Sunset Lover - 2

Douzième

L'ambiance était palpable. Personne ne sortait de sa chambre, Jacob était sorti juste après. Cela faisait bien deux heures qu'il était sorti. Je ne me sentais pas plus heureuse, mais plus légère. J'avais enfin révélé toute mon histoire et ma vérité au sujet de Paul, de mon avortement, du baiser, j'avais tout dit. Il le prenait comme il le voulait, mais il ne pouvait pas me reprocher de ne pas avoir été honnête. Certes, je lui ai caché pendant six longues années, mais j'essayais de ne plus y penser, l'occasion ne se présentait pas non plus. Je ne l'avais jamais vu dans cet état, je pouvais ressentir la colère, la frustration, la déception et un tas d'autres d'émotions toutes aussi pathétiques et négatives. Je ne m'en voulais pas, j'avais arrêté du moins. Il fallait aller de l'avant, et je pense avoir fait un grand pas. J'avais terminé de pleurnicher, j'assumais. Jacob avait sûrement du avoir mal, mais rien ne vaut l'honnêteté et la franchise, quitte à heurter ce que nous aimons.

L'on frappa à la porte, j'autorisai la personne à entrer et vis Manon, le regard doux. Elle venait d'une bonne intention, elle ne voulait pas me casser ou me mépriser -pour une fois-.

- Je peux m'asseoir ?

J'acquiesçai et elle s'assit au bord du lit.

- Tu vas bien ?

Je me redressai et pris une forte inspiration.

- Je pense. Il fallait que ça sorte.

Elle hocha la tête.

- Qu'est-ce que tu comptes faire, alors ?

- Avec qui ? Enfin, Paul est fiancé à toi, donc c'est réglé.

Elle me sourit et me montra sa main gauche. Il n'y avait aucune bague.

- Nous ne sommes pas fiancés, Manon.

Je ne comprenais rien. Ils n'étaient pas fiancés ? Pourquoi avoir menti ? Étaient-ils réellement en couple alors ? S'il y avait bien quelque chose que je comprenais, c'était le fait que Manon ne soit pas si inquiète à l'idée que je sois amoureuse de Paul et qu'elle me pousse même dans ses bras.

- Je...je ne comprends rien.

- Paul et moi, ne nous aimons pas. Lorsqu'il t'a trompée avec moi, c'était pour ne pas avoir à choisir entre sa mère et toi. Il n'a jamais cessé de t'aimer. Mais, sa mère m'apprécie tellement, elle nous a toujours vus comme le couple parfait, elle pense que je suis la fille idéale pour son fils, mais moi, je ne pourrais jamais fonder une famille ou autre avec Paul, nous sommes trop différents. Cela fait donc six ans que nous prétendons être amoureux, à la fois pour sa mère, à la fois pour mes parents. En dehors, nous ne sommes qu'amis, et encore.

J'avais remarqué depuis le premier jour que rien n'avait de sens. Paul et Manon étaient beaucoup trop différents, ça ne pouvait pas marcher. Je ne les avais jamais vus s'embrasser, enfin, si une seule fois, mais c'était par courtoisie, c'était loin d'être le baiser que nous avions échangé la veille. Si je comprenais bien, Paul m'avait toujours aimée, comme je l'avais fait pour lui. J'avais juste tenté de trouver un alibi, nommé Jacob. Après tout, je ne pouvais pas nier les sentiments que j'avais envers Jacob. Je l'aimais, c'est sûr, mais affectueusement, pas amoureusement. Manon poursuivit.

- Nous étions au lycée ensemble, et même à l'époque nous restions ensemble afin de maintenir une certaine popularité.

J'eus comme un flash-back.

- Mais, Paul m'a toujours dit qu'il n'avait pas beaucoup d'amis, mis à part Thibaut.

- C'était vrai. Thibaut était son seul ami, le reste prétendait l'être. Paul n'a toujours estimé que Thibaut, c'est quelqu'un de très cher à ses yeux, c'est sûrement pour cela qu'il ne t'a parlé que de lui. Le lycée entier nous enviait, nous idolâtrait, nous jalousait. Nous étions beaux, intelligents, nos familles n'avaient pas forcément de souci financier. Tout le monde nous donnait une vie de rêve alors qu'une partie de l'iceberg se cache toujours.