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Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé alors qu'il se tenait dans le couloir, immobile.

Le temps était un concept étrange pour lui. Tout ce que Levi pouvait imaginer, c'était son expression peinée et le fait évident qu'il l'avait blessée. D'un côté comme de l'autre, il se lançait dans une bataille vicieuse avec lui-même, entre cet esprit et son coeur, le risque et les gains.

C'était sa malédiction : vouloir ce qu'il ne pouvait pas avoir.

Levi n'avait aucune excuse à présenter, aucun moyen de justifier ses actions. Ida était maintenant si loin de lui - il l'avait repoussée - et la ternir par ses transgressions serait un péché de plus.

Comment pouvait-il lui faire cela ? Ne l'avait-il pas assez mutilée ? Tout ce qu'il pouvait faire à chaque fois qu'il essayait d'interagir avec elle, c'était de la blesser encore plus. C'était de sa faute. Il avait laissé sa jalousie obscurcir son jugement à nouveau. Bien sûr, Ida aurait mal compris.

Merde. Il avait besoin de s'excuser, de lui expliquer.

Cette décision étant prise, il a finalement senti son corps bouger et il est parti à sa recherche.

Son coeur palpitait furieusement et la douleur lancinante dans sa poitrine s'intensifiait maintenant au point qu'il pouvait à peine respirer. C'est alors que cette angoisse est une maladie incurable. Le terrible désir ne s'est jamais éteint, même si Levi s'efforçait de l'étouffer.

Il atteignit la salle des archives et y entra lentement. Il fronça les sourcils lorsqu'il la vit assise sur le sol, adossée au mur alors qu'elle cachait son visage derrière ses genoux, l'étreignant fermement comme si c'était une forme de protection.

Il s'approcha d'elle avec inquiétude. Pendant un bref instant, Levi a réfléchi à son profil d'autodérision. Ida ne semblait pas le remarquer car elle n'a même pas fait un geste pour le reconnaître.

Cependant, il avait parlé trop tôt car au moment où il allait se séparer de ses lèvres pour parler, Ida a ouvert les siennes.

"Putain, je te l'avais dit, Fischer - ne me touche pas", ordonna-t-elle d'une voix si froide et si grave, que Levi fut déconcerté par la quantité de haine qui lui était injectée.

Fischer ?

Ses sourcils se plissèrent au son de ce nom, son visage se contorsionnant en un air renfrogné qui affichait son dégoût.

Son appréhension semblait avoir été reprise par Ida, car finalement, elle leva la tête pour rencontrer son visiteur. Ses yeux s'élargirent - un choc momentané - avant de se rétrécir à nouveau pour retrouver une vie normale. Cette petite réaction a suffi à Levi pour dire qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit là, ni même à ce qu'il la cherche.

Un silence étouffant les enveloppa alors que les deux soldats se regardaient fixement, sans bouger ni parler. Levi fut le premier à s'impatienter, incapable de supporter ses yeux rouges qui racontaient une récente crise de larmes.

Il a tendu la main devant elle, en gardant son expression bien gardée. "Lève-toi".

Au lieu de lui prendre la main comme il s'y attendait, Ida a lentement rassemblé sa dégaine apathique et s'est forcée à se lever.

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