te perturbe autant ? Je peux me rhabiller, si tu veux, dit-il, confus.

- Non, je me sens pas très bien, je vais monter prendre ma douche, bégayai-je.

- Tu ne veux pas prendre de petit-déjeuner, avant ?

- Non, merci, c'est gentil.

Je montai en vitesse et m'enfermai dans la salle de bain. Sans surprise, je me remis à pleurer. Pourquoi est-ce que je pleurais autant ?! Était-ce parce que j'étais rongée par le remord et la culpabilité ? En soit, je n'avais rien fait de mal, c'était Paul qui m'avait embrassée et je n'avais fait que répondre à son baiser. Je l'avais bien sûr emmené dans cet espèce de buisson, mais sans mauvaises intentions, justement pour mettre les choses au clair. Je ne lui avais pas reparlé d'ailleurs. Je me sentais mal de mentir à Jacob, il m'aimait, moi aussi, mais pas à la même intensité, c'était certain. C'était sûrement pour cela que j'étais rongée de l'intérieur. 

Je me levai et séchai mes larmes. Je devais probablement cesser de me mettre à pleurer à chaque fois que je pense à Paul, c'est faible d'esprit, surtout qu'il était là. Je me débarbouillai avant de prendre une longue douche, bien chaude, afin de m'apaiser l'esprit. J'en ressortis fraîche et propre. Lorsque j'arrivai dans la chambre, je vis Manon, assise sur le lit. Je sursautai et resserrai mon peignoir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lui demandai-je, interdite.

Elle fit mine de jeter un coup d'œil autour de la chambre et fixa son regard sur moi.

- Je t'ai vue courir dès que Jacob a voulu t'embrasser, tu vas bien ? demanda-t-elle hypocritement.

- Pourquoi ma vie t'intéresse tant ? Tu ne peux pas juste, me laisser tranquille, t'amuser avec Paul ?! 

Elle sourit légèrement et je remarquai le ton que je venais de prendre. J'agissais comme si j'étais blessée, blessée qu'il soit venu ici avec elle, et pas moi, et elle l'avait remarqué, c'est pour cela qu'elle souriait. J'eus sûrement l'air confuse, malgré le fait que je tentai de le cacher. Elle se leva et avant de sortir de la chambre, elle se retourna.

- Tu devrais songer à être honnête envers toi même, puis envers Jacob. 

Sur ces mots, elle quitta la pièce, laissant des larmes la remplacer.

Sunset Lover - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant