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Mercredi 17 juin :
16h44 :

Sérieusement, pourquoi c'est encore à moi d'aller chercher la bouteille de lait ? Je n'en bois même pas. Ça m'énerve vraiment de devoir y aller, mais ma mère a été claire : je n'ai pas le choix. Et pour ne rien arranger, je suis seul. Nam a refusé de m'accompagner, sous prétexte qu'il avait la flemme. Sympa.

Me voilà donc dans une supérette, pas très loin de chez moi. J'erre dans les allées à la recherche d'une bouteille de lait, l'esprit ailleurs. J'arrive enfin dans le rayon où sont regroupés le lait, l'eau et diverses boissons gazeuses. Je m'accroupis devant les étagères pour examiner les options, mais rapidement, le problème se pose : il y a trop de choix. Trop de marques, trop de variations. Certaines bouteilles affichent des ingrédients ajoutés, d'autres promettent des versions "light". Mais laquelle suis-je censé prendre ?

Après plusieurs minutes d'hésitation, je me résigne à en attraper une au hasard. Tant pis. Si ça ne leur convient pas, ils iront la chercher eux-mêmes. Je ne suis pas leur esclave.

Je me redresse, prêt à quitter ce magasin franchement moyen, mais un détail me fait brusquement m'arrêter. Devant moi, elle. Mon souffle se coupe. Je ne m'attendais pas à la croiser ici, et encore moins comme ça. Elle semble aussi surprise que moi, ses yeux grand ouverts traduisant un mélange d'étonnement et de confusion.

Quelle était la probabilité de tomber sur elle, dans ce supermarché, à cette heure, dans ce rayon précis ? On reste figés, nos regards croisés, une tension étrange flottant dans l'air. Après quelques secondes, elle laisse tomber les articles qu'elle tenait dans l'une de ses mains.

Sans réfléchir, je me précipite pour l'aider à les ramasser.

— Non, laisse, je vais le faire, dit-elle timidement en se baissant.

Je n'en tiens pas compte et continue à ramasser avec elle.

— Désolé de t'avoir effrayée comme ça, dis-je en tendant l'un de ses articles.

— Non... c'est juste que... je ne m'attendais pas à te voir ici, répond-elle doucement.

— Moi non plus.

Une fois que tout est ramassé, on se relève. Elle reprend ses affaires et je finis par lui demander, un peu hésitant :

— Sinon... tu vas bien ?

— Oui... ça va. Beaucoup mieux qu'avant, en tout cas.

Je suis soulagé de l'entendre.

— Et toi ? me demande-t-elle à son tour.

— Ça va mieux aussi.

La conversation est maladroite, presque embarrassante. J'aimerais trouver quelque chose de plus à dire, mais rien ne me vient.

— Tu ne m'avais pas prévenu que tu quittais le lycée, finis-je par lâcher.

Elle met un moment avant de répondre :

— Non, je sais. Je ne préférais pas. À cette époque, je t'aimais encore et te l'annoncer aurait été trop dur pour moi.

— Je comprends.

Je prends une inspiration avant de continuer :

— Tu es où, maintenant ?

— Au lycée de Gangnam.

— Oh, je vois. Tu t'y plais ?

— Oui, beaucoup. Les mentalités sont différentes là-bas, rien à voir avec mon ancien lycée. Je me sens enfin à ma place.

Ambiguity [ NAMGI ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant