5 | violet

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« La haine a été souvent la préface de l'amour. »


En début de soirée, je suis installée sur le canapé d'angle avec Rachel qui m'explique mon planning de la semaine. Pour la faire simple, je travaille tous les jours sauf les samedis et dimanches. Et comme les horaires de Rachel sont relativement flexibles, je devrai m'occuper de Rosie de dix heures trente jusqu'à dix-sept heures. Sans oublier d'aider de temps en temps aux tâches ménagères, comme passer l'aspirateur ou débarrasser le lave-vaisselle.

— Et tiens, c'est pour cette semaine, poursuit Rachel en me tendant de l'argent.

Je la remercie et prends les billets sans oser les compter devant elle. À vue d'oeil, je dirais qu'il y a cent livres. Alors que je les range dans la poche de mon sweat-shirt, Blake se met à dévaler l'escalier en faisant autant de bruit qu'un troupeau d'éléphants. Il a troqué son tee-shirt noir de tout à l'heure contre un blanc, ce qui fait ressortir ses multiples tatouages. Et comme il est transparent, je remarque qu'il en a aussi dans le dos.

Lorsqu'il se trouve au niveau de la porte d'entrée, Andrew lève les yeux de son journal. Je crois qu'il va bondir hors de son fauteuil pour l'empêcher de poser un pied dehors, mais il reste confortablement assis.

— Tu sors ? lui demande-t-il simplement, les sourcils froncés.

Après un gros soupir, Blake lâche la poignée de la porte et se tourne vers nous.

— À ton avis ?

Le sarcasme est clairement perceptible dans sa voix.

— Tu comptes rentrer tard ?

— Oui ! Je peux y aller maintenant, m'sieur l'agent ?

Ce garçon n'a décidément aucune patience. Deux questions et il est déjà sur la défensive.

— Pas tout de suite. Tu vas à Camden Town ?

Merde, c'est quoi cet interrogatoire... C'est nouveau ?

D'un geste agacé, il passe ses mains dans ses cheveux en pétard.

— Après ça, je ne t'embête plus.

— Ouais ! répond-il en laissant retomber ses bras le long de son corps. 

De là, Andrew esquisse un sourire satisfait en posant les yeux sur moi.

— Dans ce cas, tu emmènes Violet avec toi. J'aimerais que tu lui fasses visiter ce quartier, elle va l'adorer. Bonne soirée à vous deux, conclut-il en se replongeant dans la lecture de son journal, comme pour nous empêcher de répliquer.

Sans nous concerter, nous nous exclamons en choeur :

Quoi ?

Blake se sent dans l'obligation d'en rajouter une couche, tandis que je reste là, sonnée, complètement abasourdie par l'idée saugrenue d'Andrew.

— C'est mort ! Je suis ni sa nounou, ni son putain de guide touristique ! Si tu veux absolument qu'elle visite ce quartier, tu n'as qu'à t'y coller toi-même.

Pour une fois, je suis d'accord avec lui.

— De toute façon, je n'y tiens vraiment pas, complété-je. Je préfère rester ici pour me reposer... 

— Tu vois ! Elle n'a même pas envie de venir. Alors, inutile de la forcer.

Rachel lui lance un regard sévère avant de se rapprocher de moi pour murmurer :

— Tu as tout le temps pour te reposer ma belle, je te rappelle que tu commences le travail qu'à partir de dix heures trente. Puis, tu es aussi là pour profiter de la ville, non ? Ce serait dommage qu'en six mois, tu ne vois que l'aéroport et cette maison.

La Théorie des Contrastes - Violet & Blake 1 (ÉDITÉ AUX ÉDITIONS ADDICTIVES)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant